el-Imâm. A notre dernier voyage en Égypte, nous n’avons pu la retrouver. En 1843, elle
était déjà dégradée, comme on le voit ici, et il est probable qu’elle a disparu sous le pic des
Arabes. Un vice assez fréquent dans la construction des murs, où les pierres sont employées
en parement sans liaison avec le blocage, a amené la ruine de cet édifice ; mais les ravages
des hommes ont contribué à le détruire, plus encore que l’action du temps. Cette vue
a été lithographiée, par les soins de M. Girault de Prangey, d’après ses. daguerréotypes.
Le minaret de gauche (n° 2) qui faisait autrefois partie d’un monument sépulcral aujourd’hui
ruiné, se voit dans la grande avenue de Tourab-el-Imâm.
Le minaret de droite (n<> 3) appartient à une petite mosquée située au sud-ouest de la ville,
entre Bab-Touloun et la mosquée intérieure de Qaytbay: elle est appelée, croyons-nous,
Gama-el-Qalmy. Aujourd’hui, les deux minarets subsistent encore, mais la charmante coupole
qui forme le milieu du tableau n’existe plus ; cependant on trouve encore des photographies
qui nous permettent d’affirmer la rigoureuse exactitude de cette planche.
Le dôme et les minarets de la mosquée de Kairbekyeh furent faits par ordre d’un des
mamlouks qui trahirent le dernier soultan d’Égypte, El-Ghoury, lors de la bataille qui livra
le Kaire aux Osmanlis. Quoique comblé d’honneurs par Selym, il n’en fut pas plus heureux ;
honni de toutes parts, il s’éteignit dans la honte et le mépris. Le monument qu’il fit élever
peut être appelé le dernier souffle de l’art arabe.
Quant.au parallèle que nous* espérons faire ressortir de la planche XXY, en comparant
deux époques aussi dissemblables pour l’art arabe que le xve et le xvir» siècle, nous avons
voulu prouver qu’il était de toute évidence que le cerveau qui a conçu ce merveilleux bijou,
qui avait pour nom : Mosquée d’El-Bordayny} a entendu protester et même peut-être réagir
contre cette décadence et cette décrépitude qui a nom : l’Art Turk.
Les motifs qui composent les planches XL, XLI et XL1I, qui offrent une si nombreuse et
si remarquable diversité de dômes, ont tous été tirés des divers tombeaux du cimetière de
Karafeh, au midi et au nord du Kaire. , .
ARCHITECTURE
ORNEMENTATION e t d é c o r a t i o n
( p l a n c h e s x l iy a x l v i i .)
Nous venons de donner l’analyse des quarante-trois planches de l’atlas comprises dans
le premier groupe, mais seulement en ce qui concerne l’architecture proprement dite ou la
construction ; nous sommes donc tenu de rappeler ici que tout ou partie de nos réflexions
sur la décoration et l’ornementation en architecture s’appliqueront autant aux planches du
premier groupe qu’aux quatre planches qui constituent le second.
Les Arabes ayant horreur de la nudité, pourrait-on dire, leurs regards aiment à
rencontrer les caprices de leur imagination représentés à l’état visible ; tout ce qui était à
leur usage : édifices, meubles, armes, vêtements, devant nécessairement en démontrer la
réalisation.
L’application aux édifices de leurs pratiques ornementales présente, dès 1 abord, un
cachet tout particulier; majs, quoiqu’ils fussent obligés par les préceptes du Qorân de
n’aborder que ce qui ne touchait pas à l’homme lui-même, ils n4en couvrirent et surmontèrent
pas moins la pierre et la charpente des pliis merveilleuses conceptions ornementales ;
telle nous apparaît la planche qui représente une partie de la mosquée d’El-Azhar. Il faut
donc se désabuser— quoique ceux-ci voulussent faire vite et que, pour ce motif d impatience,
ils empruntassent de tous côtés des matériaux et des idées|grde cette opinion, que lesMaho-
métans ont fait profession d’ignorance; ils ont eu, au contraire, un nombre incroyable
d’hoinmes éminents, renommés par leur savoir : particulièrement des Arabes et des Persaiis.
« La science décorative la plus pure, dit justement notre regretté ami Adalbert de
Beaumont, le goût le plus exquis, ont brodé, découpé, soutaché, niellé ou ciselé ces entrelacs,
ces fleurs, ces animaux, dont la complication infinie, mais toujours géométrique, met l’esprit
en quête de la loi qui crée ces arabesques merveilleuses. »
Les. Arabes durent faire des efforts'prodigieux d’imagination pour varier la répétition
monotone des caractères alphabétiques, et ils arrivèrent à la rendre monumentale en y ajoutant,
sous la forme d’entrelacements, ces ornements capricieux qu’ils colorèrent ensuite pour
ajouter encore à la décoration.
Dans tous ces édifiées arabes, les ornements sont placés presque toujours avec beaucoup
de goût et de discernement, les plus élevés étant toujours les plus grands et les moins confus.
Cependant il y a une différence notable, avons-nous déjà dit, entre les arabesques
sculptées sur pierre et celles sculptées sur plâtre.
Appelons l’attention, à ce propos', sur l’einploi des Claüstra : c’est un genre de clôtures
gii de claire-voies qu’on ne rencontre plus aujourd’hui dans les édifices musulmans. Us
étaient réservés dans la pierre, taillés et sculptés sur des dessins différents; ils ont généralement
neuf centimètres d’épaisseur et présentent dans leur unité de décoration une variété
qui ne choque pas l’oeil, tant l’ensemble apparaît symétrique à première vue.
Mosquée d'Ahmed-ibn-Touloun (pi; XLIV). -— Nous avons voulu, en donnant les
détails d’ornementation" ^contenus dans la planche XLIV, bien préciser lè^point de
départ connu dans ce genre de travaux. Ils démontrent qu’au ix® siècle (m® siècle de
l’hégire), les édifices religieux arabes étaient déjà l’objet de recherches minutieuses d’ornementation
; nous regrettons de ne pas les avoir numérotés pour les mieux faire reconnaître.
Us sont sculptés en plâtre, sans poncif routinier, et étaient disséminés dans diverses parties
de la vaste mosquée d’Ahmed-ibn-Touloun. Ce sont bien des spécimens de l’art arabe dans
une forme complètement originale. On peutdire que rien, au ixe siècle, ne ressemblait à
cette ornementation; on sent même que c’est une oeuvre sui generis, à laquelle peu
d’autres ont ressemblé, à partir de cette époque.
Ces ornements, très-simples, du reste, décoraient d’une façon variée* principalement