
Les racines font très-longues, garnies par intervalles,
d’un grand nombre de fibres chevelues
, en partie 1 ul'pendues dans l’eau y 8c en
partie attachées a la vale limoneule qui le
trouve aiièx ordinairement a fon fond- Elles
pouffent des tiges menues, herbacées, rameul’es ,
plus ou moins longues, qui s’élèvent julqu’a
la furface de l’eau. Les feuilles, comme dans
la plupart des plantes aquatiques , font de deux
fortes : celles qui font plongées dans 1 eau, lont
oppofées, prefque l'effiles,en quelque forte pec-
tinées ou plumeufes, c’eft-à-dire , qu élles font
compofées d’une côte moyenne fur laquelle fonc
rangées un grand nombre de folioles très-etroi*
t e s , comme capillaires, d’autant plus courtes
qu’elles font plus voifines du fommet de ; la
feuille, & dont l’affemblage forme une efpèce
de pyramide applatie dans fa longueur. Mais
les feuilles lupérieures font alternes, éparfes,
flottantes, pétiolées & difpofées en rond, à la
furface de. l’eau, où elles forment de belles
rofettes. Ces feuilles font larges, rhomboïdales,
prefque femblables à celles du Peuplier commun,
entières à la bafe, groffièrement dentées
dans les deux tiers fupérieurs. Elles font d’un
beau vert, glabres & un peu luilantes en deffus ,
parièmées de quelques poils en deffous, longues
de quinze à vingt lignes fur une largeur
à-pcu-près égale. Leurs pétioles font affez longs,
légèrement velus, & munis, quelques lignes au-
deffous de leur fommet, d’un renflement véficu-
leu x , ovale, quelquefois de la groffeur d’une
petite o liv e , qui paroît deftiné à foutenir la
plante à la fuperficie de l’eau. Il n’eft pas rare
que ces pétioles acquièrent fix pouces, & davantage,
de longueur. Les fleurs font petites,
blanches, axillaires & portées fur des pédoncules
cylindriques, épa is,v erts, fort courts, chargés
d’un léger duvet. Ces pédoncules s’alongent
beaucoup après la fleuraifon. Il fuccède aux fleurs
des fruits durs , uniloculaires , monofpermes ,
ovales-turbines, prefque rhomboidaux, à-peu-
près de la groffeur d’une petite châtaigne, &
munis de quatre groffes pointes ou efpèces de
cornes dures, oppofées deux à deux, ouvertes,
un peu applaties en langue d’oifeau , légèrement
courbées de bas en haut. Ces fruits font fillonnés
irrégulièrement, revêtus d’une membrane grisâtre
qui s'en détache aifément, Sc deviennent:, après
la chûtc de cette membrane, laifans, prefqu’aufli
noirs que du jais. Ils ne s’ouvrent pas, même lors
de leur végétation : mais l’embryon le développe
à travers le trou dont eft percé leur fommet, trou
qui n’eft fermé que par une membrane mince &
par une couronne de poils convergens. L’amande
q u 'ils renferment, eft dure,blanche, prefque cord
i f o rm e . L ’ o v a i r e , fuivantM. G æ r t n e r . e f t à d e u x
l o g e s q u i d i fp a r o i f f e n t à m e fu r e q u e les fruits
g r o l f i f f e n t . Le m êm e a u t e u r r em a r q u e q u e l a f e -
m c n c e e f t c o m p o f é e d e d e u x c o t y l é d o n s , d o n t
l’un très-petit, de forme prefqu’brbiculaire. Cette
plante croît naturellement en Europe dans les ri
vièrcs boueulès, dans les lacs, dans les étanES "
dans les fbffes.des v illes, dans les eaux croupiH'an*
tes dont le fond eft limoneux. Elle fleurit en
Juin & mûrit les fruits vers l’automne. Il paroît
qu’on la trouve aufll en Afie. Elle eft cultivée
au Jardin du Roi. Q . (v. v.)
Ses fruits font bons à manger, d’un goût appro-
chant de celui de la chataîgne. On les vend fur
les marchés en Italie, dans quelques contrées de
la f ia n c e , &c. On les fait cuire fous la cendre
comme les marrons, ou bouillir dans l’eau &
on les fert fur les tables avec les autres fruits.
