s c rip tio n s e n le ttre s arabes dans lesquelles se jo u en t les entrelacs e t les dessins
les plus variés. Leurs compositions les p lus anciennes* .dans ce genre, semblent
ne remonter qu’au commencement du xi" siècle; mais l ’élégance du travail, la
sûreté de main qui a présidé à leu r exécution, nous autorisent à émettre l’opinion
qu’à cette époque on était déjà bien éloigné du tâtonnement de l ’a rt qui
débute e t qu’il serait nécessaire de chercher, bien avant cette date, si l’on voulait
retrouver les oeuvres qui so rtiren t des mains des premiers damasquineurs
musulmans.
Les x i i " e t xui" siècles nous fournissent à leu r to u r un grand* nombre
d’objets gravés p a r ordre des khalifes, des soultans e t des émirs, soit à Damas,
à Mossoul ou enÉgypte, soit enfin p a rtout où les fabriques de vases , incrusté's
d ’or e t d ’argent fournissaient leurs merveilles, aux mobiliers des princes e t des
particuliers. '
A e e s . époques, on fabriquait aussi de grandes vasques, des coupes, des
flambeaux e t 'des lampes, ornés d’entrelacs, de feuillages, d’enroulements; ou
d ’inextricables arabesques, mais le développement complet de cet a rt ne semble
dater que du xm" siècle, c a r c’est à p a rtir deiCe momentque le; nom dés a rtistes
s’est trouvé gravé à côté des titres honorifiques qui glorifient le possesseur. ;
Aussi l’Orient eut-il alors ses diverses, écoles en l’a rt de la damasquinerie,
écoles fort reconnaissables d’ailleurs p a r la manière et les qualités de leurs
a rtistes.
Rappelons ici que l’Italie, déjà tributaire des in d u s trie s ;.^ l’Orient pendant
tout le Moyen’âgé et qui avait imité ou copié les .étoffes-arabes chargées de
dessins e t de légendes provenant des manufactures de Baghdad ou de la Sicile,
subit encore l ’influence arabe, p a r ra p p o rt à la damasquinerie, influence que le
séjour des a rtistes arabes dans une grande pa rtie des villes de la Péninsule, soit
à Pise, à Florence e t à Gênes, soit à Venise où les qualités*de le u rs travaux se
rép an d iren t dans toutes les industries, contribua puissamment à entretenir.
Nous empruntons à M. Lavoix le résumé suivant de leurs procédés de
fabrication.
« La damasquinerie se traitait, chez les Orientaux, de diverses manières.
Dans le procédé p a r incrustation, on fixait u n fil d’or ou d’argent dans une
ra inure enlevée su r le.métal p a r le b urin, e t u n p eu p lu s large au fo n d q u ’àbl’e n -
tré e l'C e fil in tro d u it ainsi, sortait; e n re lie f ou s’arasait, suivant l a .volonté de
l ’artiste. Tantôt c’était une mince feuille d ’o r ou d’argent, appliquée-sur le fond
d’acier ou de laiton, et prise entre deux lignes parallèles, dont les rebords
légèrement rab a ttu s lui faisaient un e sorte d’encadrement. Ce placage serti se
trouve dans une grande partie des ouvrages venus de Damas. Tantôt l’o u v rie r,
armé d ’une lime en forme de moiétte d’éperon, conduisait rapidement son outil
su r l’objet qu’il avait à ornemente r et le fil d’argent s’appliquait, au marteau,
s u r toutes les parties, d u ‘métal préparées ainsi pour le gripper e t le re ten ir.
Les ouvriers du Kaire emploient*encore aujourd’hui ce ppocédéde travail, qui
s’exécute avec une habileté merveilleuse,*. Cette façon de damasquiner appartient
particulièrement aux a rtis te s de la Perse, d’Al-Adgem, pour nous servir ;du mot
arabe qui désigne ce pays; les Italiens, en imitant cq procédé, avaient appliqué
cette expression : AU-Agemina; A lla-Gemina^ ceux de leurs a rtistes qui rappelaient
la manière des ouvriers persans, des Agemi, de même qu’ils nommaient
La va i, Alla, Damaschina,, les .'ouvrages trav a ilj'is ip iv an t la fabrication usitée à
Damas *. ^ ù'<\' > -1;- • j p ; * i
L’application de la damasquinerie aux ustensiles usuels était fort répandue
en Egypte ; les vases de: cuivre jaune ou rouge, plaqués e t incrustés d o r et
d’argent, abondaient chez tous les grands personnages qui poussaient ce luxe à
un degré dont il serait difficile de se faire aujourd’hui upe idée. En effet, pendant
la durée d è s g r a n d e s cérémonies e t pendant les marches solennelles, on d istrib u a it
ordinairement à profusion, à tout venant, les sorbets que ces vases é taient destinés
à contenir. LeSedrieh plaqué du soultan Mohammed-ben-Qalaoûn, dont nous
donnons la reproduction planche CLXVII, en est un des plus beaux spécimens.
Le cuivre plaqué s’appelait : Mekaffoti, et le cuivre incrusté : Methaam. Deux
mots différents servaient encore à désigner le placage et 1 incrustation : le mot
Kaft, qui désignait l ’or et l’argent avec lesquels on in c ru sta it e t le mot Kafti,
qui s ’appliquait au plaqué. Enfin un marché du Kaire, le marché des vendeuis
de plaqué, tira it son nom Souq-el-Kaftian, de ce genre d’industrie.
C’é ta it su rto u t dans cette application aux armes de to u t genre que le
talent des ouvriers en damasquinerie se donnait un libre cours.* Cependant il est
bon de savoir que la fabrication des armes avait subi, enÉgypte, des influences
étrangères : les produits de l’Inde ou de la Perse, dont les bazars du Kaire
é taient toujours remplis, ayant mis ces produits à la mode, des ouvriers de ces
pays y fu ren t attirés p a r les soultans mamlouks e t ils im p o rtèren t un genre
d’arabesques minces e t contournées, qui se conserva heureusement chez les
damasquineurs.
Les armes que nous avons reproduites (Pl. CLV et CLVI) portent le nom de
Tomân-Bay.
1. H. Lavoix, les A z z im in isle s.