4 I sre L eçon. Économie ànimale.
son activité à ce résultat tranquille , et que sa
sphère s’étend au-delà des limites du corps vivant
lui-même. Il ne paroît pas du moins que cette
force diffère de celle qui attire de nouvelles molécules
pour les intercaler entre celles qui existaient
déjà 5 et cette action du corps vivant pour attirer
les molécules environnantes n’est pas moins continuelle
que celle qu’il exerce pour retenir les
siennes propres r car , outre que l’ahsorptïon des
matières alimentaires, et leur passage dans le
fluide nourricier et par lui à toutes les parties ,
ne souffrent guère d’interruption, et se continuent
d’un repas à l ’autre, il y a une autre absorption
qui se fait continuellement a la surface extérieure,
et une troisième qui a lieu par l’effet de la respiration.
Ces deux dernières sont même les seules
qui existent dans tous les corps vivans qui ne digèrent
pas , c’est-à-dire dans toutes les plantes.
O r , comme les corps vivans ne croissent pas
indéfiniment, mais que la nature a assigne à chacun
d’eux des limites qu’il ne peut passer, il faut qu’ils
perdent d’un côté au moins une grande partie de
ce qu’ils reçoivent de l’autre ; et en effet une observation
attentive a appris que la transpiration et
une multitude d’autres voies leur enlèvent continuellement
de leur substance.
Cela doit modifier l’idée que nous nous étions
formée d’abord du principal phénomène de la
vie : au lieu d’une union constante dans les molécules
, nous devons y voir une circulation continuelle
du dehors au dedans , et du dedans au
dehors , constamment entretenue et cependant fixée
entre certaines limites. Ainsi les corps vivans doivent
être considérés comme des espèces de foyers ,
dans lesquels les substances mortes sont portées successivement
pour s’y combiner entre elles de diverses
manières , pour y tenir une place et y
exercer une action déterminées par la nature
des combinaisons où elles sont entrées , et pour
s’en échapper un jour afin de rentrer sous les lois
de la nature morte.
Seulement il faut observer qu’il y a une différence
dépendante de l’âge et de la santé, dans la
proportion des parties qui entrent dans ce torrent,
et de celles qui en sortent ; et que la vitesse du
mouvement général varie également selon les diffé-
rens états de chaque corps vivant.
Il paroît même que la vie s’arrête par des
causes semblables à celles qui interrompent tous
les autres rnouvemens connus, et que le durcissement
des fibres et l ’obstruction des vaisseaux
rendroient la mort une suite nécessaire de la v ie ,
comme le repos est celle de tout mouvement qui
ne se fait pas dans le vide , quand même l ’instant
n’en seroit pas prévenu par une multitude de causes
étrangères au corps vivant.
Ce ' mouvement général et commun de toutes les
parties est tellement ce qui fait l ’essence de la vie ,
que les parties que l’on sépare d’un corps vivant
ne tardent pas à mourir , parce qu’elles n’ont point
A S