qu’il m’a été possible de vérifier moi-même , et
que fa i le pins souvent démontrées publiquement
dans mes cours , ou dont les preuves sont
déposées dans la collection d’anatomie du Muséum
, vient plutôt de ce que ces démonstrations
et cette exposition publique rendoient
toute autre autorité inutile, que de xna négligence
à m’enquérir de ce qui avoit été fait
avant moi. Je ne crois pas être resté très en
arrière de mes prédécesseurs ; et si j ’ai ' ■ cru
dans beaucoup de cas qu’il étoit plus aisé de
recourir à la nature , que de chercher à expliquer
les descriptions obscures ou insuffisantes
de plusieurs modernes, ou que de passer
plusieurs jours pour rencontrer quelques^ pierres
précieuses, enfouites dans les discussions de
philosophie scholastique qui remplissent les
auteurs du seizième siècle : je regarde cette
méthode comme un avantage que mon heureuse
position me procuroit, en me dispensant
d’avoir recours à la compilation , et point
du tout comme un sujet de reproche.
Ce qui m’a sur-tout guéri de l ’envie de construire
avec des matériaux étrangers, ce sont
les résultats informes qu’ont obténus de cette
façon quelques auteurs estimables , mais dépourvus
des moyens d’observer. Ils n ’ont pu
éviter de reproduire des choses fausses, d’autres
inexactes ou même contradictoires ; et
«comme l ’aspect constant de la nature ne maî-
trisoit point leur imagination, ils n ’ont pu
s’empêcher de créer des systèmes, ni de mettre
de la partialité dans leur jugement sur les faits v
en choisissant de préférence ceux qui favori-
soient leur manière' de voir»
Vous devinez aisément que le plus grand
nombre de ces auteurs se trouve dans une
nation , -qui, toute excellente qu’elle est par son
génie inventif et par son infatigable patience
dans les recherches de tout genre , n’a pas toujours
su contenir dans des bornes convenables
son penchant à montrer de l ’érudition, penchant
quine vient peut-être.que de trop de modestie et
d ’une déférence mal entendue pour les autres»
Une autre nation non moins admirable
par la hardiesse de ses vues , et la force qu’elle
déploie dans les travaux relatifs aux sciences 9
semble avoir donné dans un excès opposé à
celui que je viens de reprendre , en méprisant
un peu trop les étrangers, en n’estimant et
même en ne consultant presque que ses compatriotes.
Cette espèce d’orgueil, utile peut-être en
politique, ne peut, dans les sciences et sur-tout
dans les sciences de faits , que rétrécir les
idées , et conduire à une sécheresse qui fait
le caractère de quelques-uns de ses auteurs en.
histoire naturelle et en anatomie comparée,
you s trouverez, j ’espère , que j’ai fait mon