58 Iere L eçon. Économie animale.
lement par l ’étude approfondie de ces rapports ,
et par la découverte de ceux qui nous ont échappé
jusqu’à présent, que la physiologie a le plus d’espoir
d’étendre ses limites : aussi doit-elle regarder
l ’anatomie comparée comme une des plus riches
sources de son perfectionnement.
Au reste, en demeurant toujours dans les bornes
que les conditions nécessaires de l’existence pres-
crivoient, la nature s’est abandonnée à toute sa
fécondité dans ce que ces conditions ne limitoient
pas; et sans sortir jamais du petit nombre des
combinaisons possibles entre les modifications essentielles
des organes importans, elle semble s’êtr'e jouée
à l ’infini dans toutes les parties accessoires. Il ne
faut pas pour celles-ci qu’une forme, qu’une disposition
quelconque soit nécessaire ; il semble même
souvent qu’elle n’a pas besoin d’être utile pour
être réalisée : il suffit qu’elle soit possible, c’est-
à-dire , qu’elle ne détruise pas l’accord de l’ensemble.
Aussi trouvons-nous, à mesure que nous
nous éloignons des organes principaux , et que
nous nous rapprochons de ceux qui le sont moins ,
des variétés plus multipliées ; et lorsqu’on arrive
à la surface, où la nature des choses vouloit que
fussent précisément placées les parties les moins
essentielles , et dont la lésion est la moins dangereuse,
le nombre des variétés devient si considérable
, que tous les travaux des naturalistes n’ont
pu encore parvenir à en donner une idée.
Dans toutes ces combinaisons il s’en trouve
Art. IV. Rapports des organes. 5g
nécessairement beaucoup qui ont des parties communes
, et il y en a toujours un certain nombre
qui ne diffèrent que très - peu , en sorte qu’en
plaçant les unes auprès des autres celles qui se
ressemblent le plus , on peut en établir une espèce
de suite qui paroîtra s’éloigner comme par degrés
d’un type primitif. C’est sur ces considérations que
reposent les idées que certains naturalistes se sont
formées d’une échelle des êtres qui les rassemble-
roit tous en une série unique, commençant au
plus parfait et finissant au plus simple, à celui
qui seroit doué des propriétés les moins nombreuses
et les plus communes , et telle, que l’esprit passe-
roit de l’un a l’autre sans presque appercevoir
d’intervalle, et comme par nuances insensibles. En
effet, en restant dans certaines limites, et sur-tout
en considérant chaque organe isolément et en le
suivant dans toutes les espèces d’une classe, on le
voit se dégrader avec une uniformité singulière ;
on l’apperçoit même encore en partie , et comme
en vestige, dans clés espèces où il n’est plus d’aucun
usage , en sorte que la nature semble ne l’y
avoir laissé que pour demeurer fidèle à la loi de
ne point faire de saut. Mais d’une part les organes
ne suivent pas tous le même ordre de dégradation
: tel est à son plus haut degré de perfection
dans une espèce , et tel autre l’est dans une espèce
toute différente , de manière que si on vouloit
ranger les espèces d’après chaque organe considéré
en particulier, il y auroit autant de séries à former