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Vol. 36 . p . a 50. Artocarpus. Forft. Gen, p . TO I .
t. 51. Prodr. 64. Monogr. ann. 1784. & PI.
p. 2.3. n°, 1. Artocarpus incifus• L. F. Suppl. 4 1 1.
Le Rima ou fruit à pain. Sonnerat, Voyage à la
nouv. Guinée, t. 57. 59* iridaps rirnma.
Commet'f- Ic.
* Fructu feminifero,
* Frudii apyreno.
0. Ead< m ? foiiis fubangulojîs obfoletè incijis.
Soccus fyivejiris. Rumph» Am b. I. p. 114* t * 34*
C ’eft un des arbres les plus utiles qui croiffent
dans les r igions n^éridionales de l’Alie , & l’un de
ceux qu’il importe le plus de multiplier dans les
climats où il peut croître , fon fruit offrant à
l ’homme , comme je le dirai plus bas , une nourri- ,
ture laine, folide, & dont il peut ufer prefque
pendant l’année entière.
Cet arbre intéreflant s’élève , dit M. Forfter,
à quarante pieds & au-delà , fur un tronc droit,
de l’épailfeur du corps de l ’homme. L’ ccorce de ce
tronc eft unie , gercée ou crevaffée , grileatre ,
parfemée de tubercules rares & fort petits : elle
recouvre un bois mou , léger, d’une couleur jaunâtre,
Ce tronc foutient une eîme ample, arrondie
ou hémifphérique, & compofée de branches ra-
tneufes , dont les inférieures plus longues que les
autres, s’étendent prefqu’horizontalement de tous
les côtés , à la diftance de dix ou douze pieds au-
deffus du ibl qu’elles ombragent. Les petits rameaux
font redrefles ou montans, cylindriques , marqués
yle cicatrices circulaires , & portent les feuilles ,
les fleurs & les fruits dans leur partie fuperieure.
Les feuilles font alternes , fort grandes, petio-
lées, ovales , pointues, pinnatifides ou incifeês
profondément de chaque côté en fept à neuf lobes
lancéolés, entiers, obliques, & dont lesfinuofites
font arrondies : ces feuilles font longues d’un pied
à un pied & demi, larges de huit a onze pouces ,
d’un beau v e r t, glabres des deux cotes, excepte
•fur leurs nervures pofférieures, fur leurs pétioles,
& même en leurs bords où elles ont des poils tres.-
diftinéts. Les flipules , qu’on ne rencontre quau
bourgeon pointu qui termine chaque rameau,
font géminées , lancéolées , pointues, concayes ,
velues à l ’extérieur, longues de trois pouces, 8c
très-caduques. Les pédoncules font (olitaires , velus,
longs de deux pouces , & fitués dans les aii-
felles des feuilles fuperieures, ce qui les fait paror-
tre prefqu’au Commet des rameaux.
Les çhatons mâles viennent fur /les mein.es
rameaux qui portent les femelles-, ils font cylindriques
, .longs au moins de fix pouces , penches
pu pendans , caduques, & ont en quelque forte
J’afpeôt des épis du Typka. Les chatons femelles
font ovales-arrondis , prefque globuleux , longs à
peine d’un pouce & demi, 8c par conféquent un
peu moins longs que leurs pédoncules ; ils font
hcriffés de toutes parts de pointes molles, tres-
nombreufes , longues de trois à quatre lignes, &
qu’on prendroit pont les ftÿles des fleurs femelles,
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fi en partageant ces chatons longitudinalement en
deux portions , l’on n’appercevoic trps-diftinâe-
ment les ovaires & les vrais ftyles qui en naiffenc
fupérieurement. MM. Forfter n’ont point repré-
fenté dans leur Généra , les chatons femelles de
ce Jaquier dans l’état où nous les avons aduelle-
ment fous les yeux 5 car dans les figures e & ƒ
(Tab. 51. ) qu’ifs en ont données, on ne voit nullement
les longues pointes molles qui hériffent partout
ce chaton, & qui nous paroiffent des pro-
du&ions des calices propres des fleurs femelles. Il
.y a apparence que c’ eft un jeune fruit que MM.
Forfter ont donné pour exemple du chaton femelle,
& alors fa fuperneie fimplernent rabotoute , &
marquée d’aréoles hexagones comme dans le fruit
parfait, avoit perdu les pointes dont nous avons
parlé. Ces pointes font toutes hifpides, & les cavités
ou loges de chaque piftil font tapiffees de
poils blancs. Les ovaires font très-petits ,-oblongs,
le terminent par un ftyle ftniple , ainfi que le
lîigmate.
