y avoir joué u n rôle plus important e t l’on sent q u ’il y a dû y avoir dans le
harem un e reine, à qui les autres épouses é taient plus ou moins subordonnées.
Il y a plus d’étendue, plus d ’a ir, plus de verdure et quelque chose de plus mystérieux
dans les demeures égyptiennes que dans les m aisons algériennes, où l’oeil
n ’a pas d ’espace pour se promener et n’est charmé que p a r la couleur monotone
des carreaux de faïence dont le s murs blancs sont lambrissés çà e t là.
Pour les recluses, les demeures d’Alger devaient ê tre des prisons étroites,-
les demeures du Kaire, des cages vastes, brillantes et dorées. En A lgérie, c’était
pour les hommes u n iq u em en t u n lieu de repos; en Égypte, u n lieu où l’on avait
fait une p a rt aux deux faces de l’existence, la vie publique e t la vie privée. ,
Nous nous plaisons à rêv e r à tout cela, en dessinant, nous aimons à repeup
le r les maisons avec les êtres qui ont dû les habiter autrefois, et le cadrè;est
tellement fait pour, les scènes, décrites dans les Mille et m e Nuits, qu’on y
re v ien t constamment. C’est la meilleure preuve, croyons-nous, de l’origine de
ces contes, qui commencent à disparaître des récitsij'Ôurnaliers, tant la poésie
brillante e t colorée achève aujourd’hui de s’éteindre.
CHAPITRE IX
ARC U IT E C T tm K M II.IT .V ïH E .
E N C E IN T E S .— PORTES. — CITADELLE DU KAIR E. — PORTES FOR TIF IÉ E S DES MAISONS.
Les. monuments religieux, occupant presque tout l ’espace consacré à l ’a r chitecture,
après avoir parlé du culte de la Divinité e t de celui des morts, il
restera peu de. chose à dire de l’architecture militaire aussi bien que do l’arch itecture
civile, les spécimens de l’a rchitecture militaire ayant d is p a ru le s premiers,
tant par suite de leu r objet même que p a r suite des progrès de la science
militaire. Aussi, les villes de France-contemporaines des croisades offrent-elles
encore des spécimens mieux $ |n s erv és que ceux qu’on rencontre aujourd’hui en
Orient.
Après la fondation du Kaire p a r le lieutenant du khalife fatimite, on s’occupa
d’en to u re r la ville de murailles, et les portes de la cité fu ren t fortifiées,
niais seulement pour les mettre à l ’abri d’un coup de main, ce qui était plus que
suffisant chez-ces peuples à qui l’usage des armes était peu familier.
Trois de ces portes subsistent encore, e lle s.sont .très-rremarquables e t provoquent
l ’admiration des voyageurs. Ces trois portes sont : Bab-el-Nasr, ou porte
de la victoire; Bab-el-Fôutouh> ou porte des conquêtes; Bab-el-Zoueyleh3 ou porte
des Zouiliens (serviteurs dévoués dès khalifes falimites), qui se trouve aujourd’hui
à l’in té rieu r du Kaire, près de la mosquée d ’El-Moyed, dont elle semble
faire partie.
Suivons l’ordre chronologique de le u r construction (¿180 à £88 de l ’hégire) :
La porte de Bab-el-Nasr est d ’une construction massive, mais d’un bon
style, qui n ’offre rien de commun avec ce qu’on est tenu d ’appeler l ’a rch ite c tu
re arabe. Une belle corniche, d’une excellente exécution, court su r les faces
des deux tours carrées qui flanquent cette porte e t se continue su r ces faces à
la hau teu r des murailles, au-dessus desquelles les tours s ’élèvent d’environ
vingt pieds (fig. 6 et 7).