CHA P ITR E VIII
ARCHITECTURE CIVILE
ZAOUÏA. — H O S P IC E S . — MÉDRESSEH, ÉCO LES, SIBYLLEII.
OKKELS ET CARAVANSÉRAILS. — BAITÏS P HB LEÉsi — PA LA IS . E T MAISONS DE PLA ISA N CE.
MAISONS ET H A B ITA T ION S . — PA R ALLÈLES.
ZAOUÏA.
La Zaouïa, qui ré u n it en quelque sorte deux caractères comme le m édresseh,
nous servira à passer de l ’a rch ite ctu re religieuse à l’archite cture civile.
La Zaouia ou Zaouiah, telle qu’on la comprend au Kaire e t généralement
en Egypte, e st u n oratoire, une chapeHe; mais, dans les autres Etats musu|iïïans
e t particulièrement en Algérie, la zaouïa est un établissement qui n ’a aucune
analogie avec ceux des Etats chrétiens. Là, c’est à la fois : une chapelle qui s,ert
de lieu de sépulture au cheikh qui a fondé l ’édifice, ainsi qu’à sa famille; un
oratoire p our faire la p riè re en commun; une école où le Qorân est enseigné;
une hôtellerie où les voyageurs e t les malades trouvent u n gîte e t des secours;
un asile où tous les musulmans poursuivis p a r la loi ren co n tren t un refuge
inviolable quand le cheikh est in flu en t; enfin u n lieu de réunion où se raconte
l’h is to ire des temps présents et où se conserve la tradition çles temps passés.
Il se trouvait en Egypte, à l’époque des Ayoubites, quelques constructions
du m ême g enre. Ces édifices é taient autrefois très-nombreux au Kaire. On les y
appelle encore Khouanik, monastères (mot dont le singulier e st Khaukah); ils sont
maintenant assez ra re s et n ’ont plus l’importance qu ’ils avaient autrefois,
mais q u ’ils ont conservée dans to u t le Magreb. On en compte encore au Kaire
160 environ.
Avant la conquête du sultan Selym, la zaouïa avait l’apparence d’une
petite mosquée, mais le style en a été complètement modifié p a r la conquête;
les Turks, ayant adopté les traditions persanes, ont donné à cet édifice une
apparence de couvent.
H O S P IC E S .
Le despotisme a laissé dépérir la p lu p a rt dés établissements destinés à
secourir la population. 11 existait au K aire, il y a cinq ou six siècles, plusieurs
hôpitaux, p lu s ’ou moins vastes, plus ou moins riches, destinés à recueillir les
infirmes, les malades et les aliénés ; aujourd’h u i il n ’en reste plus qu’un seul,
le Moristan El-Këbir.
11 y avait encore au Kaire, des Tèhyeh; c’é taient des maisons où 1 on recevait
les voyageurs pauvres ou les personnes recommandées ; ils y jouissaient
d ’une hospitalité gratuite. De nos jo u rs, il en re s te encore quelques-uns, mais
on y est très-difficilement accueilli, à moins de faire partie de la confrérie des
derwiches, qui en a fait sa chose particulière. Ils ont tout à fait l ’aspect d ’un
couvent ou d’u n ermitage, mais sans aucun emblème re ligieux extérieur.
Moristart. '
682 de l’hégire. — 1283 de l’ère chrétienne.
( p la n c h e s LXXXII I ET LXXXIV. ): ./
Pendant la longue durée de son r è g n e , Melek-el-Nâcer consacra ses soins
à l’érëctiori de plusieurs monuments qui ont orné la capitale de l’Egypte. Le
plus remarquable, qui subsiste encore, est cet hôpital célèbre, Moristan El-Kébir,
q u ’il enrichit de nombreuses donations e t auquel il joignit deux mosquées ; dans
l’une de ces mosquées il voulut qu ’on plaçât son tombeau, qui s ’y trouve encore
en tre ceux de son pèré et de son fils.
Le mot'moristan ou p lutôt marist&n, en suivant la prononciation a rab e, est
tiré de la langue p e rsan e , dans laquelle bymdrislânj dont mansldn e st l ’abréviation,
signifie une maison de malades, un hôpital, u n hospice. Quelques établissements
ont porté, en Orient, ce même nom de m o ristan ou bymâristân, quoique
en arabe ces hôpitaux aient le nom Dar-eb-Chafâ (maison de santé). Plusieurs
hosfdees furent aussi fondés, sous le nom p e rs an , dans les premiers siècles de
la conquête musulmane.
Ahmed-ibn-Touloun avait consacré une grande partie de sa fortune à