Ô2 Iere L eçon. Economie animale.
comme on le faisoit autrefois 3 il se trouverait dans
la première classe , outre les oiseaux ordinaires,
des mammifères (les chauves-souris), des reptiles
( le dragon ), des poissons (lesdiverses espèces de
poissons volans ) , et une multitude d’insectes. Il en
seroit de meme, plus ou moins, des deux autres
classes. Ainsi, si on vouloit parler d’un seul de leurs
organes, du foie , par exemple, on ne trouverait
pas une seule qualité qui pût lui être attribuée dans
toute une classe, ni une qui fut affectée exclusivement
à l une des trois, à l ’exception des deux autres.
Cet exemple est propre, par son évidence , à
montrer de quelle importance il est de bien choisir
les-earacleres de ses divisions 3 car, quoiqu’on ne
fasse plus aujourd’hui, dans la formation» des méthodes
et des systèmes d’histoire naturelle, des
fautes aussi grossières que celle-là , plusieurs naturalistes
n’ont pas laissé d’adopter, même dans ces
derniers temps, des divisions qui ont aussi, dans le
détail, de ces sortes de résultats.
Le but de toute bonne méthode est de réduire la
science à laquelle on l ’applique, à ses moindres
termes, en elevant les propositions qu’elle comprend
a la plus grande généralité dont elles soient susceptibles.
Ainsi, pour en avoir une bonne en anatomie
comparée, il faut qu elle soit telle, que l’on puisse
assigner à chaque classe , et à chacune de ses subdivisions,
des qualités communes touchant la plus
grande partie des organes. On peut arriver à ce but
par deux moyens différens , qui peuvent se servir
de preuve et de vérification l’un à l ’autre : le premier
, et celui auquel tous les hommes ont dû ayoir
recours naturellement, c’est de passer de l’observation
des espèces à leur réunion en génres , et en
collection d’un ordre supérieur, suivant qu’on s’y
voit conduit par l’ensemble de leurs attributs ; le
second, que la plupart des naturalistes modernes
ont employé , est de fixer d’avance certaines bases
de division , d’après lesquelles on range les êtres à
mesure qu’on les observe.
Le premier moyen ne peut tromper ; mais il
n’est applicable qu’aux êtres dont on a une connois-
sance parfaite. Le second est d’un usage plus général
; mais il est sujet à erreur. Lorsque les bases
qu’on a adoptées ne rompent point les combinaisons
auxquelles l’observation conduit, et lorsque
ces bases sont indiquées par les résultats de l’observation,
les deux moyens se trouvent d’accord,
et on peut être certain que la méthode est bonne.
Mais, dans le cas où il n’est pas possible d’employer
le premier moyen, il faut calculer par le
raisonnement la valeur de ses bases 3 et c’est là que
l ’importance des organes dans lesquels on les prend
est d’un grand secours. Les naturalistes n’ont pas
ignoré ces principes 3 et c’est sur ces considérations
qu’ils ont établi leurs distinctions entre les organes
du premier, du second, du troisième rang, etc.
Mais ils auraient dû porter plutôt leur attention
sur les fonctions elles-mêmes que sur les organes :
car toutes les parties, toutes les formes, toutes les