Incrustations de stuc (pl. LVII et LYIII). — Dans ces divers spécimens les fonds ou les
|dessins creusés dans le marbre sont, en tout ou en partie, en plein ou par incrustation, formés
par le stuc ou le ciment coloré.;
C’est dans l’Orient qu’il faut rechercher l’origine de cette sorte de mosaïque faite1 âu
moyen d’incrustations en matières colorées, et qui porte ordinairement en Italie le nom de
scagliuola.
Ce genre de décoration, fort usité en Ëgypte et très-peu èn France, mérite d’être pro-i
pagé. Les divers spécimens que nous offre l’art arabe serviront peut-être à étendre le goût
de ces fines arabesques qui se dessinent avec tant d’élégance sur le marbre et semblent en
faire partie.
Quand les ornements sont larges et ventrus, les Arabes emploient au lieu de stuc,,pour
remplir les vides, des morceaux de marbre on de pierres factices.
La plate-bande tirée du Divan d’Adamï est, comme beaucoup d’autres, composée d’une
bande prise dans un grand panneau, manière de procéder des artistes arabes, qui donne à
leur ornementation quelque chose de décousu et d’incomplet qui choque très-souvent.
On voit une plate-bande formée du même entrelac dans le mihrab de la mosqujé'ë
d’Ibrahym-Agha, mais la couleur- des’ marbres est disposée d’une façon moins régulière, le ,
; "ipii jette de la confusion dansùéîtfe mosaïque. -
Lés ornements, entaillés dans le marbre et remplis de stucs- de diverses couleurs, ¡‘so^t
assez fréquents à l’intérieur des édifices' \ partir du xvi" siècle. Ils^S® dus à un procédé
d’incrustation analogue à celui qu’on.fait aujourd’hui à Paris, où toutes sortes de dessins sont
exécutés dans des plaques de marbre avec des morceaux de marbre de diverses couleurs,
réduits en miettes. Ici, au lieu de marbres,J ce sont des stucs qui remplissent | s dessins
entaillés.
Le stuc employé par les Arabes. Sst une espéceide ciment composé avec-de la poussière
de marbre et de la chaux; il peut recevoir un beau poli. Il durcit peu à peu, acquiert une
plus grande solidité que le plâtre et conserve inaltérables les couleurs qu’on lui donne. .
Les ornements exécutés par ce procédé sont faciles à faire partout; en outre, ils ont
l’avantage d’être beaucoup plus économiques que les mêmes arabesques, faites,eq incrustation
de marbre ou en mosaïqué.
Mosquée d’El-Bordeyny. Mosaïques diverses (pl. LIX à LXII). — La mosquée d’El-Bor-
deyny, qui était entièrement décorée de mosaïques, à bien souffert .dé la dilapidation des
habitants du voisinage et entre autres de celle d’Ahd-Allah-Bëy, neveu d’un ministre de la
guerre,: qui a brutalement dépouillé la mosqüée de1, ses plus b e l | | mosaïques, pour en
embellir son palais. N’étant plus rentré dans le temple depuis l’apparition, des dévastateurs,
nous ignorons à l’heure présente si les trois spécimens que nous représentons ici sont encore
en place. • . ' • .
Le premier n’avait rien de particulièrement remarquable, mais le second offrait un des
plus beaux spécimens de mosaïque calligraphique. L’entrelac qui forme la principale partie
ANALYSEE DES PLAN'-GiH-E'S -D-E' L’A ïLAS. \. 267
de :cé précieux tableau présente, en écriture koufique rectiligne, les noms du Prophète et
des principaux khalifes, ses successeurs.
Le troisième spécimen, qu’on retrouve aussi dans le mihrab de la mosquée d’Ibrahym-
Agha, est une mosaïque burgantée où la nacre le dispute aux pâtes vitreuses.
Pour donner une idée exacte du beau mihrab de la mosquée d’El-Bordeyny, décoré
commé le reste de i’édifice, nous avons dû en présenter le développement géométrique,
(pl. LXII), de façon à offrir le trait régulier de cette mosaïque de marbre, de pâtes vitrifiées
et de nacre. Les entrelacs sont dessinés par des languettes de nacre, dont les tons opalins
jettent beaucoup d’éclat et d’harmonie sur le principal compartiment.
Mosquée de Qaouârn El-Dyn (pl. LXIII à LXYI). — Le tombeau renfermé dans cette
mosquée, dont nous ignorons exactement l’époque, présente des formes inusitées et qu’on
rencontre rarement. Il offre comme un souvenir des monuments des croisades, et l’on serait
tenté de croire que l’architecte en a vu du même genre à Jérusalem.
Il est bâti de marbre blanc et noir. Les ornements sculptés au pourtour et sur la pierre,
tombale présentent alternativement des motifs arabes et des motifs persans qui se marient
bien. Les arabesques ne sont pas très-pures et paraissent indiquer la fin de la deuxième
période; mais, à tout prendre, l’agencement de la pierre tombale est charmant.
La frise qui règne- autour du tombeau porte le 256® verset du second sourate du
Qorân, qui est une admirable profession de foi : ,« Dieu est le seul Dieu^iI,n’y a pas d autre
Dieu que lui, le Vivant, l’Éternel, etc. »
La pierre sous laquelle repose le défunt porte, en tête de la dalle sépulcrale,
l’inscription suivante : « Les justes habiteront au milieu de fontaines et de jardins, dans le
•séjour de la vérité, auprès du roi puissant. ». (Qorân, sourate LIV : La Lune-.Lu^
L’entrée d’un tombeau, près de Gama Sysaryeh (pl. LXVII), est ornée de marbres
sculptés en arabesques d’un aspect très-décoratif.
PLAFONDS.
(PLANCIIBS LX-VIII A LXXV.'i
La plupart des entrelacs qu’on voit sur les plafonds, se composent de polygones
réguliers, entre-croisés ou continus. L’emploi du dodécagone régulier est le plus fréquent,
parce qu’il donne les plus riches combinaisons et la plus grande variété. Nous avons mis le
lecteur à même d’apprécier (pl. LXXIV) les dessins présentant des dodécagones ou des
décagones et, même (pl. LXXV), des octogones étoilés. Enfin d’autres plafonds, de formes
diverses, ont été mis en parallèle. C’est ce que nous avons voulu surtout faire ressortir
par la planche LXXIII, splendide spécimen de plafond mauresque, puis dans la description
détaillée que nous donnons ci-après des quatre planches de la mosquée d’El-Bordeyny.
Mosquée d'El-Bordeyny. Arabesques des petits plafonds (pl. LXVIII à LXXI). — Les