par les expériences faites sur des fragraens d’animaux
: car il paroît répugner aux notions que nous
ayons du moi, et de l’unité de notre être, d’accorder
des sensations à ces fragmems , quoiqu’il faille
avouer que nous avons plusieurs exemples d’animaux
dans chaque partie desquels il se forme, à
l ’instant même de leur division , un centre particulier
de sensations et de volonté. Cette différence de
l ’irritabilité , même de celle qui est volontaire ,
d’avec la sensibilité proprement dite, est encore
mieux prouvée par les expériences d’Arnemann ,
dans lesquelles un nerf coupé et réuni a recouvré,
au bout de quelque temps , la première de ces
facultés, et non l’autre. Les nerfs et leurs fonctions
ne dépendent de l’intelligence qu’autant qu’ils
tiennent à l’arbre général des nerfs : mais ils pa-
roissent pouvoir exercer par leur propre, substance
la partie purement physique de ces fonctions $ et si
elles dépendent d’un fluide, ce fluide doit pouvoir
naître de tous les points de la substance médullaire.
C ’est l’opinion de R e il, et elle s’appuie sur des
expériences déjà anciennes de Stenon et d’autres ,
dans lesquelles la ligature d’une artère paralyse
les muscles auxquels elle se rend.
Tout ce que nous venons de dire s’applique également
aux diverses classes d’animaux. Toutes sont
irritables , et tontes celles où il y a des nerfs et
des muscles 'distincts sont sujettes au galvanisme.
M. Humboldt en a même tiré un moyen ingénieux
de distinguer dans les plus petits animaux les nerfs
d’avec les artères, ou d’autres parties, en se servant
d’une aiguille d’or et d’une d’argent, qu’on applique
l ’une aux muscles , l’autre au filet dont on veut
reconnoître la nature , et qu’on fait se toucher par
leurnutre extrémité. Si c’est un nerf, des contractions
doivent s’ensuivre.
Une fois qu’on a reconnu que le concours du nerf
est nécessaire pour produire la contraction de la
fibre , et que de son côté la fibre charnue est seule
susceptible de subir cet effet de la part du nerf, il
resteroit à savoir comment, par quel agent, par
quel intermède, le nerf produit cet effet sur elle.
Ce qui fait la principale difficulté de cette question ,
est la force prodigieuse avec laquelle les muscles
se contractent, et la grandeur des poids qu’ils peuvent
soulever dans l’état de vie , tandis qu’immé-
diatement après la mort ils sont déchirés par des
poids infiniment moindres. Cela porte à croire qu’au
moment de l ’action, non seulement les particules
qui composent la fibre tendent à se rapprocher dans
le sens de sa longueur , mais encore que leur cohésion
, ou la ténacité de la fibre , devient à l ’instant
même beaucoup plus grande , sans quoi sa tendance
à se raccourcir n’empêeheroit pas sa rupture. Or,
en supposant même, ce qui paroît au moins bien
difficile, qu’on puisse imaginer des textures de fibres
telles que l’accession d’un fluide ou cl’une vapeur
puisse leur donner cette tendance , il faudra toujours
convenir qu’il n’y a qu’un changement subit
dans leur composition chymique , qui puisse en
G 5