m o n trer seulement lors de la conquête des Turks, c’est-à-dire v ers le milieu du
xvi" siècle.
Iskander Pacha, nommé gouverneur du Kaire, l’an 963 (1556), y resta pendant
environ quatre ans. Durant son séjour au Kaire, il fit b â tir, dans le q u a rtie r
de Bab-el-Hark, su r le b ord du canal, un Medresseh vis-à-vis duquel il plaça un
Tékyeh (couvent) e t une fontaine. Sur cette fontaine on grava, en forme d ’in scription,
le chronogramme suivant composé p a r u n des meilleurs poètes de
son temps : « Dieu bénisse les voisins de cette fontaine e t tous ceux qui
boivent de son eau. »
Les le ttre s qui Composent ces mots arabes, réduites en chiffres, donnent le
nombre 966, qui e st celui de l’année de l ’hégire pendant laquelle la fontaine été
construite.
On p o u rra it c ite r encore u n grand nombre dé chronogrammes, plus ou
moins ingénieux e t élégants, mais la plupa rt perdraient toute le u r force e t leu r
grâce d ans une traduction.
Les ornements qui couronnent les minarets et les dômes ont généralement
la forme d ’un croissant élevé su r deux ou trois boules. Cet usage remonte, dit-on,
au xve siècle, époque de la p rise de Constantinople,
cette ville ayant u n croissant pour symbole. .
On voit quelquefois des couronnements d’une
au tre forme ; p a r exemple, à la mosquée de Teyloun,
ainsi q u ’au dôme de l ’Iman Chafey, on voit
une espèce de ba rque , symbolisant le vaisseau de
la foi, e t su r le couvent des Balctaches (derwiches)
u n Tharthow'j surmontant une croix; ailleurs, un
croissant entourant une croix grecque; enfin
d ’autres couronnements contiennent quelquefois
le nom de Dieu, ou bien encore, ont une forme
to u t à fait arbitraire (fi g. L l).
Ces différents couronnements terminent gén
éralement les divers objets consacrés au cqlte
e t tous les petits meubles des mosquées.
Ces renseignements généraux, aussi complets que possible, suffisent pour
donner une idée exacte des différences importantes qui existent en tre les mosquées
e t les temples chrétiens, et p our mettre fin aux fables ridicules que des
voyageurs naïfs ou intéressés ont laissé, trop souvent, s’a cc réd ite r aux dépens
de la vérité historique.
MONUMENTS R E L IG IE U X .
Les diverses dynasties qui se sont succédé en Egypte, depuis l ’arrivée
d’Amr ju sq u ’à la conquête du sultan Selym, en 1517, se sont plu à p a re r Fostat,
le Kaire et quelques autres villes, dé tombeaux magnifiques e t de diverses
fondations pieuses; mais les Ottomans n ’ont presque rien fait p our l'embellissement
de la c apitale; p a r cupidité e t p a r despotisme ils laissent au contraire
d épérir chaque jo u r les établissements des khalifes et des soultans arabes,
sans léguer aucun monument à la postérité.
Ces monuments é taient si nombreux, q u ’il re ste encore au Kaire plus de
quatre cents mosquées *, grâce auxquelles on p eu t é tudie r la marche de
l ’a rt chez les Arabes, ainsi que leu r architecture, si hardie, si variée e t si élégante
: aussi, nous ne parlerons pas seulement des plus beaux édifices, nous
entretiendrons encore le le c teur de toutes les constructions intéressantes,
médiocres quelquefois, comme forme représentative de l’éclosion des idées
ou comme échantillon d ’un goût perfectionné depuis.
C’est toujours dans la capitale qu ’on trouve le plus d ’éléments pour étudier
l ’architecture d’un peuple et que se tentent les premiers essais ; c’est là que la
richesse e t la puissance politique aiment à rassembler les plus vastes et les plus
somptueux monuments, et c’est là que, sè trouvent à la fois réunis les ru d iments
et les chefs-d’oeuvre de l ’histoire de l ’art.
Au Kaire, les édifices les plus anciens e t les plus remarquables, pa rmi ceux
qui subsistent encore aujourd’hui, démontrent bien qu ’ils répondaient à des
besoins religieux, car ils se trouvent p a rto u t où la population s’est agglomérée.
La p lupa rt des mosquées contiennent des tombeaux, . usage formellement
opposé à la décision (h a d ith )2 du Prophète, qui a dit : « Vous n ’en te rre re z pas
vos morts dans les mosquées. »
-I. Il y a au Kaire trois cënt quatre-vingt-sept mosquées ou oratoires; cinquante et un àBoulak e t dix au
vieux Kaire: total, quatre cent quarante-huit.
Ces édifices sont souvent bâtis l’un à côté de l’au tre , tant le désir de faire parler d e soi, en élevant un
monument, l’emportait chez la plupart des souverains de l’Égyple sur la considération d’utilité publique q u i,
d’ordinaire, fait répartir ces édifices Jp'-différenls'points.
2. Hadith : les musulmans entendent par ce mot les décisions et les sentences que Mahomet n’a pas
consignées dans le Qorân, mais que ses disciples ont retenues e t transmises dans leurs écrits; les hadith sont
la loi orale, la sonnah la loi écrite.