apportent du désert, qui ont exhaussé progressivement, dès la plus haute antiquité,
e t exhaussent encore le sol de ce pays.
11 commence à grossir dès le mois de mai, mais le débordement ne se
manifeste qu ’à p a rtir du mois de juin, p our se continuer ju sq u ’au mois de septembre,
et l’accroissement jo u rn a lie r de ses eaux, du plus ou moins d ’élévation
desquelles dépend l ’abondance des récoltes, se constate au moyen de puits qui
servent d’échelles ou de nilomètres, et du célèbre Mékias de l ’île de Roudah.
Les villes, presque toutes bâties su r des monticules artificiels, en même
temps qu ’elles sont reliées p a r de longues chaussées qui les font communiquer
en tre elles et avec les villages intermédiaires , dominent l ’inondation et appara
issen t comme autant d ’îlots su r cette mer d’un jour.
Cependant les eaux ne p ourraient pas se répandre p a rto u t, suivant les
besoins, s i, pour en faciliter l ’aménagement, l’on n ’entreprena it pas de grands
travaux; les cultivateurs ouvrent des tranchées, creusent des canaux qui, exécutés
avec toute l’exactitude des règles de l’a r t, font de l’Égypte une des contré
e s les plus fertiles et les plus riches du globe.
Cette pratique agricole est en usage depuis les temps pharaoniques les
plus re c u lé s; le plus remarquable de ces travaux a é té , sans c o n tred it, le lac
Moeris (a u jo u rd ’hui desséché, e t dont s’est formée depuis une riche province
appelée Fayôum), qui n ’était au tre chose q u ’un vaste ré servoir encaissé dans la
chaîne Libyque.
Enfin, lorsque le Nil rentre dans son lit, c’est-à-dire au commencement de
la saison d ’hiver de n o tre Europe, l’a ir devient embaumé, les p ra iries Sont
to u t émaillées de fle u rs , e t l’Égypte n ’est plus qu’u n vaste ja rd in auquel le
laboureur a confié, sans c u ltu re , des semences qui vont se transformer en
splendides moissons.
Mais ce spectacle ne s’offre à la vue que là où le fleuve a déposé son
limon, car p a rtout ailleurs le soleil frappe de stérilité et de mort les sables que
l ’inondation a délaissés.
On divise encore aujourd’h u i, comme dans l ’an tiq u ité , l ’Égypte en trois
parties : 1° le Saïd, qui veut dire haut, élevé ; c’est la haute Egypte, qui p o rta it
le nom d eThébaïde; son nouveau nom indique son é ta t topographique spécial;
le Saïd commence à la première c atarac te ; 2° l’Égypte moyenne ou Ouestanheh
(Vostani), qui finit au Kaire; e t 3° la basse Égypte ou Bahireh; c’est encore
aussi le Delta.
Au temps des soultâns-mamlouks, l ’Égypte était divisée en quatorze provinces
: sept au midi et sept au nord. Ossiout était la capitale du Saïd,- Enfin
n o u s ne devons pas oublier de mentionner Qous, qui fut un moment le siège
du khalifat.
DU C L IM A T .
Le climat de l’Egypte passe avec raison p our être un des plus b rû la n ts ,
parce que dans les deux provinces moyenne e t basse le thermomètre s’y maintient
à une h au teu r moyenne de tren te -h u it degrés centigrades p endant les
mois de juille t e t d’ao û t, e t qu’au Saïd la chaleur y est encore plus élevée.'
Heureusement, pendant les autres mois de l ’a n n é e ,'la tempé ra ture y e st supportable,
ce qui p ermet d ’y reconnaître deux saisons assez bien tranchées, un
printemps et un été.
Pendant l’été le ciel e st é tin c e la n t, la chaleur devient accablante à ce
point que l’a ir pa ra ît embrasé ;• elle peut même devenir funeste aux hommes
nés dans d’autre s climats, car, sous l’hab it le plus léger e t dans l’é ta t du plus
grand repos, on e st moite de sueur, et la moindre suppression de transpiration
dégénère en maladie mortelle; les Egyptiens eu x -m êm e s® - il est vrai qu’ils
sont tous presque nus, — frissonnent à la moindre brise d ’air.
On serait tenté de croire qu’avec de telles chaleurs e t un sol qui re s te à
l’é ta t marécageux pendant près de trois mois, l’Égypte est un pays malsain; il
n ’en est rien p o u rta n t, e t cela à cause de la siccité habituelle de l ’a ir e t du
voisinage des déserts sablonneux de l’Afrique in té rieu re e t de l’Arabie, qui
aspirent sans cesse l’humidité de l ’a tm o sp h ère, e t aussi à cause du courant
perpétuel des vents qui passent au-dessus d’elle sans ren co n tre r d ’obstacles ;
cette siccité est si grande, en effet, que les viandes exposées au vent du n o rd ,
au moment de la plus grande ch aleu r, non-seulement ne se putréfient p a s,
mais; au contraire, se dessèchent et deviennent dures comme du bois.
En o u tre ,T é ta t salin du sol vient encore apporte r sa p a rt d’assainissement;
on n ’ignore pas que les pierres y sont rongées par le natron.
Ce so n t, sans nul d oute , ces qualités particulières de l’a ir e t du so l,
jointes à la ch aleu r, qui donnent à la végétation une activité inconnue à nos
climats froids; car, pa rtout où les plantes ont de l ’eau, elles s’y développent
pour ainsi dire à vue d ’oeil; nous sommes néanmoins forcés de faire ici une
remarque : lès plantes étrangères y dégénèrent rapidement. Mentionnons
encore u n au tre phénomène particulier à ce pay s, celui de la formation de la
rosée; la rosée ne se produit pas en Égypte comme a illeu rs, seulement quand
l ’atmosphère est calme, mais aussi sous l ’influence des vents, su rto u t sous celle
des vents du nord et de l ’ouest.