Le temple de la Mekke, qui a tan t de minarets, n ’a pas de dôme. La mosquée
d ’Amr, au Kaire, n’avait point de dôme, et. celle de Teyloun n ’a re ç u une
petite coupole que fort ta rd e t pour mieux éclairer l’espace du.mihrab principal.
La mosquée de Gordoue, fondée au vme siècle, n ’a point de dôme. Les
mosquées d’E l-A zh a r1, d ’El-Hakem-Biamrillah, de Thélây Àbou-Rezyq, de
Daher Beybars, e tc ., n’en ont pas non plus. Mais les mosquées sépulcrales d’El-
Gaouly, du soultan Haçén, de Barqouq, d’El-Moyed, etc., ont des coupoles qui
couronnent la salle funéraire de leurs fondateurs, souvent séparée du lieu de
la p riè re . Dans ce cas, le tombeau est une annexe; dans l ’autre, c’est la chapelle
qui est jointe au tombeau comme complément indispensable.
Les soultans Qaytbay, El-Ghoury, e tc ., ont toujours couronné le u r tombe
d ’un dôme, tandis que leurs mosquées en sont dépourvues.
Nous donnons (.planche AT///, ci-jointe)1 la vue d’un tombeau dans le
c imetière de l ’iman Chafey. Il est situé assez loin de la mosquée d e l’iman e t est
un des rares exemples, nous pourrions dire le seul que nous con naissions ^chez
les Arabes, d ’une coupole surmontée d ’une lanterne.
Ge tombeau p a ra ît très-ancien et môme anté rie u r à l’édifice élevé en l'h o n n
e u r .de l ’iman Chafey, à en ju g e r p a r les ornements qui entourent la fenêtre
placée au-dessus du mihrah. C’est ce qui nous permet d’a ttrib u e r aux Arabes l'invention
de la lanterne des coupoles. Il est incontestable que sa construction a
précédé l’époque de Brunelesehi (1A20), auquel on avait c ru devoir a ttrib u e r, ju sq
u ’ici, l’invention de la double voûte et du couronnement des ■ coupoles au
moyen d ’une lan te rn e .
, Ge tombeau est le d e rn ie r vestige*'d’une petite mosquée sépulcrale de
quelque religieux mulsulman en renom, dans le cimetière le plus vénéré du
Kaire. Le peuple a enlevé au pe tit Karafeh son nom historique p our lui substitu
e r celui du célèbre iman, fondateur d’une des quatre sectes orthodoxes, qui
p ermettait l’usage modéré du vin et autorisait la dispense d ’un c ertain nombre
d ’ablutions. Les mamlouks l’avaient en si grande vénération que les principaux
d’entre eux tenaient à honneur d ’ê tre enterrés au to u r de sa mosquée sépulcrale.
On reconnaît facilement leurs tombeaux en forme de parasol, comme s’il avaient
voulu ab rite r leurs restes des rayons brûlants du soleil.
Les Arabes désignent sous le . nom de -Qoubbet tous les édifices ornés de coupoles
qui recouvrent le tombeau d ’un soultan ou d ’un saint personnage. Ge mot
,1. Les petits tombeaux qu’elle renferme sont assez’ récents ; cè sont ceux de bienfaiteurs q u i, en échange
de leurs legs pieux, ont obtenu la faveur d’y être enterrés.'
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