
drées, rameufes & garnies, aux fommitcs , de
feuilles qui femblenc difpoféès à-peu-près comme
celles du Âfagnoha umbrella. Les feuilles lont pé-
tiolées ovoïdes, prel'que rhomboïdales dans leur
partie fupérieure, rétrécies infenfiblement à la bafe
où elles offrent une échancrure qui donne lieu à
deux oreillettes un peu arrondies & affez remarquables.
Elles lont minces, glabres , entières, veinées
, marquées d’une côte moyenne, Taillante
en deffous, & d’où il part des nervures obliques
, parallèles , bien prononcées. Leur longueur
eft affez ordinairement de fept a huit
pouces fur plus de quatre pouces de largeur.
Nous en vîmes une, dans l’herbier de M. Thouin,
longue de plus de dix-neuf pouces. Les pétioles
n’ont guères que douze à quinze lignes :
ils l'ont planes à leur partie interne dans leur
tiers inférieur, & légèrement canaliculés dans
le refte de leur longueur. Les pétales font ner-
v é s , ovoïdes , longs d’environ quatre pouces.
Le fru it, d’après la figure citée de M. Walter, !
paroît conformé à-peu-près comme dans les
autres Magnoliers. Les valves des capfules
font pointues & légèrement recourbées à leur
fcmmet. Cette efpèce croît naturellement à la
Caroline & dans la Géorgie , d’où M. Michaux
en a envoyé en France, depuis plufieurs années ,
des exemplaires fecs. T) . v .f . )
Nous n’avons pas encore d’idées de fon port
ni de fa grandeur , ceux qui ont été à portée
de la voir vivante, n’en ayant point parlé.
4. M a g n o l i e r acuminé ; Magnolia acumi-
nata. Magnolia fo liis ovato-oblongis acuniinatis.
Lin. Sp. Plant. n°. 3. . . .
Magnolia fo liis ovato-lanceolatis acuminatis
annuis , petalis obtujis. Mill. D iâ . no. 4. Magnolia
flore albo , fo lio majore acuminate haud
albicante. Catelb. Car. 3. p. 15. t. 15. & Hort.
no. 2. Fig. 2 . Gron. Virg. Ed. 1 . p. 83. Kalm.
l t . 2. p. 324. Spit{ bUtierichte Magnolie. Lin.
Pfl. Syft. 3. p. 79. Magnolia acuminata. Marsh.
Cat. p. 129. Magnolia ruftica. Magnolia penfyl-
vanica quorumdam.
Cette efpèce de Magnolier devient un arbre
de la plus grande hauteur. Jean Bartram, cité
par Catefby , en a vu qui avoient cent pieds
d’élévation, & dit que leur bois eft d’un excellent
ufage pour beaucoup d’ouvrages , ce qui
doit nous engager à l’acclimater chez nous t
auffi bien il eft moins fenfible aux hyvers que
les autres Magnolia , car c’eft dans l’intérieur
du pays , où il fait plus froid que fur les c ô te s,
que Bartram l’a obfervé fur la branche du nord
de la rivière Sulque-Hannah.
Ses feuilles font pétiolées, annuelles, ovales ,
un peu oblongues , acuminées , entières, vertes
, affez minces , glabres en deffus , légèrement
cotonneufes en deffous , fur-tout dans leur jeu-
peffe. Elles ont fouvent huit pouces de long
fur cinq de large. Leurs nervures font difpofees
à peu près comme dans les deux efpèces précédentes
, & leurs pétioles font proportionnellement
aufîi courts. Les fleurs font blanches,
terminales, folitaires, & naiffent de bonne heure
au printemps. Elles ont les corolles ouvertes &
les pétales nervés , lancéolés , longs de trois
pouces ou davantage. Il leur fuccède des cônes
purpurins , plus alongés que ceux du Magnolia
grandiflora , mais du refte femblables , & q u i,
lors de leur maturité , laiffent de même échapper
des fèmences de couleur d’écarlate. Ces fe-
mences font fufpendues par des filets blanchâtres
longs de deux à trois pouces. Cette efpèce croît
naturellement dans la Penlylvanie & dans les
forêts de New-Yorck. Elle eft cultivée au Jardin
du Roi. . ( v. v. ).
