liqueurs âcres, et même dans des cas où ces moyens
ont perdu leur effet. '
Il est évident que les convulsions galvaniques ne
peuvent être rapportées qu’à un changement d’état
intérieur du nerf et de la fibre, à la production
duquel ces deux organes concourent. On a même,
dans les sensations galvaniques qui arrivent sur le
vivant, lorsqu’on établit la communication excitatrice
entre deux branches nerveuses , la preuve
que ce changement d’état peut avoir lieu dans le
nerf seul, soit qu’il consiste en un simple mouvement
de translation, ou en une décomposition chy-
mique. La fibre seroit donc simplement passive
dans ces contractions : mais il faudroit toujours
reconnoître qu’elle est la seule partie du corps
constituée de manière à recevoir cette sorte d’impression
de la part du nerf ; car des nerfs se distribuent
à une multitude d’autres parties sans leur
communiquer la moindre apparence d’irritabilité.
Ainsi l’influence et le concours du nerf sont bien
démontrés dans quatre des causes irritantes que
nous avons établies plus haut; c’est-à-dire la volonté,
les passions et maladies nerveuses, une action
mécanique dirigée immédiatement sur le nerf, et le
galvanisme , où l’on agit à la fois sur le nerf et sur
la fibre.
Il reste un cinquième ordre de causes irritantes
à examiner : celles qui agissent, lorsqu’on les
applique immédiatement sur la fibre, et sur la fibre
seule j c’est-à-dire tous les stimulus extérieurs,
comme des corps pointus, etc. Comme il n’y a
aucune portion musculaire qui ne soit pénétrée par
la substance nerveuse, il est difficile de ne pas
l ’affecter en touchant la fibre, et il peut paroître
probable que les contractions que celle-ci éprouve
dans ce cas, proviennent, comme dans tous les
précédons, de l’influence du nerf dont le fluide
intérieur aura changé d’état par l’action du stimulus.
Un muscle arraché du corps conserve sans doute
encore assez de portion nerveuse pour être quelque
temps irritable, et les muscles sur lesquels la volonté
a perdù son empire par une paralysie, ou par la
ligature du nerf, peuvent également obéir aux
stimulus extérieurs, parce que le nerf, dans cet
état, conserve la faculté de produire ou de transmettre
le fluide qui doit faire contracter la fibre ÿ
car, comme nous ignorons absolument la manière
dont la volonté agit sur les nerfs, nous ne pouvons
pas prétendre |que l ’interruption de son action
doive être constamment accompagnée de l’interruption
de celle que les nerfs eux-mêmes exercent sut
les muscles.
Au reste , tout prouve que cette action du nerf
sur la fibre n’emporte pas nécessairement conscience
et sensation. Cela se voit par ces exemples
de membres insensibles , qui non seulement se
contractaient par les stimulus , mais qui obéissoient
même quelquefois à la volonté ; par ceux des viscères
, qui sont dans un mouvement continuel en
nous sans que nous nous en appercevions ; et enfin
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