mosquée ne nous offre pas dans son éta t actuel la condition de l’a rt arabe à
l’époque de la construction, c’est-à-dire immédiatement après la conquête de
l’Égypte, vers l’an 20 de l’hégire, et qu’elle précède l’existence de l’ogive dans
les édifices arabes de cette époque, nous apprenons, par Makrizy, qu elle a été
agrandie e t rebâtie à plusieurs reprise s, d’où l’on infère que ses ogives, auxquelles
nous reviendrons to u t à l’heure, seraient plus récentes, e t que son premier
plan n ’était pas le même que celui de la mosquée de Médine. Le passage
qui décide ce p o in t très-controversé, mérite d’être cité en entier.
Abou-Saïd-eï-Himyeri d it : « J ’ai vu la5 mosquée d ’Amr-ben-el-Aas; sa longueur
est de cinquante coudées, sa la rgeur de tre n te ; il l’a fait entourer par
la route de tous côtés e t il lui a donné deux entrées au n ord e t deux entrées à
l’o u e st; celui qui en sortait p a r le chemin de la ru e des Rampes s apercevait
que l’angle oriental de la mosquée s’appuyait s u r l ’anglê 'occidental de la maison
d ’Amr-ben-el-Aas. C’é ta it avant qu’on eût enlevé à cette maison ce qui était
nécessaire pour agrandir la mosquée. La longueur de la k iblah du côté nord égalait
celle de la maison d ’Amr-ben-el-Aas. Son toit était très-bas‘, e t elle n avait
pas de cour in té rieu re , de sorte qu’en été, les habitants s’asseyaient dans la cour
extérieure, de chaque côté. »
Cette curieuse description d é tru it l ’opinion, longtemps répandue, que c était
u n édifice spacieux, bâti su r le plan d’une mosquée imaginaire de la Mekke ou
de Médine, ayant au centre une cour ouverte entourée de colonnadës. 11
n ’y a donc plus à douter que ce fut un de ces édifices, petits e t pauvrement
construits avec de la brique b ru te , qui signalèrent le travail des nations
sémitiques1.
Quant au temple de la Mekke, à causé de son litre d ’ancien sanctuaire
arabe, devenu la mosquée la pliis sainte des musulmans, il est important de
constater, d ’après les écrivains indigènes, quelle était la forme primitive et
quel é ta it le style général de l’archite cture dans ces temps historiques. Nous
extrayons d ’une histoire arabe de la Mekke2 la description suivante des
| | Los modifications, agrandissements et-réparations successifs subis par ce monument se trouvent relatés
dans un extrait de la description de la mosquée par Makrizy, et qu’on trouvera plus loin. On y verra qu’aucun
vestige d'une des anciennes parties de la mosquée, antérieure au second;sièclé de l’hégire, ne peut être raisonnablement
supposé exister. C’est.une erreur de croirè qu’Amr ait converti une église en mosquée. Le récit
d’El-Edrvsy qui a servi de base à cette opinion des écrivains européens est refuté par tous les auteurs arabes
que nous avons consultas. ' • H ,, i H H H B I , H H H H .
2 L’abrégé do l’histoire de KhoulIi-ibn-Din par son noycii K U b ol Sihm '1 original de cette histoire,
et le manuscrit de El-Azraky, ainsi que des extraits des histoires d’El-Fakyhi, d’EI7Fasy;et;dl|bn-Dhuheyreh,
ont été publiés parla Société orientale allemande de Loipzig. Nous ayons compare, dit Vf. Lane, 1 extrait pre-
G U AP0ÇliB>"i Xltp, 237
dépendances de la Kâabahfeii observant toutefois que;la Kâabah e lle-même, quj
était un ancien réceptacle d’idoles païennes, n ’est qu un simple édifice c arré ,
mesurant environ 18 pas su r 14;, avec u n to it plat et que, toutes les fois
qu’e l é a été rebâtipÿKiit a toujours suivi le même plan général dans la reconstruction,
sans que p ersonne a it jamais imaginé qu ’aucune mosquée eût été bâtie
à son imitation.
La mosquée sacrée, la Kâabah et ses dépendances, re s ta dans son é ta t p ri-
mitifj jusqu’à l’apparition de l ’islam, e t ju sq u ’à Çe que les musulmans fussent
devenus assez nombreux, à l ’époque du prince des fidèles Omar-ben-Kitlab,
pour que la mosquée sainte fût trop étroite p o u r eux.
L’an 17 de l’hégire, il y eu t une grande ino n d a tio n , d ite inondation de
Umm-Nashal; elle avait envahi la M e tte p a r un fossé appelé a u jo u rd h u i El-
Meda1, avait p énétré jusque dans la sainte mosquée, déplacé le Mokam-Abrahim
et l’avait même emporté jusqu’à un endroit situé au-dessous de la Mekke,
dont on ignore aujourd’hui l’emplacement exact. Cette inondation avait enlevé
également Urum-Nashal, fille de Obeydeh-ibn-Saced-ibn-el-Haas Ibn-Umeiyeh,
qui y p é rit ; c’e st de ce fait qu ’elle a tiré son nom. Le khalife fu t prévenu de
Cette catastrophe, pendant qu’il é ta it à Médine, il monta à cheval et accourut
à la Mekke; il y en tra et y accomplit VOiiirjà h , i pendant le mois de Ra-
madara.
Maintenant écoutons El-Azraky : « La mosquée -sainte n ’avait pas de murs
autour d’elle, ili'ÿfavait seulement des maisons de Korèyschites qui l’entouraient
de toüs côtés et, entre ces maisons, se trouvaient les portes p a r lesquelles le
peuple y pénétrait. A l’époque du prin c e des fidèles Omar-ben-Kitlab, la sainte
mosquée étant devenue trop étroite, celui-ci acheta une p a rtie des maisons qui
l’entouraient, les je ta bas e t agrandit la mosquée de l’emplacement qu ’elles
occupaient. Cependant, comme il re s tait des maisons que leurs propriétaires
avaient refus,éi:de R endre, Omar le u r d i i f c Vous avez établi votre demeure dans
«■ le s dépendances de la Kâabah, m ais la Kâabah n’a pas pu pren d re sa place dans
« vos dépendances. » A lors il fit évaluer le p rix de ces maisons qui fu ren t renfermées
dans l ’enceinte de la Kâabah, après quoi o n les démolit ; les propriétaires
cité a v e c foriginal et nous avons examiné-tous les 'ouvragès'ci-meniionhès. Ôn trouvera plus loin des renvois à
çés ouvrages.. 1
1. Ce nom lui avait été donné parce que c’était de là qu’on apercevait d’abord la Kâabah, et que les prières
qu’on y faisait, passaient toujours pour être exaucées.
2. L’Omrah est la visite religieuse faite aux lieux sacrés de la Mekke à toute époque de l’année, en
accomplissant les cérémonies usuelles du pèlerinage.