CHAPITRE VIII. 151
su r cette partie si peu connue e t si intéressante de l’histoire ; malheureusement
les habitations ne laissent p a rto u t que peu ou point de traces.
De toutes les contrées de l’islamisme, l’Égypte a été la plus souvent conquise
e t la plus exposée aux dissensions des milices qui se disputaient le pouvoir
souverain. La capitale, où commençaient e t finissaient d ’ordinaire ces
drames sanglants* n ’a conservé, pour ainsi dire, aucune tra c e des anciennes
demeures des khalifes et des soultans, si ce n ’est la porte du palais de Beybars
qu’on voit près de Bab-el-Wizir.
Quelques anciennes maisons ont gardé, malgré les ravages du temps e t des
révolutions, de beaux restes de leu r ancienne splendeur e t prouvent que la
richesse et l ’élégance, que les Arabes déployaient dans leurs édifices publics,
se faisaient également remarquer dans leurs habitations particulières.-
La p lupa rt des habitations élégantes, après la chute des mamlouks, é taient
échues aux plus grands personnages tu rk s; récemment ils ont d é tru it les mou-
charabyeh, p our leu r substituer des fenêtres à la franke; ils ont fait disparaître
les arabesques et les couleurs sous une couché épaisse de chaux; enfin ils ont
sacrifié au goût des palais de Constantinople, le confort et la beauté des vieilles
maisons du Kaire.
Parmi les barbares qui ont ainsi mutilé 'lès chefs-d’oeuvre de l ’a rt arabe,
nous citerons Alhem-Bey, ancien d ire c teu r de l ’arsénal, ancien ministre dé
l ’instruction p u b liq u e ,'p a rc e qu ’il à passé plusieurs années en Europe e t se
pique de science e t de goût. Il a u ra it dû apprécier davantage cette archi tecture,
pa r l’éloge qu’il en a entendu faire aux F rancs, e t cependant il a été impitoyable
pour les arabesques et les vitraux de sa maison, jadis l’une des plus délicieuses
du Kaire. Du resté, c’è st à lui qu ’o n 1 doit la destruction du divan de Salah-el-
Din à la citadelle, acte de yandalisme dont Méhémet-Aly a profité pour asseoir
la mosquée si peu digne d ’intérêt, qui domine aujourd’hui la ville des khalifes
e t des émirs.
Cependant on retrouve encore au Kaire quelques maisons qui o n t conservé,
malgré les injures des hommes et du temps, un aspect e t une distribution qui
ne se présentent plus dans les constructions élevées récemment. Ce$ anciennes
maisons sont bâties de pierre de taille au rez-derchaussée e t de briques pour les
étages supérieurs. Elles sont construites fort solidement, e t à; p eu près comme
des cages, c’est-à-dire qu’elles ont de massifs piliers de maçonnerie formant en
quelque sorte la membrure de l ’édifice. Ces piliers sont joints p a r des murs
légers où s’encadrent d ’immenses ba ie s, garnies de grillages réticulaires ou
d’élégants moucharabyeh, laissant passer plus d’a ir que de lumière.