Comme toutes choses en Orient, l ’a rt n ’y. change pas rapidement, e t il y e st
bien plus difficile qu’en Europe de fixer la date approximative d ’un édifice.
Il y a une porte, celle d ’une mosquée dans la principale ru e de la ville, qui
a souvent embarrassé les théoriciens e t dont on n ’a pu se ren d re compte que
p a r cette supposition qu’un architecte gothique l ’avait construite au Kaire. Son
histoire, telle que la donne Makrizy, e st très-laborieuse, elle témoigne de la
fidélité de: l’écrivain, démontre la manière dont fu ren t érigés les édifices e t présente
un exemple de l’adoption directe du style gothique* La porte en question
est formée d’un groupe de colonnes e t elle est probablement du Normand de
transition ou de l’un des styles, ses parents.
Yoici la description de l ’historien :
« Le médresseh El-Naceriyeh est adjacent au Qoubbet-el-Mansourieh du côté
oriental, c’est-à-dire nord-est. Il a été commencé p a r El-Melek-el-Àdel Zeynab-
el-Dyn Ketboghâ et il s’éleva jusquà environ la hau teu r de la bordure dorée
extérieur ; il fut alors déposé. El-Melek-el-Nâcer Mohammed-ben-Qalaoûn
donna l ’ordre de le terminer en l’an 698 e t il le fut en l’an 703. C’est l ’un des
plus beaux édifices d’El-Kahirah et la porte est l ’une des plus admirables
oeuvres qui soient sorties des mains de l’homme, car elle est de marbre blanc,
d ’un style nouveau e t d’un travail achevé ; elle a été transportée à El-Kahirah
de la ville d’Akka (Saint-Jean d’Acre), car El-Melek-el-Achraf Khalil-ben-Qa-
laoûn, quand il s’empara de force d ’Akka, en l’an 609, ordonna à l ’émir Alem-
el-Dyn Sangar-el-Chougay de démolir les murs e t de dé tru ire les églises. Il
trouva cette porte à l’entrée d’une des églises d ’Akka ; elle était de marbre et
ses bases, ses jambages e t ses colonnes é taient reliés (groupés) „ensemble. Il
transporta le tout à El-Kahirah. »
Le résultat de cette recherche su r l’origine e t les progrès de l’a rt arabe est
très-simple. Il résout la question de savoir si les Arabes n ’ont possédé qu’un
a rt indigène des plus grossiers. Nation sémitique anti-artistique, ils ont soumis
des pays abondant en restes de styles en ru in e , et ont employé les artisans de
ces pays à bâ tir leurs mosquées e t leurs palais ; ils. ont adopté d’ab o rdT an c ien
a rt e t plus tard ont greffé plusieurs de ses, tra its su r u n nouveau style à eux.
Les premiers édifices arabes é taient su rto u t byzantins, et ce style a toujours
continué à exercer une grande influence ; mais b ientôt une influence plus fortement
orientale s’y ajouta, ainsi q u ’à l ’a rt arabe à demi formé qui commençait à
s’élever. C’était l ’influence persane ou sassanide et on doit, pensons-nous, lui a ttrib
u er beaucoup de l ’élégance de l’a rt arabe et un e grande partie de son o rn e mentation.
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