dividuel ; il faut qu’il distingue su r -tou t ce
qui fait la condition générale et nécessaire de
chacun d’eux : et pour c e la , il faut qu’il les
examine dans toutes les modifications que peuvent
y apporter leurs combinaisons avec d’autres
phénomènes j il faut aussi qu’il les isole ,
qu’il les débarrasse de tous les accessoires qui
les voilent ; en un mot , il faut qu’il ne se
borne point à une seule espèce de corps v ivant
, mais qu’il les compare toutes, et qu’il
poursuive la vie et les phénomènes dont elle
se compose dans tous les êtres qui en ont reçu
quelque parcelle» Ce n’est qu’à ce prix qu’il
peut espérer de soulever le voile mystérieux
qui en couvre l ’essence.
En e ffe t, la physiologie doit nécessairement
suivre la même marche que toutes celles des
sciences physiques que l ’obscurité et la complication
des phénomènes n’ont point encore
permis de soumettre au calcul ; ne possédant
aucun principe démontré, d’ou les faits particuliers
puissent se déduire comme des conséquences
, c ’est dans la série de ces faits seulement
que la science consiste jusqu’ici ; et nous
ne pouvons espérer de remonter à des causes
générales qu’autant que nous aurons classé les
faits, et que nous serons parvenus à les ranger
sous quelques lois communes : mais la physiologie
n'a pas pour cet effet le même avantage
que les sciences qui opèrent sur des substances
non organiques ; que la chimie; et la physique
expérimentale , par exemple. Celles-ci peuvent
réduire à une simplicité presque indéfinie les
problèmes qu’elles se proposent ; elles peuvent
isoler les substances dont elles veulent recon-
noître les rapports et la nature , et les combiner
ou les rapprocher successivement de toutes
les autres. Il 11’en est pas de même de la physiologie.
Toutes les parties d’un corps vivant
sont liées ; elles ne peuvent agir qu’autant
qu’elles agissent toutes ensemble : vouloir en
séparer une de la masse, c’est la reporter dans
l ’ordre des substances mortes, c’est en changer
entièrement l ’essence. Les machines qui font
l ’objet de nos recherches ne peuvent être démontées
sans être détruites;, nous 11e pouvons
connoître ce qui résulteroît de Tabsence d’un
ou de plusieurs de leurs rouages, et par conséquent
nous ne pouvons savoir quelle est la
part que chacun de ces rouages prend à l ’effet
total.
Heureusement la nature semble nous avoir
préparé elle-même des moyens de suppléer à
cette impossibilité de faire certaines expériences
sur les corps vivans. Elle nous présente dans les
differentes classes d’animaux presque toutes les
combinaisons possibles d’organes ; elle nous
les montre réunis x deux à deux trois à trois ,
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