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autres qui font connues : c’eft un drupe turbiné
ou pyriforme , plus gros que le poing , reffem-
blant à une belle poire qui n’auroit point d’ombilic
, verdâtre_j pourpre , ou quelquefois violet
dans fa maturité, & contenant fous une chair
cpaiffe, un gros noyau arrondi, applati en-deffus,
d u r , inégal , fe partageant en deux lobés , &
recouvert d’iine coque ou pellicule mince: La
chair de ce fruit eft verdâtre vers ■ l’écoree*’ ou
la peau coriacée qui la recouvre, & blanchâtre
vers le noyau : cette chair eft gràffe au toucher ,
d’uae conftftance butyreufe . & n’a prefque
jjoint d’odeur. Elle a , dit JVI.. Jaquin , une
faveur particulière, qui eft fort agréable, qui
tient un peu de celle de l’Artichaut & de l’A- j
Veline, mais qu’on ne peut néanmoins comparer
exa&ement avec celle d’aucun fruit de l’Europe.
jEn général, cependant, beaucoup de perfonnes
trouvent cette chair fade , prefqu’infipide, &
la mangenten 1 affaifonnant, foit avec du jus
dé citron 8c du fucre, pour lui donner un
goût a cid e, foit avec du poivre & du vinaigre.
Le noyau fe trouve dans le centre du fruit,.
fans y adhérer : il n’èft point hon à manger -, il
■eft rempli d’un fuç laiteux , mais qui rougit un
peu à l’a ir , & tache le linge d’une manière
prefqu’inefFaçable. '
Le Laurier avocat croît naturellement dans
l ’Amérique méridionale. M. Jacquin dit qu’il
y a long-temps que cet arbre a été apporté
du Continent de l’Amérique , dans les Ifles
voiftnes & adjacentes , où on le rencontre dans j
^es villages j lesvill.es , les jardins , & dansles !
autres lieux cultivés. On en a quelques pieds
iu Jardin du R o i, mais ils font encore fort
teiines. T? * C v* v* )• Ee Laurier a v ocat, dit Au-
b i e t , eft cultivé à Gavenne. En 1 7 5 0 , dans
im relâche que fit M. de l’Efquelin au Brefil,
prit des fruits de cet arbre , f qu’il porta à
i’Iflé de France, & qu’il remit à M. le Juge,
Confeiller. Ce curieux, qui avoit une 'co llec tion
d’arbres rares & utiles dans fon jardin,
en éleva un pied, qui porta des fruits en 1758. .
L ’on doit à cette culture tous les Lauriers
avocats, qui fe trouvent aujourd’hui à l’Ifle de
France.
r On fèrt journellement le fruit de cet arbre
fur les metlleuies tables. Les François le mangent
avec. le. bou illi, fans aromates, ni fel ,
ni poivre : on le coupe ordinairement en longueur
a vec fon éco rc e , autour du n©yau, en morceaux
que Ton offre à chacun des convives. Il
fait, non-feujement les délices des hommes, mais
ce qui lui eft peut-être particulier parmi les Végétaux,
c’eft qu’il n’y a point d’animaux qui ri’en
foîenc friands, & qui ne s’en nourriffent. Les
poules, les vaches, les chiens, les chats, l’aiment
également. M. Jacquin ajoute qu’il n’a
point trouvé en Amérique de fruit qu’il ait plus
recherché‘ que la Poire d9Avocat 9 quoiqu’il ne
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I lui ait pas plù la première & la fécondé fois;
ce qui eft allez ordinaire aux Etrangers qui
commencent à en goûter.
12. L a u r i e r rouge-, Laurus borbonia.L. Laurus
fo liis lancèolatis , parti culis lateralibus , calyce
fruBifero carnofo rubro. N.
«. Foliis planis lavïbïis v ix venojis fubtus
glaucis. Laurus ■ carolinienfis , fo liis acuminaüs ,
baccis c&ruleis pedicellis- Iphgis rubris infidenti-
bus. Catesb. Carol. i . p. 63. t. 63. & Hort.
p. 16. f. 18. Seligm, Avef. Ic. 16 . Laurus borbonia.
Mïll. Diét. n°. 5. Walt. Fl. Carol. p. 133;
nv. 1.
Q>. F oliis nervofis utrinque viridibus, particules
cytnofis. Borbonia fruclu oblongo nigro , calyce
coccineo. Plum. Gen. 4. & Burm. Amer. t. 60.
y. Eadem fo liis longioribus. A n Laurus folio
longiore , flore kexapetalo racemofo , fruBu hu-
midiore. Sloan. Jam. Hift. z . p. 21. t. 165.
