allons faire connaître quel degré- de -perfection avait a tte in t l’a rt de la verrerie
émaillée, chez les Arabes d ’Égypte aux xiy° et xv° siècles, p a r une - description
des deux lampes émaillées que nous avons rep ro d u ites; l’une provenant de la
mosquée du soultan Barqouq, l’au tre du tombeau du'sèülCan El-Melek-él-
Achraf.
Coupe de Charlemagne.. — Ce spécimen de la v e rre rie émaillée chez les
Arabes, au ixe siècle, appartient aujourd’hui ait musée de la ville de Chartres.
Ce n’est rien moins que l e ;hanap du grand empereur Charlemagne.
Ce hanap e st de v e rre assez épais ; su r le limbe sont des caractères arabes,
rouge e t or, qui signifient t Gloire éternelle, vie longue e t saine, honneur
durable e t b onheur parfait. » Au-dessus de cette inscription, on voit des émaux
blancs et b le u s , incrustés dans la pâte. .Ces points sont encadrés de filets d’or.
Le support, qui ressemble beaucoup à celui d ’un calice, est doré d’or éteint.
Ce curieux vase, qui est évidemment du m eilleur temps de la fabrique arabe,
fut envoyé en présent, dit-on, avec beaucoup d’autres objets, au grand monarque
d ’Occident par le khalife Harouiû-él-Rachyd ; l’empereür Charlemagne le’
donna à l ’abbaye de la Madeleine de Châteaudun, abbaye qu’il avait fondée êt
qu ’il protégeait.
Lampe de verre émaillé de la mosquée du soultan Barqouq. (Pl. GXLIII.)— Cette
belle lampe, lithographiéè grandeur d’exécution, a figuré à l ’Exposition universelle
de Paris, en 1867, où elle a fait 1’a dm ira Îô n de tous' lès connaisseurs.' Elle,
offre, en effet, u n des plus beaux spécimens de l’habileté et du goût dès Arabës'
dans ce genre d ’industrie où nul ne les a surpassés.'
La forme de ces grandes lampes de ve rre , qui o rn en t la p lu p a rt des mès-
quées royales, varie peu e t rappelle le galbe dès va'sôs què les Grecà, avons-
nous dit, appelaient Kalpè; le nom arabe nous p a ra ît être Betnieh : Makrizÿ
emploie ce mot pour désigner un vase de v e rre suspendu au mihrab des Compagnons
du Prophète, dans la mosquée de Damas, quoique au Kaire, p o u r les
raisons mentionnées plus h aut, on les nomme vulgairement Qandyl Qalaoûny. '
Sur toute sa surface extérieure, cette lampe est couverte d’inscriptions et
d’arabesques en émail bleu ou rouge mêlé d’or. Le po u rto u r du goulot est garni
d’un e bande su r laquellé oii lit, en gros caractères, les premières phrases de ce
verset du XXVIe chapitre du Qorân : « Dieu est la lumière 'dèà ciéux e t de la
te rre , etc. » verset qui Sè trouve toujours plus ou moins complet su r la p lupa rt
des lampes émaillées. Cette bande est coupée p a r qu a tre médaillons dorés qui
portent les titres d’un soultan, e t fixent ainsi la daté dë ce beau vase’.
Quatre soultans ont porté les surnoms de Melek-el-Daher Abou-Sâïd, noms
qu ’on lit sû r les bandes dont nous venons de p a rle r ; ce sont : Abou-Saïd Bellay
e t Abou-Saïd Témir-Bogbâ, mamlouks circassiëns, prédécesseurs de Qaylbay,
qui ne rég n è ren t que quelques mois, de l à 67 à l à 68; puis Qansou II, surnommé
Abou-Saïd e t installé sous- le nom de Mëlëk-el-Dahër, en 90à (1498) .
La lampe qui nous occupé nous paraît, p a r son beau style, remonter un siècle p lus
h au t et avoir été fabriquée p a r ordre d u soultan1 Barqouq, surnommé El-Melek-
el^Daher Abou-Saïd, et avoir orné sa belle mosquée, bâtie en 1382.
Lampe de verre émaillé du tombeau du soultan El-Melek-el-Àchraf Ynûl1. — Cette
lampe est décorée de grahds médaillons que partagé, dans leu r partie supérieure,
u n ornement d-uii goût exquis. Ces médaillons reproduisent les armoiries du
soultan Ynâl, qui se blasonnent coinme su it : « De gueules > à la fasce d’or,
chargée d’un badelaire ou cimeterre de sabre, pommeté, contourné et virolé
de sinople. v»j -
! En outre, une inscription coiivre toute la panse de la lampe ; elle se traduit
ainsi : « Fait p a r le très-noble e t très-illustre seigneur Ynâl-el-Youçoufy s.
Cet admirable spécimen de la v e rre rie émaillée d ’Égypte devait appartenir au
tombeau du soultànYnâl, mort en 865 (I/16I) ,; après h u it années de règne. Ce tombeau.;
l’unique monument qu’on connaisse de ce prince est l’un des plus vastes
et des plus magnifiques de la nécropole située au nord-est du Kaire ; on en a
malheureusement changé la destination : Ibrahym-Pacha en a fait u n magasin à
poudre e t l ’entrée en est interdite au public.
Les quelques ^caractères de cés deux lampes, qui paraissent blancs aujourd’h
u i, ont été jadis dorés, mais le mauvais fixatif employé p a r les Arabes n ’a
pas permis que l’or y re s tâ t fixé.
Quant au dessin des arabesqiiés, il semble avoir été tra c é en or éteint,
tandis que les portions destinées à faire valoir ce métal a u ra ien t été dorées et
les autres partiés'émaillées en bleu, rouge, vert, jaune et blan c ; mais les plus
délicates paraissent avoir été peintes en rouge su r ol*j l’usure du temps aura it
donc enlevé l’or, excépté cependant là où il était p réservé p a r l ’émail. :
DAMAS Q U IN E R IE .
Les Arabes excellaient dans cet a r t; ils savaient fabriquer ces vases de laiton
ou de métal :d’alliage, couverts d’ornements si finement gravés e t chargés d ’in-
1. 857 'deY hégita — 4 433 (te fê re ' cK^étiènnli11'
r. . 2. El-Y o u ço ÿ fy , c’est-à-dire ancienesclav.o de Youçouf..