
 
		qouq,  qui  gouverna  d’abord au  nom  de  cet  enfant,  puis,  à la m o rt  de  c e lu i-c i,  
 en  783  (1385)*  au  nom  de Achraf-Hadji  (El-Melek-el-Saleh  I I I ,   son  frè re ,  âgé  
 de  six  ans),  qui lu i  avait  succédé;  mais,  dévoré  d ’ambition,  il  ne  lu i  laissa  Ie  
 titre   de soultan  qu’u n   an  et demi;  et,  après l ’avoir  fait d époser,  il  s’investit  lu i-  
 même  de  tous les pouvoirs. 
 M AM tO U K S   T C H E R K .B S S E S   OU  B O R G IT E S .  7 8 A  ( 1 3 8 6 ) . 
 Ce fut  ainsi  que Barqouq,  atabek du  d e rn ie r  soultan  tu rkm an ,  frappa  son  
 jeu n e  maître  de mort,  fut élu à  sa  place  et  commença la  dynastie des mamlouks  
 circassiens  ou borgites. 
 Timour-Lenk  (Timour  le  b o ite u x ,  que  nous  appelons Tamerlan),  dont  la  
 puissance  grandissait  chaque jour, menaçait  alors  l’Égypte;  Barqouq  le  contint,  
 su t déployer  tous  les  talents  d’un   grand  capitaine  e t eu t la  gloire  de  le  cbasser  
 de  la Syrie. Barqouq  était  économe,  et, malgré  les dépenses  causées  p a r  les  édifices  
 qu'il  fit  construire,  il laissa,  à  sa m o rt,  25  millions  tournois  en  monnaie,  
 et environ  lit  millions  en  meubles  e t  bijoux;  et  cependant  il  avait  supprimé  
 beaucoup  d ’impôts,  de  droits fiscaux  et  de  présents.  Après, six  années  et  quelques  
 mois de règne, il avait été u n  instant déposé e t obligé de se réfugier à Karak ;  
 mais  il  fu t  réinstallé  p a r  le  pa rti  des  mamlouks  tu rk om an s ,  adversaires  des  
 mamlouks  tcherkesses ;  il  rég n a   encore  près  de  dix  années,  e t mo u ru t  en  801  
 (1403),  à l’âge  de  soixante  ans. 
 Après  la   prise  de Baghdad p a r  les  troupes  de  l’empereur  du Mogol, Man-  
 Kou-Khan,  sous  la  conduite  de Houlakou,  les  khalifes  abbassides  s étaient  réfugiés  
 au Kaire,  où ils  eu re n t  encore  le  pouvoir  suprême.  Successeurs  légitimes  
 du  P ro p h è te ,d is   ne  disposaient  plus  des  royaumes;  mais  les  princes  musulmans, 
   autant p a r  religion  que  p a r p o litiq u e ,  leu r  laissaient  une   ombre  d autorité 
 ,  ou b riguaient  encore  l ’honneur  de  recevoir d ’eux la  sanction  de l e u r   titre  
 e t l’investiture de leurs  États,  ha   puissance  temporelle  de  ces  pontifes  s’était  
 déjà  affaiblie  sous  le  p rem ie r Beybars,  car  les mamlouks  trouvèrent  leurs mains  
 trop  débiles p o u r po rte r le  sceptre ;  cependant  le  khalife Mostayn-Billah  obtint  
 de  se  faire  reconnaître  soultan  d ’Égypte  en  817  (1419);  mais  son  lieutenant  
 Mahmoudy  le força  à l’associer  à  son  pouvoir,  sous  le  titre   de  Malek-el-Moyed  
 (roi  aidé).  Ce  prince,  qui  s’empara  bientôt  de  to u t  le  pouvoir,  se  fit  aimer  et  
 re sp ec te r de  ses  sujets.  On  lu i  doit  l’érection  d’une  plus  belles  mosquée|,;du  
 Kaire,  p rè s  de Bab-el-Zoueleyh,  où  se  trouve  son  tombeau. 
