faut chercher son berceau su r la te rre , quelle contrée p o u rra it disputer à
l ’Arabie l ’h onneur de lu i avoir 'donné naissance? Sous quels pinceaux vit-on
jamais l ’a rt de c ré e r e t d’embellir la fiction se déployer avec plus de chaleu
r e t de passion, avec plus d ’énergie et de magnificence, avec une abondance
plus véritablement inépuisable? Nulle p a rt l’esprit n ’a plus de saillies,
l ’âme plus de fougue et d’esso r; nulle p a rt vous ne retrouverez ce beau
désordre qui fait le génie de la n a tu re , ces écarts heureux que redoute la
froide médiocrité, mais dont le talent seul sait se ren d re coupable! »
Que ne peut-on in fé re r dè là? N’y trouvons-nous pas l’explication de ces
différences de style que l ’on observe dans les oeuvres des diverses races soumises
à la loi de Mahomet, quoique à d’autres titres on puisse les consid
é re r comme autant de modes variés d ’un même a rt, parce que les p rin cipes
dont ces races s ’in sp irè ren t dérivaient toujours d’une même so u rc e,
c’est-à-dire de l ’école fondée au centre de l’islamisme? Nous avons nommé
l ’Égypte e t la Syrie. Aussi e s t- ce à cette source pure que nous affirmons
que l ’on doit remonter lo rsq u ’on veut étudier sérieusement l’a r t arabe; sans
oublier, en même temps, que Les p remiers conquérants arabes, ayant trouvé
dans ces contrées l’a rt byzantin, rejeton de l ’a rt g re c , dans to u t son dévelop
p em en t, surent lui em p ru n te r les premiers éléments d ’u n a rt nouveau
qui p û t s’adapter aux prescriptions de leu r croyance.
Ajoutons encore que, seuls, les P e rsan s, en ne repoussant pas les tra ditions
d’un a rt préexistant, e t en ne te n a n t aucun compte de la prescription
du Qorân, qui in te rd it toute représentation de la figure humaine e t des animau
x , paraissent avoir préféré un style particulier, peut-être p a r suite d ’une
sentimentalité plus délicate, style qui ne laissa pas que d’exercer su r l’a rt
arabe la plus heureuse influence.
Disons-le également, la connaissance approfondie-de la civilisation musulmane
nous est devenue indispensable pour sonder les origines de,nos arts
du moyen âge, et nous ne craignons pas d’avancer que le grand mouvement
des croisades contribua puissamment à faire so rtir l’Europe occidentale de
l’éta t d ’anéantissement dans lequel elle était tombée depuis l’invasion des
Barbares.
En effet, grâce à ces expéditions aventureuses, dont le ré su lta t politique
fut à peu près n u l, les Orientaux nous transmirent la connaissance de plus
d’une science e t des procédés mécaniques de l ’industrie, e t, en offrant à l’admiration
de l ’Occident les chefs-d’oeuvre d ’un a rt parvenu à u n h a u t degré
de perfection, to u t en l’initiant à tous les raffinements d ’une civilisation trè s -
avancée, ils provoquèrent cette imposante renaissance commencée au xv° siècle,
et qui fit su rg ir tant d ’admirables monuments.
Nous pouvons dès lors affirmer qu e , depuis la chute de l ’empire romain,
il n ’est pas de peuple qui soit plus digne d ’être c o n n u , soit que l ’on fasse
attention aux grands hommes qu ’il a p ro d u its , soit que l ’on considère les
prodigieux progrès que lés arts et les sciences ont faits chez les Arabes pendant
plusieurs siècles.
Nous étudierons donc la manifestation du génie arabe en a rchitecture,
dans la dé co ratio n , dans les capricieuses ornementations connues sops le
nom cVarabesques j , e t jusque dans les moindres détails de ses ameublements
pendant les trois périodes historiques où il a dominé en Egypte.
La première de ces p é rio d e s , depuis la conquête p a r Amr ju sq u ’à la
déchéance des khalifes du vu® au xu® siècle, n ’est repré senté e que p a r u n petit
nombre de monuments complets dans lesquels on reconnaît aisément l ’in-
tluence de l ’a rt byzantin.
La seconde période, du xiii® au xv® siècle, depuis la dynastie des mam-
louks baharites ju sq u ’aux soultans o ttom a n s , nous montrera l’architecture
religieuse atteignant son apogée e t les édifices civils riva lisant avec elle, en
même temps que, l’architecture présentera des spécimens de constructions
rappelant l’a rt gothique européen.
Enfin la dernière période, du xvi® au xviii® siècle inclusivement, à p a rtir
de la conquête p a r le sultan Selym jusqu’à l ’arrivée de l’expédition française
en Égypte, époque pendant laquelle l ’inspiration artistique achève de
s éteindre sous l ’influence tu rk e , nous offrira encore quelques oeuvres d’un
vrai mérite ; on y devine la suprême protestation d u génie arabe contre la
barbarie.
En sauvant de l’oubli ces trésors ignorés ju sq u ’ici de la p lu p a rt des