
que dans un temps où leurs feuilles ne font pas
encore développées , ou bien ne le font qu’imparfaitement
, l’on conçoit qu’il eft néceffaire de
prendre des rameaux de ces arbres dans des faifons
differentes , ainfi que dans des temps convenables
à l’état de développement des parties que l’on
veut pofféder. .
Plulieurs Auteurs ont dit qu’il étoit néceffaire
de recueillir les plantes qu'on deftine à l'Herbier,
dans un temps bien- fec. Leur remarque eft affuré-
ment fondée ; & il y a en effet de l’avantage pour la
facilité 8c la promptitude delà déification , à faire
fa récolte dans un temps très-lec. Mais cela n’eft
pas abfolument exclufif-, & comme il fe trouve
des cir’conftances- où l'on n’eft pas le maître de
choifir le temps , & qu’il faut profiter des inftans
où l’on eft à portée de recueillir certaines plantes
pour l’ Herbier , plantes que l’on n’ a pas toujours
ou facilement à fa difpofition ; il eft bon de remarquer
ici qu’avec quelques foins de plus , on
réuftit au fil bien à deffécher des plantes cueillies
même pendant la pluie , que celles que l’on ra-
maffe dans les temps fecs. J’en ai l ’expérience*,
& dans ce cas , il m’a fuffi de multiplier les pref
fées , en raccourciffant le temps des premières,
ayant foin fur-rout de ne point mettre les plantes
en preffe avant d’avoir enlevé leur humidité ou
leur eau extérieure en les mettant plulieurs fois
de fuite entre des papiers fecs & fans colle, que
l ’ on comprime feulement avec la main , 8c que
l’on rechange fur-le-champ.
Préparation & deffication dfs plantes pour VHerbier.
.Lorfqu’on arrive de la campagne ou deslieux
où l’on a recueilli des planter que l’on fepropofe
de deffécher, la première chofe qu’il eft utile de
faire pendant que les fleurs font encore en bon
état pour être examinées , eft de prendre note de
leur vrai caractère , & des particularités qui leur
font propres. On prépare enfuite ces plantes de
la manière qui fu it, au moins félon îa méthode
dont je me fers r 8c qui me paraît préférable à
celles des autres méthodes ufitées dont j’ai con-
nosffance.
i° . On étend d’abord l’une fur l ’autre trois
feuilles d’ un papier gris peu collé , que l’on pofe
fur une planche, ou liir une table, ou fur un corps
quelconque dont la furface eft plane, unie 8c
horizontale. On place fur la feuille lüpérieure, je
ne dis point entre fes deux feuillets ( comme on
le fait communément ) , on place , dis-je , fur
cette feuille fupérieure une des plantes à deffécher*,
©n la difpofe convenablement & de manière que
les parties foient bien étendues, qu’elles ne fe
recouvrent point les unes les autres avec confu-
fion , qu’elles foient bien apparentes & reconnoif-
fablcs, 8c fur-tout qu’elles ne trompent point
par leur fituation j car il eft important de ne
point altérer le vrai port ‘de la planté. S i , par
exemple, les fleurs d’une plante font naturellement
pendantes, il feroit fort mal de leur donner
une fituatîon contraire , fous tel prétexte d’agrément
que ce puiffyêtre , & c .
La raideur naturelle des parties encore fraîches
, fait quelles s’élèvent de tous côtés, & ne
permet pas toujours à la plante de conferver pour
l’inftant la difpofition qu’on donne à fes parties ;
dans ce cas, en les abaiffant & les arrangeant
d’une manière convenable , je fuis dans l’ufage
de les contenir en pofant deffus quelque corps
pefanc & alongé, comme la lame d’un couteau
ouvert, ou tout autre inftrument analogue potïr
l’effet > 8c pour cela j j’en emploie le nombre né-
ceffaire. Ces inftrumens ne reftent point fur la
plante pendant qu’on la met en preffe -, ils la muti-
leroient & la gâteroient entièrement : on les-
retire par les côtés , dès que la plante bien arran-
| g é e , eft recouverte par des papiers , comme je le
dirai tout-à-l’heure.
