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Comme toutes les plantes que l’homme a cultivées
long - temps , dans diiiérens fols , dans
différeras climats, cclle-ci préfente un grand nombre
de variétés dans fa grandeur, dans fa durée,
dans le nombre, la groffeur & la couleur
de les femences' , dans la forme de fes épis , dans
le déplacement de fes fleurs, &c. En effet, on en
voit des variétés plus ou moins élevées ;, on en dif-
tingue une qui ne mûrit que dans l ’efpace de cinq
mois , & une autre à qui il faut à peine la moitié
de ce temps pour parcourir le.cercle de 1a végétation
•, il en exifte à grains purpurins plus ou
moins foncés, ou bleus, ou violets , ou noirâtres
, ou tout-à-fait'blancs, ou d’unjaune pâle;
il en eft à grains nuances de deux ou d’un plus
grand nombre de couleurs; il en eft dont les
grains font les uns d’une couleur, les autres d’une
couleur différente ; les femences font plus ou
moins groffes , plus ou moins nombreufes , on en
a compté jufqu’à fept cents fur un feul épi $ les
épis font quelquefois rameux, comme on le voit
dans la variété qu’a figurée Boccone ; enfin, il
n’eft .pas rare de voir des fleurs femelles mêlées
aux panicules de fleurs mâles, réciproquement
quelques fleurs mâles terminer l’épi des fleurs femelles..
Parmi ces .nombreufes variétés, les deux que
j ’ai cru devoir défigner fpécialement, favoir celle
fi. à femences tout-à-fait blanches , & celle y. qui
offre des femences purpurines plus ou moins foncées
, paroiffent être les plus communes, les plus
remarquables , celles dont fe rapprochent plus ou
moins la plupart des autres. La variété précoce mérite
particulièrement l’attention des cultivateurs,
foit parce qu’elle pourrait produire dans des ter-
reins où l ’elpèce commune ne parvient pas à maturité,
foit parce qu’on feroit avantageufement fuc-
çéder fa culture à certaines cultures hâtives, fait
encore parce qu’il feroit peut-être pofïible d’en
obtenir annuellement deux récoltes .dans nos dé-
partemens méridionaux , comme on dit que cela
a lieu dans quelques contrées de l’Amérique.
Quoique beaucoup d’Auteurs aient cru le Maïs
originaire des Indes orientales , .on .convient généralement
aujourd’hui qu’il n’eft pas indigène
de l’ancien monde, & même qu’on ne l’y pofsède
que depuis la découverte de l’Amérique fa véritable
patrie. Si l ’on confidère en effet qu’il n’eft dé-
figné dans aucun des ouvrages qui précédèrent la
fin du quinzième fiècle.; que les paffages, dont
on s’autorifoit dans les anciens pour le croire une
production de notre continent, étoient plus rai-
fonnablement applicables à .d’autres Graminées, &
particulièrement à Y H oIchs Sorghurnqu’en.fin ,
les Européens, qui pénétrèrent les premiers aux
Antilles, dans le Mexique., au Pérou., le trouvèrent
par - tout formant la bafe de la nourriture
chez les habitans de ces .contrées , on ne pourra
difeonvenir que ce ne foit immédiatement apjrès
.Ja découverte du nouvel hémifphère qu’il faille
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placer .l’époque où cette Graminée ifiterçffante fut
introduite, connue & cultivée dans les autres parties
du globe. Ainfi , les dénominations de Blé
cPEfpagrie , Blé,de Turquie , Blé de Guinée, BU
d’Inde , gros M i l l e r des I n d e s , loin de convenir
au Maïs , ne fervent qu’à propager l’erreur dé ceux
qui le,croyoient indigène de l ’un ou de l’autre d«
ces endroits.
Les Hiftotiens nous apprennent que c’étoit au
Chili qu’on trouvoit autrefois, dans les jardins
des Incas, les plus beaux .Maïs du mohdej que
c’étoit avec le fruit de cette plante que la main
des vierges choifies préparoit le pain desfacri-
fices , & que l’on compofoit une boiffon vineufe
pour les jours confacrés à l’allégreffe publique.
Ce grain précieux fer voit encore de monnoie dans
le commerce, & fa récolte étoit célébrée par des
fêtes folemnelles, tant dans les Ifles que dans Iç
continent du nouveau monde.