Son bois eft dur, d’un beau grain , & de couleur
d’orange,
5. M a g n o l i e r glauque ; Magnolia glauca'.
Magnolia fo liis ovato- oblongis , J'ubuis glands.
Lin. Spec. Plant.- h®. 2. ,
Magnolia Lauri fo lio , fubtits albicante. Dali.
Hort. Elth. p. 207. t. 168. Fig. 20y. Catefb.
Car. 1. p. 39. Tab. 39. & Hort. no. 3. Fig. 3.
Threw. Ehr. Tab. 9. Tulipifera virginiana ,
laurinis fo liis avers à parte rare c&ruleo tinBis ,
coni-baccifera. Plukn. Alm. 379* ^8. 'f*
Laurus tulipifera , baccis calyculatis. Raj. Hift.
1690. Laurus tulipifera foliis fubuis ex cinereo
aut argenteo purpurantibus• Raj. Hift. p. 1798.
Eifengrave Magnolie, Linn. Pfl. Syft. 2 . p. 77*
Magnolia fo liis ovato-lanceolatis. Gron. Vire.
Ed. 2. p. 83. Magnolia glauca. Mill. Dift. n .
1. Kalm. Ir. 2. p. 324. Aiton. Hort. Kew. p.
151. Marsh. Cat. p. I29. Vulgô , Magnolier
bleu , Magnolier des marais, arbre de Caftor.
Cet arbriffeau eft commun dans les terreins
bas & humides, où il parvient fouvent à 'la
hauteur de quinze à vingt pieds. Il a les fleurs
& les feuilles plus petites que les autres efpèces.
Son bois eft blanc, fpongieux. Sa tige
eft cylindrique , rameufe , grisâtre , de huit à
dix pouces de diamètre, & couverte d’une
écorce unie. Les feuilles font alternes, pétio-
lées , elliptiques , plus ou moins alongées,
quelquefois un peu ovoïdes , fouvent oblongues,
entières , vertes Ce glabres en deffus , d une
belle couleur glauque & légèrement velues en
deffous. Elles ont une côte moyenne Taillante
à la furface inférieure, & de laquelle il part
des veines obliques, parallèles , affez apparentes.
Ces feuilles tombent en hyver : elles ont
trois à quatre pouces de longueur fur une largeur
à peine de deux pouces, 8e les pétioles
font longs de huit à dix lignes. Les fleurs font
blanches , naiffent folitaires aux extrémités des
rameaux , & n’ont qu’enyiron trois pouces de
diamètre. Elles exhalent une odeur très-fuave.
Les pétales font blancs , concaves , ovoïdes ,
plus longs que le calice. Les fruits font ovales,
un peu coniques, longs d’un pouce ou davantage
, & leur diamètre eft de trois quarts de
pouce. Ils reffemblent, pour les couleurs, a
ceux du Magnolia grandiflora. Cette efpèce croit
naturellement dans la Virginie , la Caroline, Ce
plufieurs autres parties de l’Amérique fepten-
trionale. Elle aime les endroits humides Ce le
bord des ruiffeaux. On la cultive en Europe,
dans les jardins des curieux. • ( v - v- jjf
M. de Mallesherbes en a obtenu de jeunes
pieds de graines mûries en France dans1 fes jat-
dins. C’eft , de toutes les efpeces , celle dont
les femences lèvent le mieux. Il faut la garantir
du froid dans fon enfance. En é té , on 1 ombragera
avec des paillaffons au plus chaud du jour,
& on ràrrofera fobrement, mais fouvent. Au
bout de cinq ou fix années, on pourra la placer
à demeure dans une tefre fraîche , paree du
midi & du couchant par des arbres ou des
buiffons.
Selon Dillen , les feuilles & les rameaux ont
une faveur aromatique, analogue à celle du
Calamus aromaticus• On dit que les femences
& l’écorce ont été employées avec fucces pour
guérir le^ rhumatifmes.
6. M a g n o l i e r nu*, Magnolia denudata. M agnolia
foliis décidais j ramulis divaricatis , articulons
y àpice crajflortbus•
Mokkwurèn. Koempf. Amoen. Exot. Fafc. y.
pag. 845. Magnolia glauca. Thunberg. Flor.
Jap. pag. 236. Mokkwurèn J. Banks. Koempf.
