Elles sont composées, comme les os, d’une matière
calcaire, intimement unie à une substance
gélatineuse , et qu’on peut également en séparer
par le moyen des acides : mais cette matière n’est
point disposée par lames ou par fibres 5 elle est
uniformément répandue dans tout le corps de la
coquille j on distingue seulement dans quelques
espèces des couches assez faciles à séparer, et
collées les unes sur les autres, comme les feuilles
de papier qui forment un carton. L ’obseryâtion a
appris que ces couches n’existent point toutes dans
les jeunes animaux ; il n’y a que les plus intérieures,
qui sont en même temps les plus petites. A mesure
que l ’individu avance en âge , il se forme à la face
interne de la coquille une couche nouvelle qui déborde
toutes les couches précédantes ; en sorte que
cette coquille prend à chaque fois un accroissement
en longueur et en largeur, comme en épaisseur.
Voilà des faits certains : il suffit, pour s’en assurer,
de comparer des coquilles de mêmé espèce qui
aient appartenu à des individus de différens âges ;
on verra toujours moins de couches à celles qui
proviennent d’individus plus jeunes. Les jeunes
moules, qu’on peut observer ayant même qu’elles
aient quitté la matrice de leur mère , n’ont alors
qu’une.seule couche à leur coquille, et cette coquille
n’est pas pour cela molle ou gélatineuse :
elle a la même rigidité que la coquille adulte -, et
si elle est beaucoup plus fragile, c’est qu’elle est
beaucoup plus mince.
Mais ces couches qui doivent successivement venir
en augmenter l ’épaisseur , sont-elles produites par
développement, ou par simple juxta-position ? Des
vaisseaux nourriciers vont-ils déposer le suc calcaire
dans les divers points de leur épaisseur , ou
transsudent - elles seulement au travers de la peau
de l’animal pour se coller aux couches préexistantes
? Voilà des questions sur lesquelles les physiologistes
ne sent point d’accord.
L e corps des limaçons ne paroît adhérer à la
coquille qu’à l ’endroit des muscles seulement ; et
Réaunmr ayant placé entre ce corps et les endroits
de la coquille qvr’il avoit cassés exprès , des
pellicules minces, ces cassures ne se sont point réparées
, tandis que celles où aucun obstacle n’ar-
rêtoit les sucs qui pouvoient y arriver de la surface
de la peau , se remplissoient profnptement.
Ces faits prouveroient en faveur de la simple
juxta-position, d’une matière transsudée ; cependant
on voit, d’un autre côté , que l ’huître et la
moule adhèrent à leur coquille non seulement par
les muscles , mais .encore par tout le bord de
leur manteau. De plus , l ’huître a toujours à sa
valve convexe , entre les deux dernières couches
calcaires , un vuide considérable , rempli d’une eau
fétide et amère, et qui communique avec l ’intérieur
du corps par une ouverture particulière. Comment
ce vuide se for mer oit-il , et sur-tout comment se
délruiroit-il à chaque nouvelle formation de couche,
si des vaisseaux artériels et des vaisseaux absorbant
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