qui ont avec lui des rapports de forme et de structure
plus ou moins marqués, paroissant résister
pendant un certain temps aux lois qui gouvernent
les corps bruts, et même agir sur tout ce qui
les environne, d’une manière entièrement contraire
à ces lois , nous employons les noms de vie
et de force vitale pour désigner ces exceptions, au
moins apparentes , aux lois générales. C’est donc en
déterminant exactement en quoi ces exceptions
consistent, que nous fixerons le sens de ces mots.
Considérons pour cet effet les corps dont je viens
de parler , dans leurs rapports actifs et passifs
avec le reste de la nature.
Examinons, par exemple, le corps d’une femme
dans l’état de jeunesse et de santé : ces formes
arrondies et voluptueuses, cette souplesse gracieuse
de mouvemens, cette douce chaleur, ces joues
teintes des roses de la volupté , ces yeux brillans
de l ’étincelle de l’amour ou du feu du génie $ cette
physionomie égayée par les saillies de l’esprit,
ou animée par le feu des passions j tout semble
se réunir pour en faire un être enchanteur. Un
instant suffit pour détruire ce prestige : souvent
sans aucune cause apparente le mouvement et le
sentiment viennent à cesser $ le corps perd sa chaleur
; les muscles s’affaissent et laissent paroître les
saillies anguleuses des os $ les yeux deviennent
ternes, les joues et les lèvres livides. Ce ne sont là
que les préludes de changemens plus horribles:
les chairs passent au bleu, auverd, au noir j elles
attirent l ’humidité ; et pendant qu’une portion
s’évapore en émanations infectes, une autre s’écoule
en une sanie putride , qui ne tarde pas à se dissiper
aussi : en un mot, au bout d’un petit nombre de
jours, il ne reste plus que quelques principes
terreux ou salins ; les autres élémens se sont dispersés
dans les airs et dans les eaux pour entrer
dans de nouvelles combinaisons.
Il est clair que cette séparation est l ’effet naturel
de l’action de l’air, de l’humidité, delà chaleur
en un mot de tous les corps extérieurs, sur le corps
mort, et qu’elle a sa cause dans l’attraction élective
de ces divers agens pour les élémens qui le com-
posoienf. Cependant ce corps en étoit également
entouré pendant sa vie -, leurs affinités pour ses
molécules étaient les mêmes j et celles-ci y eussent
cédé également , si elles n’avoient pas été retenues
ensemble par une force supérieure à ces affinités
qui n’a cessé d’agir sur elles qu’à l ’instant de la
mort.
Voilà de tous les phénomènes dont les idées particulières
entrent dans l’idée générale de la vie
celui qui paroît d’abord en constituer l’essence
puisque nous ne pouvons concevoir la vie sans
lui, et qu’il existe évidemment sans interruption
jusqu’à l’instant de la mort.
Mais l’étude suivie d’un corps vivant quelconque
nous montre bientôt que cette force qui retient
ensemble les molécules malgré les forces extérieures
qui tendent à les séparer, ne borne pas
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