etNsi un nerf est coupé ou lié , les muscles auxquels
il se distribue n’obéissent plus. On peut imiter cette
action de la volonté en ébranlant, ou piquant, ou
déchirant les troncs nerveux ; il en résulte sur-le-
champ des convulsions dans toutes les parties musculaires
auxquelles leurs branches aboutissent,
et cela a lieu même après la mort. L ’irritation de
la moelle alongée après la décollation agite tous
les muscles du visage , et celle de la partie cervicale
de la moelle épinière met tout le corps en convulsion.
On pourroit, jusqu’à un certain point, regarder
les passions violentes comme des actes d’une volonté
fortement excitée, et alors il se trouveroit des cas
où celle-ci agit même sur les muscles involontaires :
les palpitations du coeur et des grands vaisseaux,
la suspension même de leurs mouvemens, en sont
des exemples.
On sait qu’on peut empêcher ces aceidens en
modérant par la sagesse l’exaltation des sentimens
qui les occasionnent ; la volonté a même, dans les
maladies nerveuses qui paroissent avoir le moins
de rapport avec les passions, du moins avec celles
qu’on peut ressentir dans le moment, le pouvoir
d’en empêcher les accès, lorsqu’on prend sur soi
d’y résister ayec fermeté.
L ’action de la volonté sur les muscles n’est donc
pas immédiate ; elle dépend d’une action du nerf
sur la fibre , que nous pouvons déterminer en vertu
de cet empire à jamais incompréhensible que Taine
exerce sur le système nerveux : mais si ce rapport
de l’entendement avec le nerf est au-delà des bornes
fixées à nos connoissances, il n’est pas impossible
que nous découvrions un jour la nature du rapport
du nerf avec la fibre, qui ne peut être que purement
physique , et de corps à corps.
Les expériences galvaniques rendent extrêmement
probable que cette action s’opère par un
fluide invisible , dont les nerfs sont les conducteurs
dans le corps animal, et qui change de nature ou
de quantité sur la fibre , dans des circonstances
déterminées.
Ces expériences consistent, comme on sait , à
établir entre un muscle et le tronc des nerfs qui s’y
rendent, une communication extérieure, au moyen
d’une substance, ou d’une suite de substances, qui
s’étendent,de l’un à l ’autre. Les métaux ne sont pas
les seules substances qu’on puisse employer, et en
général ces conducteurs ne sont pas exclusivement
les mêmes que ceux de l ’électricité. On a réussi
quelquefois en laissant de l ’intervalle dans la série
des excitateurs ( c’est le nom qu’on „donne à ces
substances étrangères ) ; ce qui prouve qu’il y a une
atmosphère.
A l ’instant où le contact a lieu , le muscle éprouve
de violentes convulsions; ces expériences réussissent
sur le vivant, et sur les animaux récemment morts,
même sur les parties séparées du corps, absolument
comme celles de l ’irritabilité haliérienne , sans qu’il
soit nullement besoin de corps pointus , ou de
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