Quelquefois la quantité de rameaux latéraux
d’une plante eft fi grande, que cela fait confü-
fion , & empêche de bien distinguer les feuilles
qui fe recouvrent les unes les autres, noirciffent
ou fe gâtent pendant la déification. On eft alors
obligé de fupprimer quelques-uns de ces rameaux
pour éclaircir la maiïfe que préfente l ’individu j
mais il le fautg faire avec l’attention de ne pas
trop changer Tafpeél naturel de la plante ; & l’on
a foin en outre de ne pas couper ces rameaux
trop près de la tige principale , afin que les petits
chicots qui relieront puiflént indiquer qu’il y a
eu des rameaux fouftraits, & la place de ces
rameaux.
Quand la tige d’une plante herbacée eft trop
groffe , trop épaiffe, on peut la partager en deux
longitudinalement, fi cela ne nuit pas trop aux
caraétères extérieurs de l ’individu : on fait auffi
la même chofe pour les calices trop épais de
certainesfleurs compofées ; cependant nous devons
avouer que le Botanifte qui aime réellement à
voir une belle plante, eft toujours en quelque
forte choqué à îa vue de ces mutilations *, auffi
nous croyons qu’on ne doit point trop abufer de
ces moyens , 8c qu’on doit même tâcher de s’en
difpenfer , lorfqu’il y aura quelque poftibilité de
faire autrement.
Ce qui doit exciter îë plus d’attention en dit-
pofant une plante fur le papier pour la deffécher,
c’eft la manière d'arranger fes fleurs. Il les faut
ouvrir, fi elles le font naturellement, ou en ouvrir
au moins quelques-unes ; mettre leurs parties
bien à découvert, étendre les pétales , les bractées
, & empêcher que des rameaux ou d’autres-
parties groflières ne les mutilent en pofant deflus.
Lorfque lès fleurs font axillaires, & qu’on ne
veut point fupprimer des rameaux ou d’autres
parties qui poferont deffus pendant la preffion ,
&.qur pourroient cependant gâter ces fléurs en
les froîflant; alors on interpole de petits morceaux
de papier eritre les fleurs & les rameaux , ou .les
autres parties- qui peuvent s’appuyer fur elles , &
même lorfqu’on a le temps & la patience néceft
faires, on réuftit à bien conferver les fleurs,
même les plus délicates > en interpofant de petits
morceaux de papier entre leurs pétales, ainfi qu’entre
les autres parties de ces fleurs qui pourroient
appuyer les unes fur ies autres pendant la preffion.
2.0. Lorfque la plante dont nous venons de
parler eft 'arrangée comme il faut fur le papier,
que fes feuilles font bien étendues 8c ne font
point chiffonnées , & que fes fleurs font bien à
découvert & difpofées d’une manière convenable a
alors on pofe fiv cette plante trois autres feuilles
de papier gris l’une fur l’autre comme les premières.
Sur la feuille de papier fupérieure on
étend une autre plante, & on l ’arrange encore
avec les foins 8c les attentions- qu’on a donnés à
la première qui eft déjà placée. On recouvre en-
fuite de papier cette fécondé plante , & l’on continue
d’en arranger ainfi plulieurs de fuite en formant
un paquet ou une pile d’une certaine grof-
lèur. Si l’on avoit un très-grand nombre de plantes
à deffécher à-la-fois , il vaudrait mieux faire deux
paquets , que d’en faire un feul qui pourrait être
embàrraflant par fa hauteur.
30. Les plantes étant arrangées entre des papiers
en un paquet , comme je viens de le dire , on
pofe fur le paquet un carton ou une planche
mince , & alors on met ce paquet dans une preffe ,
ou on le charge de corps pefans qui le compriment.
Pour la première fois, il convient de ne
pas ferrer ou comprimer trop fortement les plantes.
