Aujourd’hui que cette collection, enrichie
par une administration sage et par un travail
assidu, surpasse toutes celles qui existent dans
son genre ; aujourd’hui qu’elle présente, dans le
plus bel ordre et dans le plus grand développement,
toutes les parties du corps animal prises,
dans les espèces les plus éloignées, depuis celles
qui s’approchent le plus de l’homme par leur perfection,
jusqu’à celles où l ’on n’apperçoit plus
qu’une pulpe à peine organisée, la simple anatomie
comparée est presque devenue un jeu : il
suffit d’un coup-d’oeil pour appercevoir les variations,
les dégradations successives de chaque organe
$ et si les effets que ces organes produisent
ne sont pas encore expliqués, c’est qu’il y a dans
les corps vivans quelque chose de plus que ces
fibres , que ces tissus qui frappent nos yeux ;
c ’est que la partie mécanique de l ’organisation
n ’e s t , pour ainsi d ire , que l’instrument passif
quadrupèdes décrits dans la grande Histoire naturelle. Buffon,
qui l’aimoit et qui l’estimoit, a parlé dé lui avec éloge dans
plusieurs volumes de son immortel ouvrage. Son attachement
à sa patrie lui a fait refuser des postes brillans qui lui ont
été offerts par des puissances étrangères, et entre autres
celui de premier chirurgien du roi de Naples, qui lui fut
offert en 1770 , et celui de premier chirurgien du roi d’Espagne,
auquel il a réellement été nommé en 1772. Il est l’inventeur
de plusieurs procédés ingénieux relatifs aux préparations anatomiques.
de la v ita lité , et qu’entre le premier ébranlement
des élémens imperceptibles et le mouvement
sensible qui en est le dernier résultat ,
il se passe une multitude de mouvemens intermédiaires
dont nous n’avons aucune notion.
Combien de combinaisons , de décompositions
ont eu lieu dans cet intervalle ? combien
d’affinités ont joué r Et quel seroit le physiologiste
qui oseroit seulement hasarder quelques
conjectures sur le plus grand nombre des
opérations qui se passent dans cet impénétrable
laboratoire ? tant la chimie humaine ,
malgré les heureux efforts de nos contemporains,
est encore dans l’enfance, lorsqu’on la
compare à celle de la nature î
Cependant ces ténèbres ne doivent point
nous effrayer ; c ’est à l’anatomiste à y porter
les premières lueurs : c’est à lui de faire con-
noître au physiologiste la partie ffiatérielle
des phénomènes et les instrumens des opérations
; de décrire les canaux que les liquides
-parcourent, les conducteurs qui transmettent
les fluides , d’en suivre les embranchemens et
d ’en reconnoître toutes les communications :
c ’est à lui de mesurer la vitesse de chaque mouvement
et d’en déterminer la direction.
Mais , pour remplir cette tâche d’une manière
satisfaisante , il ne doit pas s’arrêter
uniquement à ce que les phénomènes ont d’ina
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