
 
		Ce  petit meuble  ne  porte malheureusement  aucun  nom,  ni  aucune  date,  
 mais  son  ancienneté  peut  facilement  se  déduire  par  des  rapprochements  d'inscriptions  
 koufiques  du môme genre ;  toutes nos déductions donnent à la cassette  
 de  Bayeux  près  de  sèpt  cent  ans d ’antiquité. 
 Comment  e t  à  quelle  époque  ce  coffret  est-il venu  en  France?  Telle  est  la  
 question  posée  p a r M.  Spincer  Smith,  au teu r  d’une  notice  à laquelle  nous  empruntons  
 ces  détails1. 
 L’abbé De  la Rue  a  prétendu  que  ce  coffret  existait  dans  la  cathédrale  de  
 Bayeux  dès  le xt'  siècle.  Cette assertion  doit  ê tre  erronée,  car  s’il  s’y  fût  trouvé  
 à  l’époque  indiquée,  au ra it-il  échappé  au  pillage  des  troupes  de Henri p   roi  
 d ’Angleterre,  ou il l’incendie  qui dévora Bayeux  et  ses  édifices  en  1106’?  Il  faut  
 donc  assigner son  apparition  dans  cette'ville,  à  une  date  plus  récente. 
 t e  R.  P.  Tournemine  le  regardait  com ù é ïiu n  présent  de Ta'reine'Hermank' 
 tru d e ,  épouse  de  Charles  II,  dit le Chauve;  il  aura it été  trouvé'dans  le camp  des  
 Sarrasins,  après  leu r  défaite  près  de  Poitiers  en  732  par  Charles-Martel  ;  il  
 da te ra it donc du  vin*  siècle  e t  au ra it pu  appartenir  il  Abd-el-Rahmân,  vice-roi  
 d’Espagne,  sous  le kh a lifa td ’Hesham. Ceci est encore inadmissible,  si' Ppn  considère  
 l’état  des  arts  il  celte  époque:  chez  les Arabes.  " 
 Enfin,  une  au tre   tradition  plus  répandue,  même  parmi  le  clergé  de  la  cathédrale, 
   ne  fait  remonter  cette  cassette  qu’au  temps des; croisades ■;  dès  lors  on  
 la  devrait  à  la  libéralité  de  saint Louis.  L’auteur  de  la notice  dont  nous  avons  
 parlé  plus h aut, M.Spincer Smith,  p e n c h e  pour la tradition  qui  indique  l'époque  
 des  croisades,  comme  la  date  de  l’introduction  de  ce  petit meuble en  Europe,:' 
 C’était  aussi  h  ce  ré su lta t  que nous  avait'conduit  l’examen du  style  et  des  
 caractères de  ce charmant  coffret,  qui  doit  évidemment  avoir  été  fabriqué,  au  
 temps des  khalifes  fatimites. 
 ÉTOFFES.  —   TAPIS.  —   TENTURES. 
 Il  est  souvent  fait mention,  p a r  les  écrivains  arabes,  dans  la  description du  
 mobilier des  s o u lta n Ê d e   riches  étoffes,  fabriqué«;  à  Behneseh %  à  Damielte, 
 4 .  ¡ i S m Ê Î  dissertation su r un monument arabe  du Moyen Age,  en Normandie,  tuo  on  1820 |   
 l'Académie de Caen,  par J.  Spincer Smith.  In-8°, 5  pl.  2°. édition. — Caen, 4820. 
 J   Makrizy  parle  en  ces  termes  de Behneseh :  « Cette Mlle e  t   itaéo  h  l’occident  du  NU;  on  y  fabrique  
 des  tapisseries qui  perlent le  nom-do Bolincsaiali,  des  robes brodées, des étoiles royales, et  de  grandes  Iqntes,  
 IB—  dont  un  seul  a ¡ ¡ ■ H  d e jo n g e t  dont une  couple  se  vend  200 H B B g   
 qii'M  y  fabrique  uno  robe de  ialno  ou de colon. Un  tapis,  un  manteau,  on  ne  manque pas  d  écrire  de» u s  le  
 nom île celui  auquol  ¡1  est  dèstmé. »M 
 à Tennis,  à  Dabik,  etc.  Le khalife Daher,  en tre   autres,  faisait  confectionner  ses  
 tentes  à  Tennis. 