Le Maïs eft fans contredit., après le Riz & le
Froment, la plus utile des Graminées, comme
aufli la plus univerfellement cultivée. Une grande
partie des peuples d’A fie , d’Afrique & d’Amérique
en font leur nourriture. Sa culture eft également
étendue dans plufieurs contrées de l ’Eu*-
rope.; mais il y eft en général moins employé à la
nourriture des hommes qu’a celle des animaux.
Il eft devenu un obj.et important de commerce
dans plufieurs départemens de la France, C*eft
avec lui qu’on engraifie ces Chapons de Brefie, fi
recherchés par les amateurs de bonne chère. Les
pigeons de volière , qu’on en nourrit, ont un«
viande blanche, tendre, & leur graiffe eft ferme
& favoureufe. Gn prétend qu’il donne aux couchons
un.lard confiftant, que les fameux cochons
de Naples , qui pèfent jufqu’à cinq cents
livres, lui doivent leur .embonpoint & leur réputation,
. . ^
Le Maïs convient aux tempéramens robuftes ,
aux gens de la campagne L aux matelots , aux
perfonnes , ,en un mot, qui s’exercent .à de rudes
travaux. Sa farine eft très-blanche : il paroît, d’a-
ptès les expériences nombreufes , auxquelles l’a
fo.umife M, Parmentier, qu’elle n’eft fulceptible,
par elle-même & fans mélange d’autres farineux ,
que de fe convertir era un pain lourd , grolfier ,
indigefte; mais que foumife à la fermentation pa-
naire avec un mélange de farine ,de Froment, dans
la proportion de moitié, ou bien avec parties,
égales de farine de Froment & de pâte de Pommes
de terre , elle donne un pain affez agréable à
l’oeil & au g oû t, q u i, fans être léger , eft parfaitement
le vé, & beaucoup meilleur que celui dont
s’alimentent Ja plupart de nos pauvres Vignerons,
Les bornes de ce Dictionnaire ne permettant pas
-d’entrer ici dans le détail des procédés que M.
Parmentier mit.en ufage pour l’amélioration du
pain de Maïs , ceux qui defireront des renleigne-
mens plus étendus fur cet objet, les trouveront
dans le mémoire cité de cet Auteur : ils y verront
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encore une hiftoire plus circonftanciée de cette j
plante , de fes maladies , de tout ce qui eft relatif :
à fa culture , à ion analyfe , à fesufages oecono-
micjuesV '
Ce n’eft pas: feulement dans l ’état de pain & de
galette qu'on mange le Maïs : on le préparé encore
de dïvériè5 autres manières. On en fait communément
des- bouillies très - noutriffantes-, &
qiï-’or. rend plus ou moins agréables félon les divers
apprêts qu’on leur donne. Les Indiens en mangent
lesgrains en vert, comme lès;petits Pois , ou
grillés-, ou cuits dans Peau.-On a même trouvé
le moyen d’en compolèr un- mets délicat : on
cueille les fruits très-jeunes, lcrfqu’ils ne font
q-ue commencer à grofiir : on les fend en deux ,
& on les fait frire avec de la pâte comme les-Artichauts.
On les confit aufïi-à la manière des-Cor-
nichons. ‘
■ On l i t , dans François Hernandès, que le Maïs
eft pour ies Indiens un aliment fort tain qu’ ils digèrent'parfaitement
; qu’on l’emploie au Mexique
pour les maladie s - arguës , âuffl fréquemment que
l ’Orge eft ufité parmi nous, foit-dans les bouillons,
dans les tifanes-, &c.-, foit fous forme urt peu
plus coriüftante ; ce qui paroît contredire l’afFer-
tion de quelques Auteurs qui prétendent que l’u-
fage journalier de ce grain produit des obftruc-
tîohs , des maladies dé peau , Sic.
Le Maïs n’eft employé que très- rarement en
Europe à des ufages médicinaux. Néanmoins on
en peut fubftitüer la farine à'cèlle d'Orge. Bile
convient particulièrement dans lés cataplafmes
émolliens & fuppuratifs-, car, en bouchant-les
pores par fa vifeofité, elle eft très-propre à
amener à fuppuration les-tu meurs inflammatoires.
J. Raj dit que le fuc des feuilles vertes eft rafraî-
ehiffant, & s’applique utilement furleséryfipèles.
