Il lit ménager dans son palais une large baie de la grand
e u r d ’une porte e t y fit peindre ses armoiries. Dans la vie de
■ce Soultan par Nowairi, o n l ï f : « Il donna à ses troupes un
drapeau orné de ses àrmoiriesi »
Une aigle ¿1 deux têtes formait les armoiries de l’émir
Bedz-el-Din-el-Dahery, El-Saady, El-Ehemsy, généralissime.
Qalaoûn p o rta it un canard (les armes parlantes) : Qalaoûn •
veut d ire canard en mongol. On en voit gravés dans lés arabesques
qui o rn e n t toute sa vaisselle, Ou celle de son fils et de
ses descendants.
Qaytbay avait deux crosses e t deux choulettes. Ce prince
avait é té probablement Djoukendar (officier chargé de porte r
la raque tte avec laquelle le soultan poussait la balle au jeu de
mail à cheval)'. , ‘
Ak-Sonkor avait un gérfaut blanc (armes parlantes).
L’émir Abd-el-Rahmân Kyahya portait un a rb re dans son
écusson qu’on voit sculpté aârdessus d’une porte qu’il fit con-
s ira iré .
Le renk d ’un au tre soultan se composait d’un cercle blanc,
coupé p a r une fasce verte, su r laquelle était une épée de couleu
r rouge (^’argent à la fasce de sinople, chargée d ’une épée
de gueules, contournée d ’or). Ce renk était très-gracieux e t les
femmes, même les co u rtisan es, se plaisaient à le tatouer sur
leurs poignets.
Le renk de l’émir Salâr, m amlouk e t lieutenant d ’El-Nâcer
Mohanlmed-ben-Qàlàoûn, était blanc e t noir.
Ces marques;distinctives, ces renks ou armoiries * étaient
presque toujours données par le soultan affranchissant un de
ses mamlouks et, généralement, elles se rapportaient au nom
ou aux fonctions dé l'esclave libéré ou affranchi : ainsi le
Selahdar ou porte-épée-prenait un sabre, l ’échanson, une coupe
ou d’autre s de sémMabIes;%mbdles, et leurs renks le constataient.
Lorsque le soultan Meïek-el-Saleh-Ayoub choisit son m amlouk
Ibek pour dégustateur ou Djâchengir, il lui conféra le
titre d’émir e t lui donna p our armoiries la figure d ’une petite
table.
Les janissaires plaçaient leu r Nichan (symbole) e t leu r
renk su r les boutiques e t le s cafés qui leu r ap p arten aien t ou
qu ’ils fréq u en ta ien t1. , ï ,
Nous trouvons aussi dans les noms et surnoms des soul-
tans l’emploi non équivoque des armes p a rlan te s; en voici un
certain nombre :
Qanbalak, âme.d’acier.
Semm-el-Arab, le poison des Arabes,
Ou Semm-el-Mout, le poison mortel.
Qalaoûnx canard.
Barqouq, prune.
Dans la composition des noms d’émirs en tra it souvent le
mot Sonkoi'j qui désigne, avons-nous dit, le gerfaut; c’é ta it sans
doute par analogie, car le gerfaut est b ien l ’émir des oiseaux.
Ak Sonkor, sonkor ou gerfaut blanc.
Sonkor vischkàr, sonkor roux.
Kara. Sonkor^ sonkor noir.
Vernir claeh, qui signifie la p ie rre d ’aimant ou de fer (demir
— ou timour -^¿yeut dire fer, en lürk).
Barsabay, panthère royale.
Les armoiries arabes né sont pas soumises aux lois d’un
code régulier, c a r il n ’y avait rien de fixe, d’assuré, d ’hé réd itaire
; chaque.soultan, chaque émir adoptait ou recevait un
signe, que son fils n ’était pas tenu de conserver e t changeait à
volonté. C’était l ’emblématique, le blason des temps anciens,
que l’on confond; trop souvent avec le blason héraldique, né
en Europe, longtemps après.
Aussi, de même que les armoiries les plus; anciennes, les
renks ou renouk étaient-ils toujours formés d’images, ayant
rap p o rt à la v ie , aux sentiments et quelquefois â la profession
de celui qui les adoptait. Ils rappellent, tout à la fois,
comme les badges anglais avec/lesquels ils offrent beaucoup
d ’analogie, nos différentes devises, soit â allusion, soit commémoratives,
soif- historiques. Dans tout l’Orient, les figures
sont fort limitées; les partitions a rbitraires, les couleurs et les
4. Voir Quatremère, Histoire des soullans mamlouks, t. II.