son irritabilité épuisée ; et nous voyons en effet
que parmi les animaux qui respirent l’air immédiatement,
ceux qui ont la circulation double,
et dont chaque molécule de sang veineux ne peut
retourner aux parties qu’après avoir respiré , c’est-
à-dire les oiseaux et les mammifères, non seulement
se tiennent toujours dans l’air même, et
s’y meuvent avec plus de force que les autres animaux
à sang rouge, mais encore que chacune de
ces classes jouit de la faculté de se mouvoir, précisément
dans le degré qui correspond à la quantité
de sa respiration. Les ^oiseaux, qui sont, pour
ainsi dire , toujours dans l’a ir , en sont autant imprégnés
au dedans qu’au dehors : non seulement
la partie cellulaire de leurs poumons est fort considérable
, mais ces organes ont encore des sacs
ou des appendices qui se prolongent par tout le
corps. Aussi les oiseaux consomment-ils , dans un
temps donné, une quantité d’air beaucoup plus
grande , à proportion de leur volume, que les
quadrupèdes ; et c’est-là sans doute ce qui donne
à leurs fibres une force instantanée si prodigieuse,
et ce qui a rendu leur chair propre à entrer
comme puissance motrice dans des machines qui
exigeoient des mouvemens si violens pour être
soutenues dans l’air par les simples vibrations
des ailes.
Les mammifères semblent tenir, pour la force
des mouvemens et pour la quantité de la respiration,
une espèce de milieu entre les oiseaux et
Art. IV. Rapports des organes. 5h
les reptiles , qui forment l’extrémité opposée. La
respiration semble n’être chez ceux-ci qu’une chose
accessoire; ils peuvent s’en passer presque aussi longtemps
qu’ils veulent : leurs vaisseaux pulmonaires
ne sont que des branches des grands troncs. Aussi
d une part leurs organes du mouvement les réduisent
ils à rester contre terre dans les endroits
obscurs et étouffés au milieu des miasmes; leur
instinct les porte â s’enfermer souvent dans des
cavités où l’air ne peut se renouveler , ou mémo
à s enfoncer sous les eaux pendant une «mande
partie de l’année : et de -l’autre spart, leurs mouvemens
sont assez généralement lents , et ils passent
une partie de leur vie dans un repos presque
complet. u
Et comme c’est une des conditions de l ’existence
de tout animal que ses besoins soient proportionnés
aux facultés qu’il a pour les satisfaire , l’irriia-
bihte s’épuise d’autant moins aisément que la respiration
est moins efficace et moins prompte à la réparer.
C est ce qui fait qu’elle se conserve si bien dans
es reptiles , et que leurs chairs palpitent si longtemps
après qu’ils sont morts, tandis que celles
des animaux à sang chaud perdent cette faculté
en se refroidissant.
Ce rapport du degré de la force motrice ayec
a quantité d’action de l ’élément ambiant se trouve
confirmé par l ’exemple des poissons, qui, ayant
le sang froid comme les reptiles, ont aussi comme
eux peu de force musculaire, et une irritabilité
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