 Au nombre dessoultans borgites se trouve Barsabay-Melek-el-Achraf, qui  se 
 fit  respecter de  la   soldatesque  e t du  peuple  p a r  son  courage  e t  sa  fe rm e té ;  il  
 était  c ru e l,  e t  Makrizy  prétend  q u ’attaqué  d ’une  maladie  qu’aucun  remède  
 n’avait pu  soulager,  il  s’en  p rit  à ses deux médecins  dont  il  avait infructueusement  
 suivi  les  ordonnances  e t  les  fit fendre  p a r le milieu du  corps-  Il  resta  de  
 lui  une  belle mosquée  e t  son  tombeau,  situés  dans le pe tit Karafeh,  près  de  la  
 mosquée  sépulcrale de Barqouq. 
 On  remarque  encore  parmi  eux  Qaytbay,  esclave  affranchi,  qui  se  montra  
 digne  du  trône  où  sa  réputation  l ’avait  fait  monter.  Les  lois  administratives  
 dont  il  dota  l ’Égypte  é taient  si  s ag e s ,  que  le  sultan  Selym  Ior  les  Confirma  
 presque  toutes  après  la   conquête p a r les Turks.  Ce  fut p robablement p a r respect  
 pour la  mémoire  de  ce  souverain que Selym fit placer  un  gardien dans  son  tombeau, 
   dont l’entretien  relève  encore de  la  Porte  :  les  édits  de  Soliman,  son  successeur, 
   v inrent  encore  en  assurer  l’exécution. 
 Qaytbay mourut,  reg re tté  de  toute  l’Égypte,  l’an  901  (1503). 
 Les monuments  dont Qaytbay  se  p lu t  à  embellir  le  Kaire  en  sont  les  plus  
 remarquables :  outre  la  mosquée,  située  près  de Teyloun,  e t  la   mosquée  sépulcrale  
 bâtie  au  nord, dans  le pe tit K arafeh,  c’est  à  l ’époque  de Qaytbay  qu ’il  faut  
 placer la  construction  du  tombeau  de  Mohammed-el-Demirdache  (la  p ie rre   de  
 fer),  appelé Qoubbet-el-Abaza  e t  situé  au  delà  du  faubourg  d’El-Redanyeh,  au  
 nord-est  de  Bab-el-Nasr.  Ce  mausolée,  dont  il  ne  reste  aujourd’hui  qu’une  
 simple  coupole,  est  un   chef-d’oeuvre  d’élégance  et  de  g o û t;  il  ressemble  p eu ,  
 dans  son ornementation  originale,,  à  tout  ce  qui  l’a  précédé  e t ,   malheureusement, 
   à  tout ce qui  l’a  suivi. 
 Le  fils  de  Qaytbay, Abou-l-Sâadât-Mohammed,  surnommé Ei-Melelc-el-Nasr,  
 ne  fit  que passer sur le  trône paternel  :  c’était  u n   scélérat,  ivre  de lu x u re   et  de  
 débauches,  qui  s’amusa,  u n   jo u r  d’atroce  raffinement,  à  é corcher vive,  de  ses  
 propres mains,  une jeu n e   esclave  blanche  que  sa  mère  lu i  avait  donnée.  Ses  
 honteux  excès  amenèrent  sa déchéance. 
 Les émirs portèrent au pouvoir Qansou-Khams-Myeh, qui y renonça bientôt;  
 puis  y  réintégrèrent  le  b arbare  et .furibond  Abou-l-Sâadât-Mohammed ;  il  fut  
 massacré  au  bout de  dix-huit mois  e t  remplacé  p a r  Abou-Saïd  Qansou  I I ,  qui  
 fut déposé  à  son  to u r ,  e t  auquel  succéda  Qansou  I I I ,   surnommé  Djân-Balat  
 (âme  d’a cier).  Celui-ci  fit  élever le Médresseh-el-Djân-Balatyeh, près  de  Bab-el-  
 Nasr,  seul  souvenir  de  son règne  éphémère;  après  sept mois de pouvoir,  il céda  
 le  trôné  à  Seyfel-el-Din-Tomân-Bay  q u i,  cent  jo u rs  après,  fu t  assassiné  p a r  les  
 mamlouks  l’an 906  (1508). 
 Qansou  IV,  surnommé  El-Ghoury,  que  les  émirs  élevèrent alors  au rang de