de la terre, ses montagnes, ses mers, ses fleuves, ses villes, ses chemins, èomme
u ne carte de géographie : la figure de la Mekke e t de Médine était parfaitement
reconnaissable. Au-dessus d‘e chaque province, de chaque montagne, de chaque
mer, de chaque fleuve, de chaque ville, se trouvait le nom brodé d ’or, d ’argent
ou de soie. Ce morceau curieux avait coûté 22,000 dynars.
Un au tre émir eut, en tre autre s objets pré c ieu x , une tente de satin rouge
tissu d ’or, qui avait été faite p our le khalife Montawakkel e t qui était d’une
valeur inestimable.
Armes. — Le palais du khalife renfermait un nombre prodigieux d’épées, de
lances et d’armes de toute espèce. La fameuse épée appelée Dhoul-Fiqar tomba
en partage à l’un des généraux révoltés. Un au tre eut p our sa p a rt l’épée d’Amr,
fils de Mady, celle d ’Abd-Allah-ben-Wahab, celles de Djâfar le Juste, de Moez-
le-Din e t du père de ce khalife. Il y avait aussi plusieurs coffres remplis de
poignards dorés et argentés dont les manches é taient garnis de pierreries de
toute espèce.
Parmi les armures qui devinrent la proie de ces factieux, on distinguait la
cuirasse de Moez-le-Din-Illah estimée 1,000 dynars, l’épée de Housseyn fils
d’Aly, le bouclier d’Hamzah, des casques, des cuirasses, dès caparaçons enrichis
d ’or et d ’argent, des coffres remplis d ’arcs et dé flèches, u n sac plein de
javelots en bois de Khalandy, et des faisceaux d é p iq u é s et de lances fabriquées
dans la ville de Khâtt. Tous ces objets réunis formaient u n tofal de 200^000 pièces
d’armures.
Étendards. — Le khalife ayant fait p résent de ce que renfermait le dépôt des
étendards, on passa la n u it â les transporter. On en trouva, entres autres, 1,900
de Lamat, avec des armures de toute espècè, des drapeaux, des cannés d ’or et
d’argent et des objets précieux de différents genres.
Suivant le rap p o rt d ’un témoin bien informé, le dépôt des étendards re n fermait
une immense quantité de meubles, d’ustensiles et d ’objets précieux de
tout genre, dont il eut été impossible de déterminer la valeur. Depuis la fondation
du palais, C’eSt-à-dire depuis plus de cent a n s , on avait employé chaque
année, p our former cette rich e collection, une somme de 70,000 à 80,000 dynars,
e t jamais on n ’avait rie n ôté de ce qui s’y trouvait précédemment.
Tout cela fut réduit en cendres p a r suite de l’imprudencè d ’un domestique
et il n ’en resta pas le moindre vestige.
Tentés'. — Parmi les objets enlèves du palais de Mostanser-Billàh, on compta
it encore u n nombre prodigieux de tentes, de pavillons,' de châteaux formés
d ’étoffes d’o r, de Dabik, de Behneseh, de velours, de satin, de Damas e t de soie,
de toute espèce et de toutes couleurs. Les uns étaient tout unis, d’autre s é taient
couverts des plus belles p eintures et présentaient des figures d’hommes, d ’éléphants,
de lions, de chevaux, de paons, d ’animaux e t d’oiseaux de toute espèce.
L’in té rie u r était revêtu de velours, de satin brodé d’or, d’étoffe de soie de la
Chine et de Coster, de tous genres e t de toutes couleurs.
Chaque tente était accompagnée de tous les meubles et des ustensiles nécessaires.
On y voyait des colonnes couvertes d’argent, des tapis dorés ou non
dorés, des vases d ’argent e t des cordes revêtues de coton ou de soie. Quelques^-
unes de ces tentes é taient si vastes qu’il fallait 20 chameaux .ou même davantage
pour les porter.
On distinguait surtout u ne tente appelée la Grande-Rotondexso u ten u e p a r une
seule colonne qui avait 65 coudées de h auteur, 6 coudées 2/3 de diamètre et
20 coudées de circonférence. La tente avait elle^même 500 coudées de circonfé
renc e, e t était formée de 6à pièces d’étoffes qui s’attachaient les unes aux
autres avec des boucles et des agrafes. Il fallait 100 chameaux pour p o rte r les
diverses parties de cet édifice, avec les cordes, les meubles e t tous les ustensiles
accessoires. On voyait dans c ette tente une cuve d’argent qui pesait 3 kantars,
mesure d ’Égypte, e t contenait la même quantité d’eau qu ’une de ces outres qui
font la charge d’un chameau. On en avait assuré la solidité au moyen de crampons
de fer disposés dans l’in té rieu r. Toutes les parois de la tente é taient couvertes
de figures d ’animaux et de peintures d’une grande b eauté. Au-dessus du
toit s’élevait une vaste tourelle qui servait de ventilateur. Cette tente avait été
fabriquée sous les ordres de Yazoury à l ’époque où il était vizir d’Egypte. Cent
cinquante ouvriers y avaient travaillé pendant neuf années consécutives et la
dépense, était montée à 30,000 dynars. Mostanser-Billah avait fait demander à
l’empereur des Grecs, pour soutenir cette tente, deux colonnes hautes de 70 coudées.
Le khalife n ’en emploj'a qu ’une, après l ’avoir fait diminuer de 5 coudées.
Ensuite venait un pavillon fabriqué à Tennis pour le khalife Daher, e t dont
le tissu é ta it d ’or p u r ; ce pavillon était soutenu p a r six colonnes d’qrgent et
l’on y voyait plusieurs bassins de cristal. Il avait coûté l à , 000 dynars.
On distinguait aussi une grande tente fabriquée dans la ville d ’Alep, vers
l ’an lik0 , e t p our laquelle on avait dépensé 30,000 dynars. On avait choisi pour
en former le pilier médial, le inât le plus élévé qui se trouvait su r les galères,
des Vénitiens: il avait à-0 coudées de hau teu r et 2à palmes de circonférence. Il
fallait 70 chameaux pour po rte r cette tente e t tous ces. accessoires. Elle renfermait
un bassin d ’argent du poids de deux kantars, sans compter les tuyaux
qui étaient de même métal. Deux cents hommes, valets de chambre et| autres,