La puissance des Abbassides subsista cependant encore en Égypte, en apparence
malgré la domination des Ayoubites. On donnait toujours à un Abbasside le titre
de khalife, titre vain dont les Ayoubites le laissaient jo u ir, puisqu’il n ’était
accompagné d ’aucune autorité temporelle.
Soldat heureux, Salah-el-Din passa sa vie à combattre, à faire des conquêtes
e t à acquérir, dans les guerres de la Palestine, cette immense réputation qui l ’a
fait nommer chez nous le héros des croisadés. Mais quelques vertus ne peuvent
faire oublier le double crime de son élévation, ni sa cruauté envers les chrétiens,
son mépris p our les le ttre s e t l ’o rd re qu’il donna de dé tru ire la bibliothèque
fondée p a r le premier Fatimite ; aussi ces taches terniront-elles toujours
sa brillante renommée.
Étendu su r son lit de m o rt, Salah-el-Din apprécia à leu r juste valeur les
grandeurs humaines. Un h é ra u t, déployant aux yeux de la multitude le linceul
dans lequel il devait être enseveli, p a rco u ra it la ville de Damas en criant, par
son ordre : « Voilà tout ce que Salah-el-Din, vainqueur de l’Orient, emporte
avec lui de ses conquêtes. » (58i == 1188.)
Le frère de Salah-el-Din, Malek-el-Adel, s’empara du trône. Sous son règne,
les chrétiens assiégèrent Damiette et poussèrent ju sq u ’au Kaire, m e ttan t tout à
feu e t à sang. Mais le peu d ’accord qui régnait entre les croisés empêcha les
Francs de se ren d re maîtres de l ’Egypte.
A la mort de Malek-el-Adel (6 1 5 = 1 2 1 8 ), son fils Kamel, qui lu i succéda en
Égypte, eu t l’ambition de ré u n ir su r sa tête toutes les couronnes de son père.
Son règne: fu t long, agité, mais glorieux. Il protégea les le ttre s, fonda des.écoles
publiques, fit élever : de nombreux édifices, en tre autre s Gama Kamelyeh, et
mérita le nom d e p è e e 'd u peuple.
Après lui nous voyons monter su r le trône El-Malet-el-Adel II, qui fut
déposé; alors Neym-el-Din, Melek-el-Saleh, fils ainé de Kamel e t soultan de
Damas, s’empara de l’Égypte. Pendant qu’il était en Syrie pour p u n ir quelques
gouverneurs révoltés, Louis IX s’empara de Damiette. Nèym-el-Din revint au
secours de la place, mais mo u ru t subitement ; il avait fait bâ tir un palais. Touran
Châh, qui lui succéda, fut le de rnie r prince de cette dynastie.
Sous la domination des Ayoubites, l ’Égypte, to u r à to u r envahie et occupée
p a r les c ro isés, vit p é rir ses soldats, ensanglanter son te rrito ire et dépouiller
ses hab itan ts; mais ce n ’était plus ce peuple qui avait brûlé la bibliothèque des
Ptolémées, il cultivait les sciences, les arts et les lettres, et ce fu t peut-être la
nation conquérante qui a it le plus avancé l ’industrie e t la raison des hommes.
Pour a ssu re r son avenir contre l ’inconstance de l ’armée, Salah-el-Din s’était
>; (Ü. Pene] del e t »e.
PORTE INTÉRIEURE DTJ PALAIS DE NEYM-EL-DIN
• DAMS LA COUR DU NILO MÈTRE D E ROUDAH.