Icon. Tab. 43.
Cette efpèce, encore peu c on n u e , paroît
«éanmoins fort diftjnde du Magnolia glauca,
avec lequel elle a été confondue par M. Thunberg,
comme le remarque M. Banks. On la
reconnoîtra fans peine, en ce qu’elle a les
feuilles tellement caduques qu’elle s’en trouve
l e plus fouvent tout-à-fait dépourvue , même
pendant le temps de la fleuraifon, ce qui n’arrive
à aucune de fes çongénèrés. Un fécond ca-
raélère diftin&if qui n’a peut-être pas moins
de valeur , c’eft que les jeunes rameaux vont
én s’épaifliffant d’une manière très-fenfible vers
leur extrémité. Ces rameaux font divariqués,
peu nombreux, & leur fuperficie eft relevée
. d’efpèces d’articulations (ou cicatrices Taillantes)
qui la rendent très-raboteufe. Les fleurs font
rouges, terminales, folitaires, affaz ouvertes,
& paroiffent plus grandes que celles du Magnolia
glauca. Les pétales ont une forme ovale,
un peuoblongue, & n’offrent pas de nervures
fenfibles v au moins félon la figure qu’en a
publiée M. Banks. Ils fe terminent en pointe
courte. Cet arbriffeau croît naturellement au
Japon. T?»
7. M a g n o l i e r liliflore -, Magnolia liliflora.
Magnolia fo liis obovatis, acuminatis ; petalis
oblongis , nervojîs , obtujis, fubconniventibus.
Mokkwurèn flore albo. Koempf. Amoen. Exot.
Fafc. 5. pag. 845. Magnolia glauca. Thunb.
Fl. Jap. pag. 236. Mokkwurèn i j . Bank. Koempf.
Icon. Tab. 44.
M. Thunbei^ confond encore cette efp èce,
comme il a fait la précédente , avec le M a gnolia
glauca dont elle paroît également s’éloigner
beaucoup. Les feuilles font éparfes, ovoïdes,
un peu acuminées, entières, portées fur
de très - courts pétioles, & rapprochées les
unes des autres, aux exrrémités des rameaux.
Les fleurs font droites, blanches, terminales,
prefque fe/Iiles, & paroiffent beaucoup plus
grandes que dans le Magnolia denudata : elles
ont les pétales étroits, alongés, obtus, nervés
longitudinalement, peu ouverts, prefque con-
nivens. Les étamines font d’un rouge purpurin
éclatant. Cet arbriffeau eft aufli originaire du
Japon. T> •
Obfervations•
Les bourgeons des Magnoliers font environnés
de deux écailles ou plutôt deux efpèces de
ftipules alongées, membraneufes, caduques, &
qui laiffent fur les rameaux une empreinte circulaire
à l’endroit où elles étoient attachées.
Les pétioles font un peu élargis au point de
leur infertion : leur partie interne nous offre
dès fa bafe un applatiffement remarquable qui
fe prolonge jufqu’à une diftance plus ou moins
grande de leur extrémité. M. de Jufîieu obferve
[Gener. Plant, pag. 281.] que les calices font
entourés d’une bradée membraneufe & fugace,
fendue d’un foui côté.
On peut élever tous les Magnoliers de marcottes
& de boutures avec plus ou moins de
fuccès : mais c ’eft fur - tout de graines qu’on
les multiplie le mieux. Lorfqu’il s’agit de les
tirer des pots pour les mettre en pleine terre,
le mois d’avril eft le temps convenable. Une
fois plantés en pleine terre, ils demandent encore,
pendant plufieurs années, de la terre a
leurs pieds durant l’hyver, & une-couverture
de paille par les plus grands froids. Au refte
la multiplication, la culture & la manière d’acclimater
ces beaux arbres, ne font encore qu’im-
parfaitement connues 5 c’eft au temps & à l’expérience
à nous en apprendre davantage.
Quoique les graines des Magnoliers foient
très-amères, on dit que les perroquets de la
Louifiane en font très-friands : cela eft d’autant
plus fingulier qu’on peut regarder comme
une règle affez générale que Içs amandes amères
font pernicieufes aux oifeaux.
(par M. D e s r o u s s e a u x . )
Q i i î >i