Les femences paffent , chez plufieurs Auteurs,
pour être légèrement apéritivès ’ diurétiques ,
propres à nettoyer les voies urinaires : elles
paffent même pour avoir beaucoup contribué à
garantir de la lithiafie les peuples de l’Amérique
avant Fétabliffement des Européens dans cette
partie du monde. Mais ces dernières propriétés^
paroiffent au moins fort douteufes.
La tige du Maïs a une faveur fucrée ï on' en
peut faire un fÿrop très-doux , qui a le véritable
goût du fucre. Les Américains favent former avec
les graines de Maïs, pilées & macérées dans de
l’eau , une liqueur vineufe qui enyvre, & dont on
peut extraire un efprit ardent.
Le produit ordinaire du Maïs eft de deux épis
par pied dans les bons terreins, & d’un feul dans
Ceux qui font médiocres. Le binage , qii on donne
au pied de la tige , fait qu’elle poufle avec vigueur.
Lorfque la pouflière fécondante a1 rempli
les fon&ions , qu’on voit les ftigmates & les ftyles
commencer à le flétrir, oh a coutume, dans quelques
endroits , de retrancher le fômmet de la
tige & les parties des feuilles qui le defsèchenc.
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Quelques perfonnes prétendent gu’ on dorme ainfi
plus de corps au 1e refte de la plante, & qu’on accélère
la maturité des femences en les mettant
avec les rayons du foleil dans un contaâ plus immédiat.
Mais il paroît, comme l’obferve M. Parmentier
, que les habitans de la campagne font en
cela guidés par des motifs différens , & que cette
opération n’a d’autre avantage que de procurer au
bétail, fans nuire fenfiblement à la plante, un
fourrage encore muqueux, fucré & flexible, qu’ il
aime beaucoup. Quant à la méthode d'effeuiller
la tige à mefure que la végétation s’opère , .méthode
que quelques-uns ont confeillce fous le
prétexte fpécisux d’augmenter la force de la plante
, M. Parmentier s’eft convaincu par fa propre
expérience qu’elle a des effets tout-à-fait contraires,
& qu’elle diminue coniidérablement le produit
de la récolte -, ce qui ne furprendra nullement
quiconque voudra apprécier l’utilité des feuilles
dans les végétaux.
Le Maïs , qui ne demande à être fètné qu’après
l’hyver, peut être quelquefois d’une grande refi-
fource. Toutes fortes de terres , pourvu qu’ elles
aient du fond & qu’elles foient bien travaillées
conviennent à la culture de cette Graminée. Elle
fe plaît mieux dans un fol léger & fablonneux que
dans une terre graffe & argilleufe, où néanmoins
elle vient affez. bien. Les plaines , fi tuées au bord
des rivières, les terres baffes qui ont été noyées
pendant l’hyvèr, & où le Froment ne fauroit
réufltr , y l'ont en- général très - propres. Enfin
quelqu’aride que foit le fo l, il produit toujours
à l ’aide de quelques engrais , d’amples récoltes,
fur-tout s’il furvientà temps des pluies douces &
dès chaleurs-fucceflïves.
( Par M.- Dksroüsseaux ).-
Mà LACHRE; Ma z a cu r a . Genre de plantes
à fleurs polypétalées, de la famille des
Malvacées, qui a de grands rapports avec les
Sida & les Malva, & qui comprend des herbes
exotiqués, à feuilles fimples, alternes, accompagnées
de ftipules, & à fleurs ramaffees
munies d’une collerette, difpofées ordinairement
aux aiffelles des feuilles.
Le caraôère effenciel de ce genre eft d’avoir
Une collerette univerfelle compofée de trois
;■ ou un plus grand nombre de folioles ,* un ca~
lice propre à cinq divifidns cinq p é ta le ? ; des
étamines nombreujes, menadtlphiques ; dix ftigmates
; 'cinq capfules monojpermes.-
G A R A C T E R E G É N É R I Q U E
Les fleurs font raffemblées plufieurs enfètn»-
b le en un paquet & entourées d'une collerette
univerfelle, compofée de trois folioles ou davantage,
plus grandes que le paquet de fleurs.
Chacune de ces fieurs offre 1 ° . Un calice inos-
nophylle, perfiftant,. petit, campanule, quin-
R r r r i j