de ce qu’on observe dans les édifices arabes subsistant encore aujourd’hui. Le
monument prouve qu’au vi® siècle de l ’hégire (au xn e siècle de l’ère vulgaire),
l ’architecture arabe avait un style grandiose qui a disparu sous les Ayoubites,
successeurs de Salah-el-Din, e t sous les soultans mamlouks, bien que ces
princes a ient élevé des édifices hardis et souvent sacrifié à la magnificence.
Si l’on pouvait comparer le Divan de Joseph à d’autres monuments, ce
serait, p our le goût seulement et la sévérité des styles, à la porte de Bab-el-Nasr
et peu t-ê tre aussi à la mosquée d ’El-Hakem. Les arcades sont à plein cintre dans
les deux monuments. Par l’origine, les colonnes nous paraissent venir d ’Alexand
rie où l ’on en voit encore plusieurs centaines dans le p o rt dù fleuve.
Le château du Kaire e st divisé en deux parties : la pa rtie haute, l ’enceinte
ou la ville des janissaires, Souz-el-Enkichâryeh, élevée d ’environ 106 mètres
au-dessus du Nil (à rë tia g e ), et la partie basse ou celle des Arabes, Souz-el-
Azab, divisée elle-même en deux enceintes. La première partie est tout à fait
isolée e t renferme une grande tour dite Kharuch-Goülleh et la tour des janissaires,
la 'p lu s forte d e là citadelle. Le puits de Joseph est lui-même dans une
enceinte particulière.
On monte à l ’enceinte des janissaires p a r deux chemins escarpés, taillés
dans le rocher. L’u n à l’ouest, commence à la porte Bab-el-Azab, su r la place
du château El-Roumelyeh ; cette porte est flanquée de deux grosses tours très-
imposantes, peintes de bandes blanches et rouges. L’autre chemin est au nord-
ouest, formant une ru e extérieure, Sekket-el-Karafeh, où sont pratiqués des
gradins. Ces deux chemins aboutissent à la porte Bab-el-Moudafa flanquée de
deux tours, au milieu d’une courtine que te rm inent dieux autres tours.
Un troisième chemin, aussi taillé dans.le roc, conduit à la porte sud du
château, où était l’ancien palais du pacha; il débouche sur la grande place ou
hippodrome de Qaza-Meydan où s’exerçaient les mamlouks.
On remarqué encore un e au tre porte, Bab-eÎ-Ouestanheh, à laquelle on
a rriv a it p a r une rampe, et toutes les tours rondes ou carrées aù nombre de
trente-deux. Outre les quatre portes extérieures et la grande porte des jan is saires,
El-Moudafa, on comptait cinq portés in té rie u re s ; mais le plan a été
tellement modifié par de récents travaux, qu’il nous faut renvoyer le lecteur
au grand ouvrage de l ’expédition française.
CHAPITRE VII
ARCHITECTURE RELIGIEUSE
DESCRIPTION GÉNÉRALE D’UNE MOSQUÉE. — MONUMENTS RELIGIEUX
DESCRIPTIQNÿ.GÉNÉRALE ü ’ UNE MOSQUÉE.
Il est nécessaire, pour bien comprendre cet essai su r l ’archite cture arabe
du Kaire, qui se résume presque tout entière dans l ’architecture religieuse,
d’avoir une idée nette e t précise de la disposition générale des édifices consacrés
au culte musulmari.
La m osquée n ’est pas un temple où habite u n Dieu, c’est une maison de priè re
e t d e contemplation, où les hommes se rassemblent pour ad o re r le Dieu unique et
universel. Ce q u ’on appelle culte n ’existe pas dans la religion musulmane.
Mahomet a prêché à des peuplades barbares, chez qui le culte cachait le Dieu.
Les rites sont simples : une fête annuelle, des ablutions et la p riè re aux cinq
divisions dû jo u r, voilà tout. Point d’au tre dogme que la croyance en u n Dieu
créateur e t rém u n é ra teu r; les images sont supprimées de p eu r qu ’elles ne
tentent la faible imagination humaine, e t ne convertissent le souvenir en coupable
adoration.
L’enceinte appelée mosquée, — de Medjed, lieu de Vadoration> en arabe
Djâmij — n’a point de forme déterminée p a r la loi religieuse. Elle p eu t être
carrée, b a rlongue, octogonale ou ronde, couverte ou à ciel ouvert (sub die),
avec ou sans portiques. On en trouve., au Kaire, de toutes les formes e t souvent
de fort irrégulières. Les plus anciennes p résentent généralement u n c a rré orné
de portiques su r les quatre faces; celles de l’époque suivante dessinent une
croix latine, enfin, celles élevées sous la domination tu rk e sont souvent rondes
comme le dôme de Sainte-Sophie. La seule condition requise p a r la loi est