cules , qu’ils ne croissent que par la juxta-position
de molécules nouvelles qui viennent envelopper
par leurs couchés la masse des premières, et qu’ils
ne se détruisent que lorsque quelque agent mécanique
vient en séparer les parties, ou que quelque
agent cliymique vient en altérer les combinaisons ,
les corps organisés, tissus de libres et de lames
dont les intervalles sont remplis de fluides , se résolvent
presque entièrement en substances yola-
tiles , naissent sur des corps semblables à eu x , et
ne s’en séparent que lorsqu’ils sont assez développés
pour agir par leurs propres forces , s’assimilent
continuellement les substances étrangères, et, les intercalant
entre leurs molécules, croissent par une
force intérieure, périssent enfin par ce principe
intérieur et par l ’effet même de leur vie.
L ’origine par génération, l ’accroissement par
n u t r i t io n la fin par une véritable mort, tels
sont donc les caractères généraux et communs à
tous les corps organisés : mais si plusieurs de ces
corps n’exercent que ces fonctions-là et celles qui
en sont les accessoires, et n’ont que les organes nécessaires
à leur exercice, il en est un grand nombre
d’autres qui exercent des fonctions particulières ,
lesquelles non seulement exigent des organes qui
leur soient appropriés , mais encore modifient
nécessairement la manière dont les fonctions générales
sont exercées, et les organes qui sont propres
à ces fonctions.
De toutes ces facultés moins générales , qui supposent
l’organisation, mais qui n’en sont pas des
suites nécessaires, la faculté de sentir et celle de se
mouvoir à volonté , en tout ou en partie , sont les
plus remarquables, et celles qui ont la plus grande
influence dans la détermination des autres fonctions.
Nous avons la conscience que ces facultés existent
en nous, et nous les attribuons, par analogie et
d’après les apparences, à un grand nombre d’autres
êtres, que nous nommons, à cause de cela, les
êtres animés, ou , d’un seul mot, les animaux.
Ces deux facultés paroissent être nécessairement
liées. D’abord l ’idée même de mouvement volontaire
contient en elle celle de sensibilité ; car on
ne conçoit point de volonté sans désir, et sans sentiment
de plaisir ou de peine. Il peut bien exister
des corps qui, quoiqu’inanimés, manifestent à l’extérieur
des mouvemens produits par un principe
interne $ mais ces mouvemens sont de même nature
que tous ceux qui constituent les fonctions essentielles
à la v ie , et ne peuvent mériter le nom de
volontaires.
D’un autre côté, la bonté avec laquelle la nature
a traité toutes ses productions ne nous permet
guère de croire qu’elle ait privé des êtres susceptibles
de sensation, c’est-à dire de plaisir et de
peine , du pouvoir de fuir l ’une et de tendre vers
1 autre jusqu’à un certain point ; et si parmi les
malheurs trop réels qui affligent notre espèce, un
des plus touchans est celui de l’homme de coeur
qu’une force supérieure retient dans l ’impuissance