Raj'. Suppl. Dendr. p. 86.
Nous préfentons i c i , comme variétés les unes
des autres j trois Lauriers, qui font peut-être
des efpèces conftamment diftin&es , mais que
nous ne pouvons, déterminer comme telles fut
le fec , parce qu’ils n’offrent dans les Herbiers
que des diftinâions de médiocre importance.
Néanmoins, à l’afpeâ:, le feuillage du Laurier
rouge de Caroline, femble allez différent de
ceux des Antilles. ( Far. 0. & y . } .
Le premier eft un arbre qui, dans l’intérieur
du pa y s, ne s’élève communément qu’à une
hauteur médiocre ; mais dans les environs de
la mer , on en voit d’une hauteur confîdérable,
& dont le tronc eft fort droit. Ses feuilles font
alternes, pétiolées, lancéolées, pointues, planes,
vertes & très-liffes en delfus, d’une couleurglau-
que en-deffous, avec des nervures peu Taillantes,&
prefque point veineufes entre leurs nervures t ces
feuilles font un peu plus grandes que celles du Laurier
commun; elles fbnt ordinairement glabres des
deux côtés , mais quelquefois elles varient à
furface inférieure un peu velue. Les fleurs viennent
fur des grappes paniculées, fituées dans les aif-
felles des feuilles: elles font dioïques , félon
Miller, & les mâles naiffent fur des grappes allongées
, tandis que les femelles forment des
panicules plus lâches , 8c font portées fur des
pédoncules rouges. Les fruits font des drupes bleus,
ovoïdes, enveloppés chacun inférieurement par
un calice charnu , rouge , ayant la forme d’une
cupule. Cet arbre croît naturellement dans la
Caroline; il eft cultivé au Jardin du Roi;
mais il n’y fleurit point; nous en poffédons des
rameaux rapportés de la Coroline par M. Frafer.
J ) . ( v. f ) Le bourgeon de cet arbre eft: f°rC
petit & pointu. Le bois de ce 'Laurier eft fore
eftimé ; il a le grain fin , & il eft d’un ufage
excellent pour les armoires. Catesby dit en avoir
yu quelques morceaux choifis, qui reffembl.oi.en«
t A Ü
à du fatîn ôhdé, 8c dont la beauté étoît âu-
deffus de celle d’aucun autre, bois qu’il ait jamais
vu.
Le fécond ( Var. fi. ) , c’eft-à- dire le Laurier
rouge des Antilles , forme, félon Plumier , un
grand arbre qui égale quelquefois en hauteur
Sc en étendue, nos noyers d’Europe. Son bois
eft blanchâtre , tendre; fon écorce eft glabre,
médiocrement épaiffe, d’un brun grisâtre ou
roufsâtre, & il s’en détache des lambeaux ou
lames minces. Les feuilles font alternes, lancéolées
, pétiolées, neryeufes particulièrement
en deffous, veineufes entre les nervures, vertes
des deux côtés , moins liffes que celles du Laurier
rouge de Caroline, & plus grandes que celles
du Laurier commun. Les bourgeons font très-
petits , fort aigus & blanchâtres. Les pédoncules
font axillaires , menues, ramifiées fuperieu-
rement, en grappe lâche fur les individus mâles,
& en cime ou panicule corymbiforme fur le3
individus femelles. Les fleurs font petites, blan-,
châtres, odorantes., nombreufes ; celles que j’ai
examinées ayoient certainement un calice à fix
découpures* ( 8c non un calice de trois folioles
courtes & trois pétales lancéolés , comme Linné
le dit ) oblongues , obtufes , & égales; fix étamines
attachées au ca lice, & trois étamines plus
intérieures , dont les filamens paroiffoient munis,
de deux glandes à leur bafe. Les fruits font
glandiformes , dit Plumier ; ce font des drupes
ovales , oblongs, auiïi grands ou un .peu plus
grands que des glands de Chêne , noirâtres dans
leur maturité, 8c enveloppés chacun inférieurement
par un calice charnu, rouge, ayant la
forme d’une cupule. Cette arbre croît à St. Do-
mingue , dans les : Antilles , 8c à Cayenne ,
dans les bois. f ) . ( v . f . )
Voyez Laurus martinicenfis. Jacq. Colleéi,
vol. 2. p. 109. t. 5. f. 2.
