
8». Lorfque les plantes font fuffifamment sèches,
qu’elles ont perdu leur mollefle, & même qu'elles
ont acquis une certaine roideur qui permet de
les tenir à la main, fans que lapefantcur faite
trop incliner ou pendre leurs parties, alors on met
chaque plante entre les. deux feuillets d'un papier
propre que l ’on deftine à entrer dans l'Herbier.
* 9°. I l faut avoir foin de joindre à la plante ,
dan* le papier qui la contient , une étiquette pré-
fenrant 4e nom botanique de cette même plante ,
fi on le connaît ; Ion nom vulgaire, fi elle en a -,
le précis de ce qu’on a remarqué loi-même ter fa
fruâ’iHcation avant de te defiecher , & fur-tout
l ’origine de l’individu que l’ on poflëde, afin de
favoir d ms tous les temps d’où on le tient, qui
eft-ce qui nous l’a donné, & fi cet individu eft
de jardin , ou s’il a été recueilli dans le lieu natal
de îa pl*.nte.
10°. Nous terminons cet article en. faifant remarquer
d’abord que les plantes d’un. Herbier
ne doivent pas être collées , parce qu’on ne peut
alors rouir de ces plantes comme il convient j qu il
n’efï plus poiïible, dans ce cas, de les prendre à
la main & de les retourner dans tous lesfenspour
les examiner par-tout lorfqu’on a befoin de le
faire , & que d’ailleurs la colle qu’on y met attire
les infeûes qui dévorent les plantes ; enfui te y
qu’ il ne faut pas faire d’un Herbier un objet de
luxe ou d’apparat en formant des cadres , des
guirlandes , & c . fur les papiers , autour des plantes
qui y font pofées $-la propreté & le goût doivent
tenir lieu ici de tous les autres genres de
beauté; & comme la vraie richefle d’un Herbier
confifte dans le grand nombre de genres & d’ef-
pèces qu’il contient, fon, unique utilité eft un.
moyen d’inftru&ion pour le Pçflefleur qui fait le
contelter & y travailler fans cefle ; e n f in q u ’un
Herbier doit être rangé dans un ordre quelconque
, mais tel que le Botanifte qui le pofsède
puiffe y trouver fur.-le-champ telle plante qu’il juge
à propos d’examiner ; que cependant de tous les
ordres qu?on peut établir dans l’arrangement d’un
Herbier , ceux qui facilitent l’étude des rapports
naturels, tels que les arrange mens par familles ,.
nous paroiffent préférables aux autres , fur tout
a l ’ordre alphabétique , & à celui dii fyftême
fexuel de Linné, ces deux ordres rompant partout
les rapports les plus connus.
HERBORISATIONS , ('les ) Herborifationts ,
excurjiones botanicee. On nomme ainfi lés excur-
fions que l’on fait à la campagne ,-dans la vue de
rechercher, cPétiidier & de reconnoître lés plantes
qui y croiffent naturellement.
Ces excurfions font de îa plus grande utilité
pour le Botanifte , parce qu’elles-lui offrent l’occa-
fi'on de voir les plantes dans le lieu même où la
nature les a placées -, qu’il les y voit dans leur
véritable port, ayant tous leurs caraâères propres
, & fur-tout fi tuées chacune convenablement
à leur nature. Cette fituation particulière qu’ont
les plantes dans leur lieu natal, ne peut être connue
de ceux qui ne les ont vues que dans les jardins
‘y & dans ce cas, l’on peut dire que ces per-
fonnes n’ont vules plantes qu’avec les altérations
ou les- changement plus ou moins confidérableg
que la culture produit en elles >, & quoique ces
per fonnes aient pu obferver les caraétères eflen-
tiels de ces plantes > parce que la culture ne. les
peut point changer , malgré cela elles ne peuvent
les copnoître complètement, puifqu’elles ne les
ont point vues dans leur vér-i table ^manière d’être ,
c’eft-à-dire dans l’état qui leur eft naturel.