On en peut aulfi préparer une forte de bouillie
a ffe z a g r é a b le . L e u r fav eur eft plus d o u c e â t re &
plu s fad e q u e c e lle de s ch â ta ign e s . O u e lq u e s
person n es , & fu r . to u t le s e n f in s , les m an gen t
c ru d s , com m e o n fa it le s no ifette s .
Outre les qualités alimentaires, ils ont suffi
des vertus médicinales. Les Macres en effet font
aftringentes , réfolutives, arrêtent quelquefois
les cours de ventre 8c les hémorragies,
La plante pilée s’applique en cataplafme dans
quelques efpèces d’inflammations. Sa dëcoâibn
avec le miel eft propre pour nettoyer & raffermir
les gencives ulcérées. Quelques auteurs recommandent
fon fuc pour les maladies des yeux*
Thomfon dit que les racines font vénénepfes,
z. M a c r e bicorne; Trapa bicornis, Trapa nu-
cious bicornibus. L in . Fil. Suppl, pag. 128.
S tiq ua fufca finenfis, &c. Burm. Amer. pag.
rV * ^7 -fiSura infima. Trapa bicornis. Gærtn.
De Fruet. vol. z. pag. 84. Tab. <>5.. Fig. 3.
Cette efpece, qui ne m’eft connue que dans
fon fruit, diffère effentiellement de la précédente
en ce que ce fruit eft plus gros & feulement
armé de deux pointes. G’eft une noix dure, coriace,
d’un brun noirâtre, uniloculaire, turbinée,
un peu rhomboidale, relevée inférieurement de
côtes faisantes dirigées dans djverfes direftions ,
& ramifiées en efpèces d’aréoles. Sa partie fu-
périeure conftitue une forte de chapiteau tétra-
gonç percé au fommet, d'une ouverture ronde,
& marque de ftries longitudinales convergentes
vers cette ouverture. Les parties latérales fupé*
rieures Ce prolongent en deux cornes oppofées ,
longues, épaiffes, horizontales, à pointes mouC
fes un peu recourbées en bas. Cette plante croît
naturellement à la Chine. On voit fréquemment
les fruits parmi les colleâions d’hiftoire naturelle.
[v.fr .]
(Par M. Desrousseaux).
MACROCNEME de la Jamaïque ; Ma CROC-
N EM u M jamaicenfe. Linn. Macroçnemum arbo-
rejeens, fo liis ovatis oppofitis , racemis fujîen«■
taculis longis infidentibus. Brown. Jam. p. 165.
Macrocnemum. Lin. Amoen. Acad. 5. p. 413.
Plante de la famille des Rubiacces , qui paroît
fe rapprocher des MuffinJa par fes rapports
, & qui conftitue un genre particulier dont
le caractère effentiel eft d’avoir,
Un calice Supérieur, à cinq dents ; une ca- ;
relit campanuUe ; cinq étamines à filamens velus
; une capjule biloculaire ; les Jemences em-
triquées. . , ,
C’eft un arbriffeau rameux, qui s’élève à la
hauteur de douze à quatorze pieds. Ses feuilles
Ibnt oppofées , ovales, ou ( félon Linné ) lan-
céolées-ovales , très - entières , liffes, un peu
pétiolées. Les fleurs viennent fur des paniçules
trichotomes, dichotomes, â peine plus longues
que les feuilles.
Chaque fleur offre i». un calice fupeneur ,
très-petit, à cinq dents.
ao. Une corolle monopccale , eampanulée ,
quinquéfidej à découpures ovales - oblongues,
droites.
30. Cinq étamines, dont les filamens, attachés
au bas du tube , font velus , nan-faillans,
& portent des anthères ovales ou oblongues ,
fi tuées à l’orifice de la corolle.
40. Un ovaire inférieur, turbine, chargé d’un
ftyle fimple, de la longueur de la corolle , a
ftigmate un peu épais, biiobé.
Le fruit eft une capfule oblongue, turbinée,
biloculaire , polyfperme , & dont les femences
font embriquées.
Cet arbriffeau croît naturellement à la Jamaïque.
Tj Il paroît rare , & eft encore peu connu
des Bocaniftes.
MACUERE; M a c u e r u s famina. Rumph.
