école gratuite, des logements pour les professeurs, les étudiants e t les faquirs
qui récitaient le Qorân su r son tombeau, une fontaine e t un abreuvoir. Près
de la porte du nord, on voyait aussi un pe tit caravansérail pour les voyageurs
qui en tra ien t au Kaire par la route de la mosquée, bien alignée, chose
assez ra re en Orient, ce qui permettait, autrefois, d’y jo u ir d’un coup d’oeil
superbe, en raison de l’affluence du monde qui s’y portait ; tandis qu’aujourd
’hui rien n ’y attire plus la population du Kaire, si ce n ’est le culte des morts,
le jo u r du Baïram.
Nous aurions voulu léver le plan complet de cette mosquée sépulcrale pour
donner une idée des. fondations pieuses attachées à ces tombeaux, mais, comme
l ’édifice tombe en ru in e de toutes p a rts , plusieurs parties s’en trouvaient
murées e t in te rd ite s ; il y a u ra it eu trop de danger à courir sous ces murs
lézardés e t c ro u lan ts , p our n’obtenir encore qu’un ré sulta t vraiment incomplet.
La mosquée collégiale, proprement dite, e st située dans le Soukaryeh, près
de JBeyn-e l-Q a sre in, et fu t bâtie en tre 78/t e t 801 (13 8 2 -1 3 9 8 de l ’ère
chré tienne).
Elle e st édifiée à peu près su r le môme plan que la mosquée sépulcrale et
paraît avoir été bâtie p a r le même architecte, car on remarque su r l ’archivolte
des portes le môme ornement en zigzag.
11 y a dans cette mosquée quatre liwâns; celui du Mihrab est le seul en tre tenu
et forme le maqsourah. Le plafond en est soutenu p a r quatre grosses
colonnes, couronnées de chapiteaux fort grossiers, supportant des arcades
basses et lourdes. Les quatre fenêtrages du fond ont Conservé leurs vitraux et
sont d ’u n bel effet. Les colonnes-piliers du mihrab sont aussi très-grossières ;
enfin, les mosaïques murales sont peu soignées e t les dessins des claveaux
sont enchevêtrés e t à dentelures impossibles. Les mosaïques du pou rto u r de
la niche ou Kiblah, ornées de pâtes vitrifiées e t de nacre, sont ce qu’il y a de
plus remarquable.
La chaire e t le p u p itre sont récents. Le tombeau, qu’on voit sous la. coupole,
est celui des filles du soultan, mortes en bas âge.“
Les gens superstitieux a ccourent ici comme dans les autre s mosquées;
ils y viennent g ra tte r les colonnes du mihrab pour en détacher quelques
parcelles qu ’ils avalent avec de l ’eau, dans l’espoir d ’ê tre guéris de toutes leurs
maladies.
Gama El-Moyed.
847 de l’hégire. — 4414 de l’ère chrétienne.
Cette mosquée fut élevée p a r le soultan El-Mahmoudy, surnommé Malek-
el-Moyed. Elle est située près de la porte in té rieu re dite Bab-el-Zoueyleh, dont
les deux tours latérales ont été utilisées p o u r asseoir les minarets.
Cette mosquée, dont la construction dura trois ans, forme u n c arré d’e n viron
33 mètres (102h) de côté, orné de 96 colonnes, rég u liè rem en t placées su r
deux rangs e t disposées sur les quatre côtés de l ’édifice. L’a rchitecte a profilé
de tous les morceaux antiques qu ’i l a pu réu n ir, de colonnes d ’inégales dimensions,
e t raccordées d’utte manière choquante, de chapiteaux de toutes formes,
de piédestaux e t de bases de toute sorte, enfin de profils qui vont ch erch e r les
colonnes quand les colonnes n’a rriv e n t pas jusqu’à eux.
On est étonné de l ’ineptie e t du mauvais goût des architectes dans ce
désordre régulier ; c a r tout le reste de l’édifice porte, en ses diverses parties,
l ’empreinte du style arabe dans toute sa pureté e t dans toute son élégance.
La cour est plantée de quelques dattiers qui sont d ’un effet très-pittoresque.
Le tombeau du soultan, celui de sa femme, El-Maseykha-Àssyeh, e t ceux
de Ses enfants, Ahmed e t Ibrahym, sont dans la mosquée.. Deux belles citernes,
appelées Sibyl-el-Moyed, s’y voient également.
L’entrée de la mosquée est des plus imposantes; malheureusement to u t
n ’y correspond pas, comme on p o u rra it s’y attendre. La porte de bronze est
formée d ’entrelacs, du m ilieu desquels saillissent des bossages hémisphériques
ou ovoïdes, percés d’arabesques à jo u r. C’est u n p u r chef-d’oeuvre, et c’e st la
plus belle de toutes les portes de ce genre qu’on voit au Kaire, où il y en a
cependant ta n t de remarquables.
L’édifice forme u n carré, orné de chaque côté de péristyles composés de
colonnes de tous galbes, que couronnent des chapiteaux de toutes formes, portan
t des arcades.ogivales surhaussées.
Au milieu du sahn s’élève un hanafiyeh fo rt laid, de style lurk, au to u r duquel
se trouvent des acacias, des palmiers e t des cyprès qui font, de la cour, une
espèce de ja rd in où viennent se reposer tous les oisifs du q u a rtie r; ils demeurent
accroupis» étendus su r le sol ou endormis su r le pavé du liwân.
Le maqsourah est aussi mal entretenu que les autre s parties de l’édifice; il
ne reste plus rien de son pavé de mosaïque. Le premier rang d’arcades est
tombé lors du tremblement de terre et a été remplacé p a r de grossiers piliers