Les excurfions botaniques que l’on fait a la
campagne dans le pays que l ’on habite , fur-tout
lorfqu’on les fait dans des lieux incultes, abandonnés
ou peu fréquentés , des bois montueux ,
pierreux , travetfés de grandes ravines, 8cc. nous
donnent en quelque forte une idée en petit des
courfes botaniques que l’on peut faire lorfque l’on
voyage dans les pays les plus éloignés. Ce ne font
pas les mêmes plantes que l’on voit dans ces deux
circonftances j, mais, les plantes qu’on obferve
dans ces cas , font dans des fituations à peu-près
analogues;
Pour un Botanifte qui aime véritablement les
plantes, ainfi que les autres objets d’Hiftoire naturelle
, ces excurfions offrent un des plaifirs les
plus piquans que la Botanique puiffe procurer ;
celui de pouvoir contempler réellement la nature 7
d’obfetsver fes productions dans les lieux propres
à nous les montrer comme elles font effectivement
; celui enfin d’acquérir des idées juftes des
, objets qui fe préfententde tous côtés à nos obfer-
vations. Outre ces avantages , dont le Naturalifte
& le Philofophe font le plus grand cas , les cour-
fes.botaniques dont nous parlons ,ont encore celui
d’être très-utiles à la tenté. .Elles fortifient nos
organes, nous habituent infenfiblement à fûppor-
i ter les changemens de température de l ’air fans
[ en être incommodés ; en un mot, elles nous, donnent
de la vigueur , de l’appétit & du fommeil.
Larfqu’ on fe difpofe à faire une herborifaiion ,
il eft néceflaire, avant de partir , de prendre certaines
précautions qui peuvent favorifer l’objet
qu*on fe propofe en herborifant. A ce fujet , je
ne dirai point, comme Linné y quel habit l’on doit
mettre ,. ni quelle culotte il faut porter.; chacunt
s’arrange à fa fantaifie à cet égard , & fent-aflèz
ce qui peut lui être commode ; mais je rappellerai
l’attention fur ce qu’il eft néceflaire d’emporter
avec fo i, pour tirer tout le parti qu’on fe propofe
de Yherborifation que l’én veut faire.
Ainfi je pente qu’il eft convenable de fe munir
en partant , i ° . d’ un ouvrage très-peu volumineux,
offrant foit le Prodromus général des plantes
connues, foit celui des plantes naturelles au
pays ou au climat que l ’on, habite , ouvrage qui
doit prétenter en peu de mots les caractères eften-
tiels. des genres , & en même, temps les phrafes-
«fiffinôives des efpèccs , fans fynonymie & fans
defcriptions. . ;
2,0. D’une boè’te mince de fer-blanc ou ae cuivre
, ayant la forme d’un quarré-long ou d’un
demi-cylindre, s’ouvrant dans fa longueur par
un couvercle à charnière , & dont les dimennons
les plus avantageutes pour éviter 1 embarras , &
pour contenir cependant un certain nombre de
plantes qui s’y conferveront fraîches^ jufqu’au
retour de Vherborifation , font d’avoir à peu près
neuf ou dix pouces de longueur, fur environ cinq „
pouces de large, & une épaiffeur ou profondeur
de deux pouces & demi à trois pouces.
3°. D’une bonne loupe à plufieurs lentilles de
différens foyers, pour les obfervations délicates
que l’on trouvera occafion de faire, foit fur les
parties de la fruâification des plantes , foit fur les
organes extérieurs des infeâes.
4°. Un ftylet & une petite lame tranchante &
aiguë comme celle d’un canif, pour faire la diflec-
.tion des fleurs , _&c.
, 5°. Un bon couteau ou une efpèce de houlette
ou de bêche étroite, pour enlever les racines
qu’on- aura befoin d’examiner ( comme celles des
Orquides qu’il faut voir pour déterminer les efpè-
ces) ; une canne à laquelle on puiffe adapter un
crochet pour abaiffer les branches d’ arbres ou
pour attirer à foi les plantes aquatiques , ou à
laquelle, on puiffe attacher une terpette pour couper
les rameaux fleuris ou chargés de fruits des
arbres que l’on voudra étu^üer.
