muscles, et moins serrée que celle qui forme leurs
enveloppes. Les lilamens qui composent chaque
-faisceau sont unis par une cellulosité encore plus
fine que toutes les autres ; et lorsqu’on examine un
de ces filamens au microscope, on voit qu’il se
divise encore en filamens plus petits , quoique semblables
et réunis de la même manière. Cette division
se continue aussi loin que nous pouvons la
suivre, et nos instrumens ne nous en montrent
point le terme.
Les derniers de ces filamens, ou les fibres les
plus déliées que nous puissions appercevoir, ne
paroissent point creuses : on ne voit nullement
qu’elles contiennent une cavité ; et il semble qu’on
peut les regarder comme les réunions les plus simples
des molécules essentielles de la substance
charnue. En effet, elles se forment, on pourroit
même dire se crystallisent à vue d’oeil, lorsque le
sang se fige ; car lorsqu’un muscle a été débarrassé,
par l’ébullition et la macération, du sang, des
autres humeurs, et en général de toutes les substances
étrangères à sa fibre , qu’il pouvoit contenir,
il présente un tissu filamenteux, blanc, insoluble,
même dans l’eau bouillante, et ressemblant, par
toutes ses propriétés chymiques , à la substance qui
reste dans le caillot du sang, après qu’on en a
enlevé la partie colorante par le lavage. Cette
matière a sur-tout, par l’abondance d’azote qui
entre dans sa composition , un caractère d’animalité
peut-être plus marqué qüe les autres substances
animales. Les elémens de la substance fibreuse
paroissent donc tellement rapprochés dans le sang ,
qu’il suffit d’un peu de repos pour qu’ils se coagulent
; et les muscles sont sans doute, dans l’état
de v ie , les seuls organes capables de séparer cette
matière de la masse du sang , et de se l’approprier.
Ce n’est pas seulement le sang rouge qui contient
de la fibrine ( les chymistes ont donné ce
nom à la substance qui nous occupe ) : le fluide
blanc qui tient lieu de sang a tant d’animaux , en
contient également 5'mais elle ne s’y prend pas en
caillot, et ses filamens nagent seulement dans le
sérum (1).
Comme les substances dont se forme le sang ne
contiennent, au moins dans les animaux qui se
nourrissent d’herbe , rien qui ressemble à cette
matière fibreuse, et que , même dans ceux -qui
vivent de chair, elle paroit se décomposer par l ’acte
de la digestion, et n’est plus manifestementconte-
nue ni dans leur chyle ni dans leur lymphe, on
peut croire que c’est par la respiration que la
composition du sang se trouve altérée , de manière
à le rendre propre à engendrer cette substance.
Cette idée s’appuie sur la nature des opérations
(1) Cette observation n’ayant point encore été publiée
parson auteur, je dois dire qu’elie appartient au citoyen
Hombert (du H av re ), chymiste très - ingénieux, qui
s’occupe avec succès de la chyrcie animale comparée.