Bey à la mosquée Abou-Dahab qu’il faisait b â tir à proximité de Gama El-Azhar.
Chaque page est entourée d ’un cadre d ’a rab esq u e s. coloriée? différetpmeut, et
offre de charmants spécimens à qui sait voir et profiter.
Il y a fort peu d’autres livres arabes qui soient enluminés. La littérature
légère é ta it fort re s tre in te , il se .trouvait très-peu d’imagiers,, e t les. livres, qui
a u ra ien t gagné beaucoup à ê tre illustrés, restaient dénués d’images p a r le scrupule
de certains auteurs ou p a r suite d u manque d’artistes.
Nous avons eu un instant l’intention de puiser d a n s . des motifs de
planches d ’un livre de m agie a rabe, orné de nombreuses e t magnifiques vignettes
e t rep ré sen tan t des sujets de démonologie musulmane ; mais nous avons préféré
rep ro d u ire quelques peintures du livre célèbre appelé Les séances de llariry
(pl. CLXXVII à CLXXX).
Hariry était un croyant entièrement arabe, poète musulman de Saroudj,
petite ville de Mésopotamie, aux environs, d? H a rra n ; il a é crit u n recueil de
Melmmat ou séances, c’est-à-dire une longue suite (Tanéedotes dont le héros est
u n aventurier que son e sp rit e t ses connaissances .devaient placer au rang des
hommes supérieurs. C’ést un livre instruc tif-et amusant, que les Oulémas du
Kaire rega rdent comme u n spécimen du génie e t de la langue arabes. Parmi un
grand nombre d’exemplaires de c e t ouvrage, il s’en trouve plusieurs qui sont
illustré s, mais ces peintures sont généralement l ’oeuvre d ’artistes étrangers.
Deux exemplaires de cet ouvrage illustré se trouvent à Paris : l'un, à la
Bibliothèque nationale, l’au tre dans la collection dés M. .Schefer. Ayant e u c g
d e rn ie r à n o tr e disposition, nous en avons fait copier quelques, peintures. Après
u n long examen, nous nous sommes aperçu qu ’il avait été écrit et illustré au
Kaire, en 6 3 i de l’hégire (1236 de;,P è r e , chrétienne),. p a r un nommé Xahia-el-
■Wassetty, probablement u n Persan, qui s’é ta it fixé dans la capitale de 1 Egypte.
Toutes ces images portent, en effet, dans leu r faire, .le cachet de 1 Adgem.
Les peintures y sont tracées à la hâte, .quelques-unes sont supérieurem ent
composées mt ha rd im en t dessinées, ta n d is . que d ’autres sont timidement
cherchées. Les têtes et les mains sont mal faites, e t toujours dans le sentiment
e t le style pe rsans; les plis des étoffes sont méticuleusement rangés e t dessinés
comme de la moire. Quant aux animaux ils so n tb ien tra ité s, mais les végétaux
y sont dessinés' d ’une façon fantastique; quoique toujours ornés d ’une manière
charmante. Quelques têtes sont n imbées, non p our le u r donner de l’importance,
mais uniquement, croÿons-nous, p o u rd e s mieux détacher de la confusion qui
les entoure. Enfin, le frontispice (pl. CLXXVII) présente un splendide enca drement,
formé de rinceaux au milieu desquels on remarque des animaux n a tu -
rëls ou fantastiques, toujours parfaitement agencés. Nous avons inte rrom p u cette
reproduction aussitôt que nous avons eu la certitude que nous avions affaire
à une oeuvre persane e t non à des peintures arabes. *
' Les vêtements fournissent aussi de précieux renseignements su r l ’orne-
mèntàtion des tissus à cette époque. On voit que les fabricants simulaient déjà
des caractères koufiques, que nous ne voulions pas admettre su r les étoffes
orientales. Certains tissus, qu’à cause de cela nous repoussions comme les
oeuvres des chrétiens ou de contrefacteurs, p ourraient bien ê tre authentiques.
MIRO illS ET COFFRETS.
Les Arabes ont fait longtemps usage de miroirs en métal e t n ’ont cessé d ’en
fabriquer qu’à l’époque où le commerce des Vénitiens avec les Échelles du
Levant a répandu p a rtout les glaces étamées.
Aucun écrivain ne nous a laissé de renseignements su r ces miroirs métalliques.
Ils se composaient probablement, comme ceux des Chinois avec lesquels
les Arabes e u re n t beaucoup de rapports, d ’un alliage de cuivre, d ’étain, de zinc
e t de plomb. On polissait la surface avec soin, puis on y appliquait u n amalgame
de mè rcu re , afin sans doute d’en boucher tous les pores. La qualité de
ces miroirs, ou leu r puissance de réflection, dépendait de l ’homogénéité de
l’alliage, du fini, du polissage e t su rto u t du temps plus ou moins long pendant
lequel on lustra it la surface.
Les miroirs arabes, qui nous sont parvenus, ont perdu au jo u rd ’hui presque
toute leu r puissance, et sont bien inférieurs à ceux des anciens Égyptiens.
Ces miroirs sont généralement assez p e tits ; ils p o rten t toujours au revers
un sujet en bas-relief, entouré d ’une légende en caractères koufiques. Quel que
soit le sujet qu’il représente, de simples arabesques, u n chasseur à cheval le
faucon su r le poing et l’once ou le guépart en c roupe , quelques figures symboliques
pu des cercles zoophoriques, la légende est toujours à peu près la même :
c’est invariablement des souhaits de gloire, de prospérité e t de longue vie au
possesseur. Ces légendes étaient faites p a r les fabricants, de façon à convenir à
tous les acheteurs.
Un rebord exté rieur,’ en saillie, servait à g a ra n tirle s bas-reliefs e t des étuis
de peau, garnis de velours ou d’étoffes de soie;, étaient destinés à les contenir.
Au centre se trouvait généralement un petit hémisphère percé d ’un trou, dans
lequel tournait une simple bélière, ou u n anneau dans lequel on passait l’index
pour tenir le m iro ir; parfois ils avaient un manche au lieu d’anneau.
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