6°. Une pelotte munie d’epihgjes de diverfes
grandeurs , & une boëte avec un Fônd garni de
liège ou de cire, pour piquer & ferrer les infeétes
qu’on aura attrapés. Ceux qui te livrent particulièrement
à l’étude des infeéles , emportent en
outre une raquette ayant un fac de gaze , ou un
filet fin , pour attraper les papillons fans défleurir
leurs ailes.
7°. Un crayon & des tablettes ou Amplement
du papier blanc, pour pouvoir tranfcrire ou noter
fur-le-champ les obfervations que l’on aura faites.
HERBORISTES , ( le s ) c’eft le nom qu’on
donne à ceux qui recherchent 8c qui vendent des
herbes pourTufage de la Médecine. Leur objet
n’a rien de commun avec la fcience dont nous
traitons dans ce Diétionnaire.
HERMANES ; ( le s ) famille de plante ainfi
nommee, parce qu’elle comprend plufieurs genres
qui ont des rapports marqués avec le'genre même
de l'Hermane , qui- en fait également partie.
Ce font la plupart des arbrifleaux, desarbuftes
& des herbes vivaces, à feuilles alternes, plus ou
moins découpées , 8c à fleurs axillaires ou terminales.
Ces fleurs font en général hermaphro-
. .dites, quinqueiides, & ont cinq , dix ou quinze
etaminès légèrement réunies à leur bâte-, avec un
ovaire fupérieur chargé d'un ou de cinqftyles.
Ellei produifent un fruit capfulaire , fouvent pentagone
, 8c à cinq loges, ou qui eft compote d*
cinq capfules réunies. Les principaux genres qui
paroiffent pouvoir fe rapporter à cette famille y
font :
L ’O xalide,
La Maherne ,
L’Hermane,
La Mélochie,
La Valtère ,
Oxalis.
Mahernia*
Hermannia*
Melochia.
JValtheria>
* *
Le Ruize , Rui[ia.
l e Pentapet, Pentagetes.
Le Pteroiperme, Pteroj'permum»
Cette famille , que je crois qu’il faudra réunir
avec celle des Cacaoyers ( voye[ ce mot ) ,. parole-
tenir exactement le milieu entre celle des Mal-
vactes & celle des Tilleuls.
HERMANE, HERMANNi a ; genre de planta
à fleurs polypétalées , de la famille du même:
nom, qui a beaucoup de rapports avec lesMaher-
nes, & qui comprend des arbuftes & de petits1
arbrifleaux exotiques , dont les feuilles font alternes
, fimples, dentées ou incifées , accompagnée*
de ftipules à leur bafe, & dont les fleurs axil-'
laites 8c terminales , ont leurs pétales fémi-tubuleux
inférieurement ; ce qui les rend très-remarquables.
C a r a c t è r e g é n é r i q u e .
La fleur a i° . un calice monophylle , perfi fêtant,
fémi-quinquefide, à découpures pointues.
1°. Cinq pétales onguiculés , plus grands que
le calice, fouvent un peu tors en fpirale, à onglets
fémi-tubuleux , & à lame élargie, arrondie ou
oyo’ide.
3°. Cinq étamines, dont les filamens élargis^
membraneux , & réunis à leur b a fep o r ten t de»'
anthères fagittées & conniyentes.
4 ° . Un ovaire fupérieur , arrondi ou ovoïde *
pentagone,. chargé de cinq ftyles rapprochés t
plus longs que les étamines , à ftigmates fimples^
Le fruit eft une capfule arrondie, pentagone
à cinq loges , s’ouvrant par fon fommet en cinq;
valves, & contenant dans chaque loge des femen--
ces petites: 8c nombreufes.
E s p e c e s .
I. H erm a n e à feuilles de Guimauve, Herman-
nia alihotifolia. Lin. Hermannia foliis ovatiscte-
nato-dcntatis tomentofls. mollibus, fl.pulis ovato-
lanceoliitis , pedunculis bifforis. N.
Hermannia Capenfis , alth clos folio. Petiv. Hort.
Sic. ia Raj, Suppl. 245. n°. 15. 8c Gaz. 53. t. 34.