Les entrées de la mosquée sont aujourd’hui condamnées, pour en in te rdire
l’accès au public, parce qu’elle tombe en ru in e de toutes parts.
Cet édifice a été élevé su r les restes d ’une église nestorienne, près de ü a rb -
el-Tebbaneh, mais su r un plan nouveau, p a r Altoûn-BogMun ’de ces émirs dont
le nom étrange, taureau d’or, éveille mille souvenirs, li a la forme d ’un quadrilatère
orné de colonnes antiques à bases e t chapiteaux dissemblables, portant
une suite d’arcades ogivales, dont l’arc outre-passé et; très-svelte porte des
fenêtres e t dont le m u r est surmonté de merlons dentelés.
Cette mosquée présente aussi cette pa rticu la rité remarquable, que les
q u a tre angles in té rieu rs de la cour sont rachetés p a r une espèce de pendentif
à stalactites, qui supporte un petit couronnement en forme de minaret, comme
à Gama Cheykhoun et ailleurs.
La tradition rapporte que les colonnes proviennent d 'u n e mosquée appelée
Rachydey, dans le quartier de ce nom. Ce splendide monument aura it coûté
quinze mille dynars et trois cent mille drachmes, non compris le prix du bois,
d u marbre, etc., fournis p a r le gouvernement.
Double mosquée de Cheykhoun.
765-de l’hégire. — 4354 do l'ère chrétienne.
(P L AN C H K S CVll’I , ÇIX ET CXX VII
Ce remarquable monument eu t pour fondateur l’émir Cheykhoun, régent
sous Melek-el-Saleh, deuxième du nom. Il se trouve à droite e t à gauche de la
grande rue qui monte de Gama Teyloun à la citadelle.
ï'° partie de l’édifice. — l*a première des deux constructions, composant la
double mosquée de Cheykhoun, celle qui se trouve à droite en montant, est
plutôt u n medresseh qu’une mosquée.
L’in té rieu r de la cour, orné d ’un grand arbre, près du Meidâah, est très-
pittoresque. Là se trouve la célèbre colonne de marbre à h u it pans décorés
d ’arabesques; celte colonne est un des ornements du mihrab. Il est regrettable
que le mimbar a it subi une restauration d’un style plus moderne que l’édifice,
mais heureusement le plafond est bien conservé; les ornements en sont assez
beaux, quoique le blanc y domine, au lieu de l ’o r des anciens édifices.
La coupole qui renferme le tombeau du fondateur est dénuée d ’ornements ;
on a peint su r les murs des imitations de carreaux de faïence e t deux grossières
représentations de la Mekke e t de Médine. En outre il n ’existe plus que deux
fragments des anciens fenêtrages à claire-voie.
j2e partie de VédificeM— La seconde de ces constructions ou Gama Chey-
khoun, proprement dite, à gauche en montant, contient un a rc ogival supporté
par des colonnes ayant des poutrelles d ’un chapiteau à l’autre. Le mimbar est
en pie rre sculptée, d’un style lourd, d ’une ornementation insignifiante, e t est
orné de deux colonnes de chaque côté.
Mosquée du soultan Haçen.
757 ou 758 de. l’hégire. — 4356 de l’ère chrétienne.
( p l a n c h e xi . )
L’islamisme, d it Makrizy, historien arabe, ne possède aucun temple qui
puisse ê tre comparé à la mosquée du soultan Haçen, p our la hau teu r e t la grandeur
de l’édifice, e t pour la beauté de son architecture ; il a coûté trois années
consécutives de travail e t la dépense de chaque jo u r allait à p rès de mille mitqàls
d ’or (15,000 francs e n v iro n )/
Quelque temps après qu’il fut achevé, un de ses minarets tomba et écrasa
dans sa chute environ 300 orphelins occupés à l’étude. Le peuple regarda
cet événement comme un présage sinistre des malheurs qui menaçaient son
fondateur, Melek-el-Ndcer-Ilaçen, qui fut tué , en effet, trente-trois jo u rs après,
en 763 (1360).
Gama Soultan Haçen e st réellement l’u n des plus beaux monuments de
l'Egypte musulmane, tant par la hardiesse de sa coupole, l’élévation de. ses deux
minarets, la grandeur imposante du bâtiment e t su rto u t la beauté de son
entrée, que p a r la richesse de ses marbres, le fini e t le goût de ses ornements
de p ierre, de bronze, de bois, de plâtre, prodigués à l’envi, su r le pavé., su r
les m urailles, su r les portes et su r les grillages.
Les plus brillantes arabesques de toutes couleurs, azur, or, vert, rouge,
décorent l ’in té rieu r de la coupole, où sont suspendues, au-dessus de la tombe du
fondateur, de nombreuses lampes ornées d ’oeufs d ’autruche. On y admire aussi •
des sentences e t .des versets du Qorân dont les lettres colossales, entremêlées
de fleurs et d ’enroulements de toutes sortes, se développent comme des bandes
de gigantesques d entelles appliquées to u t à l’entour de l ’édifice.
La mosquée colossale du soultan Haçen a environ 150 mètres de longueur
totale su r le grand axe ; l’élévation du grand minaret, qui p a ra ît le plus ancien,
est de 80 pieds.
L’architecte, contraint de bâ tir su r un terrain irrégulier, a tracé un plan
tout différent de celui des autres mosquées ; mais il a su masquer assez habile