Le fruit eft rond ou globuleux , gros au moins
comme lés deux poings réunis ou comme la tête
d’un enfant, verdâtre 8c raboteux à l’exterieur
avec des aréoles pentagones ou hexagônes marqués
fur toute fa fuperficie. 11 centrent fous une peau
épailfe, une pulpe qui d’abord eft très-blanche,
comme farineufe & un peu fibreufe ; mais q u i,
par la maturité , devient jaunâtre & fucculente
ou d’une confiftance gëlarineufe. Cette pulpe eft
épaifle, & couvre de toutes parts un axe ou réceptacle
alongé , épais comme un manche de eoff*
teau , fibreux, fongueux, & qui n’eft qu un prolongement
du pédoncule. Dans les individus fertiles
& qui n’ont point été altérés par la culture,
on trouve dans la pulpe desfiuits, des graines ovales
-oblongues, légèrement anguleufes , un peu
pointues aux deux bouts, prefque de, la groffeur
de nos Châtaignes, & recouvertes chacune par
plufieurs membranes,
Toutes les parties de ce Jaquier, & principalement
lç fruit avant fa maturité, contiennent un
fuc laiteux d'une grande vifeofité , & qui en dér
coule lorfqu'on les entame.
Cet arbre précieux croît naturellement dans les
Mes de la mer du Sud, dans les Moluques , aux
Mes Marianes, & à Batavia. Ses Fruits ;fervent à
la nourriture des habitans du pays dans la plupart
de ces régions. Il eft maintenant cultivé à rifle |
dç France , ainfi que plufieurs autres efpèces de ce
genre encore peu connues , comme il lç paroit
par le Catalogue manuferi-t des plantes du Jardin
du Roi à l’Ifle dè France , que M. Séré, qui en
eft le Dire&eur, nous a communiqué. Nous avons
vu des rameaux de ce Jaquier.avec les chatons
mâles , dans l’Herbier de Commerfon, & noils eij
avons reçu des chatons femelles de M. Sonnerat ; |
ils nous paroiffent appartenir à la variété qu<?
Rumphe nomme Soccus lanofus. T? • ( 'v- ƒ• )
Parmi les ya^iétps que l’on ppnnpît de cet arbre»
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fa principale ou celle à laquelle on donne la préférence
, au point que dans certains pays on la
multiplie prefqu’à l’exclufîon des autres, eft celle
dont les fruits font, fans noyaux , c’eft-à-dire nè
contiennent aucunes femences. Dans l’Ifle S’Othditi
& les Mes voifmes, où les habitans ne vivent prefque
qu’avec le fruit du Jaquier dont nous traitons,
on n’y retrouve plus que cette variété , qu’on y
multiplie de bouture. À la vérité, les vieillards
habitans de ces Mes., ont ditauDodeur Solànder,
ïorfqù’il y fut avec le Capitaine Cook , qu’ils fe
reffouvenoient d’avoir vu autrefois une grande ;
quantité de ces Jaquiers dont les fruits contenoient
des femences ; mais que ces arbres avoient etc
négligés à eau fe de la préférence accordée a ceux
dont les fruits font fans noyaux.
Lorfque le fruit du Jaquier fans noyaux eft parfaitement
mûr, fa pulpe eft fucculente, fondante,
8c d’une faveur douceâtre ; alors" ce fruit eft très-
laxatif , & fe corrompt facilement ; mais avant fa
maturité, fa chair eft ferme, blanche, comme
farineufe, & c’eft dans cet état qu’on le choifit
pour I’ufage ordinaire. Tou te la préparation qu’on
lui donne, conlifte à le couper en quelques tranches
, & à le faire rôtir ou griller fur les charbons
ardens, ou bien à le faire cuire en entier dans un
four, jufqu’à ce que l’écorce foit noire. Alors on
le ratifie , & on mange le dedans qui eft blanc &
tendre comme la mie d’un pain frais, & quiconf-
titue un aliment fain & agréable. La faveur de
cçt ali ment approche de celle du parn de froment
avec un léger mélange dégoût d’Articîvaut ou de
Topinambour (Hélianthe tubéreux). Les habita
h s jouifiènt de ce fruit .pendant huit mois con-
fécutifs -, mais comme ilsr en font privés pendant
quatre mois , favoir depuis le corrrmencetnent de
Septembre jufqu’à la fin de Décembre, temps que
l’arbre emploie à développer de nouvelles fleurs &
de nouveaux f r u i t s i l s favént y fuppléer en préparant
avec la pulpe de ce fruit, une pâte fermenté
e& acide , qu’ ils confervent, 8c dont ils font
une forte de pain a mefure qu’ils en ont-Jjefoin,. en
la faifant cuire au four.