Amb. vol. 6. p. 13a. Tab. 58. Fig. 1. Vulgairement
Daun Laur & Daun Wawo , Ma-
(ueru.
C’eft une plante herbacée peu connue, dont
les tiges font longues de fept pouces à un pied,
cylindriques ou un peu quadrangulaires, articulées
& garnies, dans leur partie fupérieure,
de feuilles oppofées , pétiolées, ovales-alon-
gées, dentées en feie , nervées, d’ un vert fom-
bre. Ces feuilles paroiffent accompagnées de
ftipules. Les fleurs font petites, d’un blanc
iâle , & raffemblées plufieurs enfemble aux aif-
felles des feuilles. Cette plante croît naturellement
à Amboine, où elle eft un aliment affez
commun, mais peu recherché.
( Far M. D e s r o u s s e a u x ).
MADI cultivé j M a d iA fativa. Molin. Sagg.
Sulla Jior. Nat. Del. Chïl» p. 136. & 354* Ld.
Gall; p. 106. & 336.
Madi. Feuil. Per. pag. 39. Tab. aé. Madia.
Juif. Gen. Plant, p. 450^
Plante à fleurs compofées, de la divifion des
Corymbifères, qui paroît avoir dés rapports avep
le* OJleofpcrmnm, & qui conftitue un genre
particulier dont le caraélère effentiel eft d’a .
voir ,
Les fleurs radiées ; le calice fim p le , à huit fo lioles
> les fleurons hermaphrodites ,* les demi-
fleurons femelles j le réceptacle nud ; les femences
dépourvues d'aigrettes.
Il s’élève de la racine, qui eft pivotante &
blanchâtre , une tige herbacée , rameufe ,
feuillée, haute d’environ quatre pieds & demi.
Les feuilles font alternes , nombreufes , linéaires
ou linéaires-lancéolées, pointues , entières, longues
de quatre pouces à quatre pouces & demi
lur une largeur de cinq à fix lign e s, affez ref-
femblantes , dit-on , à celles du Laurier-rofe.
Ces feuilles font d'un vert clair : elles font chargées
, ainfi que la tige & les branches, de poili
courts & blanchâtres. Les fleurs naiffent à l ’extrémité
des rameaux, 8c fouvent aufli aux ai£
Telles des feuilles; elles font jaunes, gloméru-
lé e s , prefque fèffiîes. Leur calice , avant fon
épanouiffement, eft un peu o vale, prefque fphé-
rique.
La fleur eft radiée : elle prifente , félon Mo*
lin a ,
10. Un calice commun v e lu , compoféde huit
folioles linéaires.
2°. Des fleurons hermaphrodites , nombreux ,
monopétales, quinquéfides, de la longueur du
ca lic e , ayant les filamens courts , l ’ovaire petit
, le ftyle fubulé.
3®. Des demi-fleurons femelles, monopétales
, lig u le s, très'* longs , terminés par trois
dents, & portés chacun fur un ovaire court,
furmonté d’un ftyle capillaire.
40. Le réceptacle nud.
Le fru it confifte en des femences applaties
d’un c ô té , convexes de l’autre, dépourvues d’ài-
grettes.
Ces femences font longues de quatre à cinq
lignes, 8c couvertes d’une pellicule mincë
brunâtre. Le Madi croît naturellement au Chili,
où il paroît qu’on le cultive affez généralement.
On extrait des femences de cette plante ,
foit par expreflion , foit par la fimple c o ô ion ,
une huile qui e f t , félon F eu ille , plus douce,
8c d’un goût plus agréable que la plupart de
nos huiles d’Olive , auxquelles elle relfemble
par la couleur. Les naturels du pays fe fervent
de cette h u ilé , non - feulement pour appaifer
les douleurs, en oignant avec elle les parties
malades , mais encore pour brûler dans le*
lampes ; & pour affaifonner leur mers.
( Par M. Dêsrobssbaux J.
MAGNOLIER ; Ma g n o l i a . Genre de plantes
à fleurs polypétalées , de la famille des
Anones, qui a de grands rapports avec le Tulipier
, & qui comprend des arbrilfeaiix & des
arbres à feuilles Amples, alternes; à bourgeons
1 terminaux , pareils à ceux des Figuier?, & dont