 Nous  ferons rem a rq u e r que ces villes industrieuses de l ’Égypte é taient  toutes  
 habitées p a r  des chrétiens  tributaires,  et  que  leurs  splendides  étoffes  décorées  
 d ’animaux  é taient une  imitation  de  l’industrie  du  Bas-Empire,  qui  s’est  contin 
 u é e   sous  les khalifes.et  les  soultans,  leurs  nouveaux  maîtres ;  aussi  pouvons-  
 nous  affirmer  que  les  débris  d’étoffes  orientales que  nous  admirons  au jo u rd ’hui  
 étaient,  p our  la  plupart,  l'oeuvre Æartistes-égyptiens chrétiens  qui  ont  eu  une  
 immense  influence su r  le  développement .de  1 a rt  arabe. 
 L’existence des villes  dont nous venons de faire mention  explique  pourquoi  
 les  Arabes  ont  été  si  longtemps  ies  principaux fournisseurs du  luxe européen et  
 pourquoi,  dans les  inventaires.des églises e t des  cours, il est  si souvent  fait mention  
 des'étoffes  d’Alexandrie  (Veta Alexandriæ). 
 Nous possédons  encore aujo,urd’h | i |   dans  l ’église  Notre-Dame de  Paris,  un  
 morceau  d ’une étoffe  qui  avait  été  fabriquée  pour  le khalife  fatimite  d’Égyple,  
 El-Hakem-Biamrillah,  à  la fin  du  x*. siècle  de  notre  ère.  On  y  lit  le  nom  dn  
 khalife  et  celui de son  père. 
 Il  n ’existe  rien  de  positif  su r  l ’époque:  de  l’établissement  des  fabriques  
 d’étoffes:: chez  les  Arabes ;  ce: qu’on  sait  seulement,  c’est-  qu’jè îfe   é taient  déjà  
 florissantes  dès le  vui*  siècle. 
 N’oublions  pas de mentionner  ici  que,  si  la  fantaisie  arabe  se donnait  assez  
 libre c arriè re   dans  les détails  et  dans  l ’ornementation de  toutes  les  étoffe^*.,elle  
 affectionnait principalement  les  emblèmes  empruntés  aux  anciennes  religions  
 de  l ’Orient,  tel  que l’a rb re  sacré appelé Hom, et les lions ailés  ;  la  figure du  paon  
 était  encore  une  de  celles  qu ’ilsïaimaient  à  rep ro d u ire;  les  griffons é taient aussi  
 fort  souvent  représentés.  La  sévérité  du Qoràn,  contre  les  représentations  des  
 êtres  vivants,  obligeait  les  Arabes  à  donner  à  leurs  dessins  des  formes  d ’un  
 cachet tout  particulier. 
 Les  tapis,  si  communs  en  Orient,  ont  subi,  depuis  l ’antiquité,  bien  des  
 changements  d’ornementation.  On  n ’en  possède  plus  des  premiers  temps  de  la  
 civilisation arabe.  Il  serait  donc difficile, aujourd’hui;  de  décrire  exactement  les  
 dispositions  adoptées p a rle s  fabricants  de celle nationalité. 
 La seule  chose que  nous  sachions,  c’est  que  du  temps des khalifes  fatimites  
 d ’Égypte,  c’est-à-dire vers les x*  e t xi*  siècle de  notre  ère,  les  tapis é taient ornés  
 de  figures  d’hommes  ou  d ’animaux,  genre  d’ornementation  qu’on  ne  retrouve  
 plus maintenant  qu’en  Perse.  A  en ju g e r p a r u n  fragment en guenilles,  conservé