croit-on, par un architecte chrétien qui se serait inspiré des monuments islamiques les plus
remarquables de l’Inde. C’est donc, en Ëgypte, un monument à part.
Nous appelons également l’attention sur la porte de la maison, rue Cherawy :(pl. XII); la
tradition affirme qu’elle faisait partie de la maison du qâdy d’une des quatre sectes orthodoxes
de l’islamisme. C’est la seule de ce genre qu’on rencontre encore aujourd’hui au Kaire,
mais les mosaïques des écoinçons nous paraissent avoir été refaites à diverses époques.
Quant à la mosquée sépulcrale du soultan Barqouq (pl. XVII), c’est une; des plus vastes
et des plus splendides de la nécropole du Kaire ; sous l’une des coupoles est enterré, ainsi
que la princesse Sakhrah, le fils de Barqouq, qui, d’après M. Mehrén, orientaliste russe, y
aurait fait de nombreuses additions qui seraient, par conséquent, postérieures.
Le xv® siècle (pl. XIX à XXV) nous fournit, dans la mosquée de Qaytbay, ainsi que le
xvi° siècle dans le monument sépulcral du soultan El-Ghoury (pl. XXVI),des dernières tentatives
originales de l’Art Arabe proprement dit. Après la conquête nous allons subir l’influence
de l’architecture byzantine, appropriée par les Turks, et les monuments ne vont plus être
que des copies plus ou moins soignées de cette architecture.
Le pourtour intérieur du tombeau de Qansou El-Ghoury était revêtu d’un lambris de
marbre rouge, alterné de marbre noir, gravé en creux et doré.; Chaque plaque portait des
dessins différents, formés de lettres koufiques et autres, présentant des sentences pieuses, et
simulant des lampes, des pots à fleurs ou d’autres dessins variés.
Le xvi° siècle nous offre encore (pl. XXVII) le tombeau du soultan Tarabey, ainsi appelé,
quoiqu’il soit dû à un ancien gouverneur de la Thébaïde. Ce tombeau est situé au nord de la
citadelle.
Le tombeau attribué à Mahmoud Djanum (pl. XXVIII) nous fournit déjà le croissant,
‘quoiqueDjanum ait été l’un des neveux du soultan Qaytbay* et qu’on lui doive une belle
mosquée dont les fenêtres ajourées sont d’une beauté remarquable.
Le xvn° siècle nous met à même, dans le peu de'constructions intéressantes qu’il ait vif
élever, de représenter la façade intérieure d’un Iwan (pl. XXXI) et la porte extérieure du-
harem d’une maison particulière (pl. XXXII). Cette maison, appelée Beyt El-Emyr, c’est-àj-
dire maison de l’émir, nous montre, dans son Maqâad ou Iwân, une salle qui remplissait le
même but que le Mandarah ; on y parvenait par un petit escalier spécial au-dessous duquel
se trouvait une écurie.
Les six planches XXXIV, XXXV, XXXVI, XXXVII, XXXVIII et XXXIX vont permettre de
reconnaître que le x v i i i0 siècle a été un peu plus fécond et un peu plus varié dans ses différentes
représentations^ et que la chute des soultans mamlouks, qui n’étaient pourtant eux-
mêmes qu’un diminutif de la splendeur du khalifat fatimite, avait desséché, peut-être pour
jamais, la source où l’art Arabe puisait son étonnante et vivace originalité.
Nous avons reproduit un monument sépulcral du x v i i i8 siècle comprenant une sibyl, assez
bien conservée (pl.XXXIV) et renfermant toutes les parties que les Arabes regardaient comme
indispensables pour qu’elle fût complète, c’est-à-dire une école* une citerne ou un abreuvoir.
Cet édifice est couronné d’un dôme pyramidal et situé dans une petite cour où la famille du
défunt peut se retirer à l’abri de tous les-regards et s’isoler dans sa douleur. La façade, en
outre, montre une petite salle où les voyageurs et les passants ont droit de faire leur prière et
de se reposer; à côté se trouve une citerne, dont la fenêtre à grillages permet de puiser de l’eau,
toujours avidement recherchée dans cette plaine aride. Nous n’avons pu comprendre le sens
de l’inscription encastrée au-dessus de la; grille, et qui, sans nul doute, rappelle le nom du
pieux défunt. Nous avons voulu, dans cet ensemble, offrir un exemple de tous ces édifices
réunis quelquefois, chez les Arabes, autour d’un monument sépulcral, qui, sous le nom de
Ouaqfs, fondations pieuses, servent à héberger et à abreuver toute une caravane, laquelle,
en même temps, y rencontre une Kiblah pour la direction de la prière.
La planche XXXV nous offre un curieux spécimen de ces tombeaux à baldaquin, très-
nombreux autour du tombeau de lTman Chafey, que les mamlouks achetaient tout faits, ce
qui, du reste, se pratique encore aujourd’hui, soit des Turks, soit des -Italiens, près des
cimetières.
La planche XXXVI nous représente une Sibyl ou fontaine du xvni0 siècle. Ce monument
comprenait d’abord une citerne qui fournissait l’eau à la fontaine publique et une école située
au-dessus.-
La planche XXXVIII, qui-représente le Hammam El-Télat, offre la seule porte digne de
reproduction, de tous les bains qui soient encore au Kaire. Hammam El-Télat, qui veut dire:
le bain du mardi, est situé à l’entrée du quartier juif. La chaîne de pierre, patiemment
évidée au ciseau dans un tronçon de calcaire, et qui semble pendre du sommet de la frise
comme pour attendre qu’on y suspende la lampe qui se trouve attachée à une petite potence
gauchement appliquée au grillage de la fenêtre, est vraiment originale.
La maison que représente laplanche XXXIX et qui porte lenom de maison du damoiseau,
du petit maître, Beyt-el-Tchéléby, quoique d’un siècle plus moderne, est presque la reproduction
de Beyt El-Emyr.
Plans, Ensembles et Détails. — Nous ayons donné, planches V, VIII, XVII, XXX et
XXXIII, les plans et élévations de cinq mosquées, chacune d’un siècle différent ; en outre,
cinq autres plans figurent dans les petites planches du texte | -ceux de l’atlas appartiennent
aux xu% xiu', xive, xvi° et xvn° siècles ; le premier est celui de la grande mosquée. Ils permettront,
nous n’en doutons pas, de s’assurer de la justessé de notre appréciation, en ce qui
touche, cette question capitale en architecture* surtout après la diffusion de l’erreur accréditée*
que les plans des templès de la Mekke et de Médine, bâtis sur un plan réputé sacré,
avaient servi, et pour toujours,de type obligatoire pour la construction de toutes les mosquées;
nous ne saurions trop insister sur ce point, quelque peu d’intérêt qu’il paraisse offrir aux
nations européennes. Jusqu’à la domination turke, la plus grande diversité a régné dans les
plans de construction des édifices religieux. Les cinq planches qui représentent de si remarquables
spécimens de mosquées en sont une preuve irréfutable.
C’est pourquoi nous avons cru devoir nous appesantir sur le motif qui nous a engagé à
donner la planche XXX, qui représente la mosquée ou Gama Sinanieh. Cette mosquée est