Ierc L eçon. Economie animale.
les forces digestives sont généralement d’autant plus
puissantes que la respiration est plus complète,
afin que la quantité des molécules qui arrivent
soit proportionnée à celle des molécules qui s’échappent.
C’est, pour ainsi dire, par l ’entremise de ces liaisons
qui existent entre les modifications des organes
de la respiration , et celles des organes de plusieurs
autres fonctions , qu’une partie de ces derniers se
trouvent avoir entre eux des rapports que rieii
ne sembloit d abord nécessiter. Voilà pourquoi les
oiseaux ont en général l’estomac le plus robuste
et la digestion la plus prompte ; voilà pourquoi ils
répètent si souvent leurs repas , tandis que les reptiles
, qui semblent en tout point leurs antipodes
parmi les animaux à sang rouge , nous étonnent
par le peu d’aliment qu’ils prennent, et la longueur
des jeûnes qu’ils peuvent soutenir. Ce n’est point
par la nature des organes du mouvement qui
caractérisent ces deux classes, que ces différences
dans les forces digestives sont nécessitées , mais
bien par celle des organes de la respiration, dont
les modifications sont en rapport immédiat avec
celles des organes du mouvement.
On sent aisément que ces deux degrés si dif-
férens de force digestive dépendent de deux dispositions
egalement différentes dans les organes
alimentaires , et que chacune de ces dispositions
ne pourra coexister qu’avec celle qui lui correspondra
dans les organes respiratoires j et celle-ci
étant aussi toujours liée avec une disposition également
déterminée dans ceux du mouvement ,
dans ceux des sensations, dans ceux de la circulation
, ces cinq systèmes d’organes sont, pour ainsi
dire , tous régis et gouvernés par chacun d’eux en
particulier.
Au reste, le système des organes digestifs a
aussi des rapports immédiats avec ceux des organes
du mouvement et de la sensibilité : car la disposition
du canal alimentaire détermine d’une manière
absolue l’espèce d’alimens dont l’animal peut
se nourrir j et on sent que s’il ne trouvoit pas
dans ses sens et dans ses organes du mouvement
les moyens de distinguer 'et de se procurer ces
sortes d’alimens, il ne pourroit subsister.
Ainsi un animal qui ne peut digérer que de la
chair, doit, sous peine de destruction de son espece,
avoir la faculté d’appercevoir son gibier, de le
poursuivre, de le saisir, de le vaincre, de le
dépecer. Il lui faut donc , de toute nécessite , une
vue perçante, un odorat fin , une course rapide ,
de l ’adresse et de la force dans les pattes et dans
les mâchoires. Ainsi jamais une| dent tranchante
et propre à découper la chair ne coexistera dans
la même espèce avec un pied enveloppe de
corne, qui ne peut que soutenir 1 animal, et
avec lequel il ne peut saisir. De là la regie que
tout animal à sabot est herbivore ; et ces règles
encore plus détaillées, qui ne sont que des corollaires
de la première , que des sabots aux pieds
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