Vous savez avec quelle assiduité j’y travaillé,
mais vous savez aussi mieux que personne combien
de temps un pareil ouvrage exige ; les faits
appellent les faits. Quelque riche qu’on en soit,
on en desire toujours. Tantôt c’est une espece
que l ’on voudrait comparer à celles que l ’on
connoît déjà ; tantôt c ’est un organe sur lequel
on voudrait encore tenter quelques essais pour
en mieux développer la structure. Dans d autres
endroits on a besoin de réflexions plus prolongées
; on ne sent pas encore assez bien 1 ensemble
de son objet, les rapports de ses parties.
C ’est sur-tout en histoire naturelle qu’on est
toujours mécontent de ce qu’on a fa it, parce
que la nature nous montre à chaque pas qu’elle
est inépuisable. La partie mécanique seule, comme,
les préparations , les dessins et les gravures, exigeront
un temps qu’aucun soin, aucune dépense
ne pourroient abréger.
Ainsi je ne puis raisonnablement espérer de
terminer mon ouvrage d ’ici à plusieurs années;
cependant je m’efforce de faire jouir , autant,
qu’il est en moi , les jeunes anatomistes de
tout ce que les collections contiennent déjà de
neuf et d’important; je leur développe les rapports
que les faits nous laissent déjà entrevoir;
et ne me bornant point à leur exposer dans un
ordre quelconque les observations consignées
dans les ouvrages imprimés, je ne leur cache
aucune de celles que j ’ai eu occasion de faire,
en marchant, quoique de loin, sur les traces des
auteurs célèbres qui m’ont précédé. Cette confiance
de ma p a r t, et ces efforts pour rendre le
corps de la science aussi complet que l ’état actuel
des observations le permettoit, ayant attiré à mes
cours quelques élèves pleins de talens et d’assiduité
, ils ont pris la peine de recueillir mes
leçons avec beaucoup d’exactitude , et il en est
résulté divers manuscrits, qui pourroient être
considérés comme des ouvrages élémentaires
différens pour la marche , e t, à ce que je crois,
plus complets pour la matière que ceux qui
ont paru jusqu’ici sur l ’ensemble de l ’anatomie
comparée ; et tout imparfaite que devoit être
leur rédaction , il en a couru des copies qui
ont été employées utilement dans quelques
autres cours , et même dans quelques ouvrages
imprimés ; abus très-léger , à la vérité , et qui
ne m’empêchera point de continuer à faire con-
noître les observations qui me sont propres , à
tous ceux qui pourront le desirer , mais suffisant
çependant pour que je tâche de m’assurer
par l ’impression la date et la propriété de quelques
unes. Une raison d’un autre genre a encore
contribué à me déterminer à consentir à la
publication d’un de ces manuscrits ; c’est le
besoin réel où sont la plupart des élèves qui
suivent un cours quelconque, d’avoir un ouvrage