40. Si les plantes miles en déification ont été
cueillies par un temps bien fec, on peut les biffer
en preffe dès la première fois, pendant dix à
douze heures ; il les faudrait laiffer moins , fi on
les avoit ramaffées pendant la pluie. Au bout du
temps dont nous.venons de parler, on defferre
la prefle , on en ôte le paquet, & on le défait
lui-même en ôtant les papiers les uns après les
autres. Il faut enlever ces papiers doucement &
avec précaution , afin que ceux qui pofent immédiatement
fur les plantes, ne les déchirent pas
ou ne l^es chiffonnent pas en les ôtant *, car les
plantes peuvent s’être collées pendant la preffion,
èn partie au papier fupérieur, & en partie en
papier inférieur-, alors il faut les détacher du
papier fuperieur avec dextérité & au moyen d’une
, lame de couteau ouvert, ou de tout autre inftrument
analogue.
, 5°* Comme les plantes en déification font en
général très-molles. après le premier coup de
preffe , j’ai trouvé plus avantageux , dans le commencement
de la déification ^de ne pas changer
leur papier inférieur , c’eft-à-dire le papier fur
lequel chaque plante eft pofée. Je courrais rifque
en voulant changer ce papier , de gâter la plante
qui^, dans ce cas, s’attache fouvent aux doigts
ou a tout ce qui la touche' Enfuite, au lieu de
remettre fur-le-champ les plantes en preffe après
ies avoir recouvertes de papiers fec s, je les étale
avec les papiers qui les portent, loit par tesre ,
foit fur des tables, & je les laide éxpofées à l ’air
pendant une .demi-heure ou davantage, tant que
les parties de ces plantes ne fe lèvent point 8c
ne fe crilpent ou ne fe recroquevillent point. Par
ce moyen, j ’accélère la déification ; ce qui eft
effentiel pour la çonfervation des couleurs des
parties des plantes.
6°. Lorfque les plantes dont il s’agit ont été
quelque temps expofées à l’air, on les prend les
unes après les autres avec leur papier, & on en
forme, comme auparavant, une ou plufieurs piles ,
en recouvrant chaque plante de deux bu trois
feuilles de papier bien fec. On remet ces piles en
preffe pour la febonde fois *, oîî ferre un peu plus
qu’auparavant, & on peut alors les laiffer dans
l’état de compreflion pendant vingt-quatre heures
*, au bout de cp temps , il faut encore retirer
les plantes de la preffe , les remettre à l’àir fur leur
papier inférieur, & même changer ce papier , II
les plantes devenues moins molles , parce qu’elles
ont alors perdu une grande partie de leur humidité
, permettent cette opération.
7°. On continue de remettre les plantes en
preffe entre des papiers bien fecs, arrangés comme
il a été dit 5 dé les laiffer chaque fois 2.4 à 36
heures dans la prefle après les deux premières
preflions j de les mettre à l’air à chaque changement
de papiers j 8c au bout de cinq , fix ou huit
prelfions différentes, les plantes, fur-tout II le
temps a été beau pendant leur déification , peuvent
être fuffifamment sèches pour être mifesen
Herbier. Au refte , la promptitude où la lenteur
de la déification dépend principalement de la
nature de la plante que l ’on defleche. Les Graminées
, par exemple , n’exigent qu’un très-petit
nombre de prelfions , 8c font bientôt en état d’être
mifes er\ Herbier ; au contraire, les plantes graffes,
charnues & ûicculentes en exigent un très-grand
nombre, & peuvent même relier piulieurs mois
en déification fans fe dêffécher. Il y a des plantes
graffes, comme certains Géranions , Ficoïdes ’
&c. qui , mifes e.n prefle n’étant qu’en boutons
de fleurs peu avancés , fleuriffent pendant les
diveifes prelfions qu’on leur donne ; ces plantes ,
dont le propre eft de tranfpirer très-peu , comparativement
aux autres , fe confervent vivantes
dans la preffe, & quelquefois y végètent d’une
manière fenfible. La déification ne faifant, dans
ce cas , que des progrès extrêmement "lents , je
n’ai trouvé d’autre moyen convenable pour l’accélérer
, que de piquer avec un ftylet ou une aiguille
les,pairies tendres & fucculentes de ces végétaux,
leur fuc propre s’évaporant promptement par ces
piquûres. Ce moyen m’a paru plus avantageux que
l’emploi d’un fer chaud, ou que la chaleur du
four , qui fouvènt crifpe ou décolore la plante.
Mais il faut tenir note dans l’Herbier , de l’origine
des points dont les parties piquées des plantes
reftent chargées.
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