Le troihemeoyiLaurierrouge à feuilles longues,
eft en effet remarquable par fes feuilles qui ont
quelquefois prefqu’un pied de longueur. Elles
font liffes en deffus , nerveufes en deffous , &
pointues aux extrémités. Les fleurs font petites,
viènnent fur des grappes menues, rameufes &
axillaires. Leur calice eft à fix divifions ovales,
obtufes, concaves. Cet arbre croît à St.-Domin-
gue, d’où M. Jofeph Martin en a rapporté des
exemplaires pour l’herbier, f ) . ( v . f ) Selon le
Père Nicolfon (.Hift. de St. Dom. p. 253. ) le
bois de ce Laurier eft poreux, blanchâtre;fes fruits
font petits , ovales. Il croît au bord de la mer.
Ses racines ^ teignent en violet ; fen bois ne
convient qu’à faire desfl anches.
Obfervation. Il ne faut point donner au Laurus
Borbonia le nom françois de Laurier de B our-
bon comme Vont fait quelques Auteurs, ( M.
1 abbéRozîer, D iâ .d ’Agric. M. Lezermes, M. B11-
c oz&c.) parce que ce nom peut induire en erreur
ur le lieu natal de cette efpèce qui n’habite point
t A U
l’Ifle de Èourbon. Linné n’a employé le nom trivial
ou fpécifique Borbania que pour rappeller
le genre Borbonia de Plumier, genre qu’il dédia
à la mémoire de Gafton de Bourbon, Prince-
dufang de la Maifon régnante de Bourbon 5 mais
ce genre n’a. pu être confervé par les Botaniftês ; ^
& Linné a eu raifon de le réunir à celui des
Lauriers. Il a enfuite attribué le même nom générique
à un genre de Jégumineufes.
13. Laurier à fruit rond : Laurus globofa. Lau
rus foliis ovatis glabris , cymis pedunçulatis axilla-
ribus , drupa globofa. N.
Borbonia fructu globofo nigro , calyce e viridi
rubente. Plum. Gen. 4. Mff. vol. 6. t. 99. Laurus
globofa. Aubl. Guian. p. 364. Laurus folio bre-
viore , flore racemofo minore. Sloan. Jam. Hift.
2 . p. z i . 1 . 166. f. 1. Raj. Suppl. Dendr. p.' 86.
n<>. 24. Laurier à feuilles courtes. Niçois. St*;
Dom. p, 2.54.
Ce Laurier s’élève moins que les variétés 0.'
& y. de l’efpèce précédente. Ses feuilles font
plus courtes, à proportion plus larges, .& fes
fruits, font tout-à-fait globuleux, ce qui l ’en,
diftingue particulièrement. Le rameau que nous
poffédons de cette efpèce eft cylindrique, un
peu tuberculeux en. fa partie nue, & légèrement
velouté à fon fommet. Les feuilles font alternes ,
ovales, planes , glabres des deux côtés, vertes;
çn deffus, un peu glauques nerveufes & veineufes
en deffous , & portées fur des pétiole*
courts. Les Bourgeons font veloutés & pointus.
Les pédoncules font axillaires , grêles , nuds ,
longs de trois pouces, divifés à leur fommet en une
petite panicule prefqu’en cime, dont les ramifications
latérales font courtes, la plupart tri-
fides. Les fleurs font fort petites , blanchâtres,
à calice court & fexfide. Les fruits font de*
drupes globuleux ou fphériques , noirâtres dans
leur maturité, de la groffeur d’une petite Ce-
rife : ils ont à leur bafe un calice court , e«
cupule, & d’un vert rougeâtre, felon Plumier,
Cet arbre croît à la Jamaïque , dans l’ifle de
Saint-Domingue d’où M. Jofeph Martin en a
rapporté des rameaux , & nous en a communiqué
un exemplaire. 1) . ( v. ƒ..) Ses racines rendent;
auflï une couleur violette ,. feloty le Père Nico.1-,
fon.
14. L a u r i e r à petites feuilles ; Laurus parvis
folia. Laurus foliis lancèolatis glabris venofo-
reticulatis , racemis brevibus axillaribus. N.
Laurier à petites feuilles. Niçois. St. Dom. p„
254. n°. 3. An Laurus coriacea. Swartz. Prodr.
i gS v,..
Ce Laurier , dont feu M. de Badiernous a rapporté
des rameaux de la Guadeloupe, eft une
efpèce bien diftinguée du Laurier rouge & du
Laurier à fruits ronds -, 1°. en ce qu’ellè eft très-
aromatique j 2°, en çe que fes feuilles font cq-
L i n j ;