Dans quelques endroits, 8: principalement dans
l’Ifle Célèb e s , les habitans mangent les noyaux
mêmes ou les femences du fruit dont il eft qu'efi-
tion ; ils les font rôtir ou cuire dans l’eau comme
nos Châtaignes , & ils leur trouvent une faveur,
agréable.
Enfin , les habitans des pays où croit cet arbre
précieux, lavent fe former des vête mens, avec fa
fécondé écorce ou avec la partie qù’onsnomme le
liber • fon bois leur lert à bâtir leur màifons & à
faire des bateaux fes chatons mâles leur tiennent
lieu d’amadoù » ils enveloppent leurs alimens avec
fes feuilles ; -en un mot, ils font avec fon fuc laî-
teuJ épaiffi 5 une excellente glue pour prendre les
oileaux. Deux ou trois de ces arbres fuffifent pour
nourrir un homme pendant l’année entière.
M. Séré . dans fon Catalogue manuferit des
Botanique. Tome UL
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plantes du Jardin du Roi à r ifle de France , cite
un Jaquier dont le fruit pèfè 80 à 100 livres. Si ce
fruit a d’auffi bonnes qualités que celui dont nous
venons,de faire mention , l ’arbre qui le produit
doit être bien intéreflant. Mais nous foupçonnons
que le fruit dont il parle eft celui du Jaquier des
Indes\ qui eft en effet fort gros, mais qui a très-
peu de valeur. Voye.-^ le Jacquier n°. 3. Au refte ,
il parole que le faisant a pareillement de très-gros
fruits.
2.. Jaquier hétérophylle , Artocarpus hetero-
phylla. Artocarpus foiiis ovatis integerrimis
finuato-incifis nitidulis , afnentis mafculis er edi s
baß annula ihvolucraris. N.
Iridaps. Commerf.. Herb. A n Jaccus arboreus
major. Rumph. Am b. ï . p. 104. t- 4°-
■ Les. feuilles de ce Jaquier font moins grandes
& plus glabres que celles du précédent, & fes
chatons miles font plus grêles , non pendans , &
ont chacun à leur bafe un périt anneau membraneux
& en collerette , qui les diftingue de ceux
de 1-efpèce ci-deffus. Ses rameaux font cylindriques
, glabres , feuilles , remplis de beaucoup dè
moelle. Ses feuillos font alternes, péfrôlées , ova-
les-cunéiformes, les unes très-entières, les autres
munies de deux ou trois découpures, profondes
dont les ftnus l’ont grands & arrondis. Ces feuilles
font glabres, un peu lui fautes, nerveu fes, vei-
neufes SdTcgèrement âpres'en deflous, 8c ont cinq
à huit pouces de longueur , fur une largeur Se
deux pouces & demi à quatre pouces & demi. Les
écailles du bourgeon .terminal font glabres, &
ont à peine un"potice de longueur. Les charons
mâles font pédoncules i cylindriques , grêles ,
droits, longs d’environ deux pouces , & fitués fur
les petits rameaux dans lès aiflelles des feuilles
fupérieures. Nous n'avons point vu les chatons
femelles-, la figure 8c la defeription citées de
Rumphe nous portent à croire qu’ils naiflent fur
les greffes branches & même fur le tronc. Il leur
luccède des fruits très-gros, ovales-oblongs, plus
gros & obtus à leur fomiuer, & hériffés par-tout
de tubercules courts , tailles comme des diamans.
Rumphe dit que ce fruit eft fouvent fi pefimt,
qu’un homme peut à peine en- fouîever un. Cet
arbre proît dans les Indes orientales , les Mohi-
ques , les iPhilippines , & eft cultivé au Jardin du
Roi, à l’Ifle, de France : nous en, avons vu des
rameaux dans l’Herbier de Commerfon. p . (v. f . )
On mange la chair de fon fruit, ainfi que les
noyaux qu’il contient -, mais c’eft un aliment groffier
& difficile à digérer.
3. Jaquter des Indes , Artocarpus jaca. Artocarpus
foiiis ovatis orqnibus integerrimis , airtentis
mafculis prédis, fruau maximo oyato.-
Tsjaca-maram & pelait. P.heed. Mal. 3. p, 17,
t. 2.6. 2.7. 2,8. Jacalndica. J. B. r. Part. 1. p.. i 1 5.
Raj. Hift. 1440. Zanon. Hîft. p. 1x7. t. 90. 91,
D d