ce prince mourut, au moment où il était en présence des Francs, dans les
environs de Mansourah, le 15 de schâban 647 (1249 de J.-G.).
Schagiar-el-Dorr, craignant d ’encourager les Francs, cacha la mort du
prince ju sq u ’à ce qu ’elle eût fait venir de Hisn-Keifa Melik-Moaddam Tou-
ran-Ghàh, fils de Saleh. Elle avait fait transporter le 'corps du défunt, de Mansourah
au château de Roudah, situé vis-à-yis de la ville de Masr, où il fut
déposé dans un des bâtiments dont se composait ce palais.
Touran-Châh arrivé, on enleva le corps du soultan, su r lequel on fit la
p riè re immédiatement après l’office du vendredi. Les soldats é taient tous
vêtus de blanc, e t les mamlouks avaient coupé leurs cheveux.
Les obsèques de ce prin c e eu ren t lieu pendant la nuit. On fit fermer les
marchés du Kaire et de Fostat, la pompe funèbre fut célébrée entre les deux
châteaux au son des tambours de basque, e t l ’on plaça près du tombeau les
drapeaux, emblèmes de la royauté, le coffre du prince, son arc et son carquois.
Gaina El-Daher.
. 665 jde l’hégire. ,^-:'1266 de l’ère,_chrétienne.
(PLANCHE VII I .) •
Gama-Tel-Laher (extra muros) fut loâtie par ordre du soul tan Beybars.
Ruinée à l ’époque de l’expédition française* elle fut transformée en forteresse
e t on lui donna le nom du général Shulkowski, l’une des victimes de l’insurre
c tion du Kaire.
Son plan diffère de celui des autres mosquées, car il ne présente que deux
nefs, du côté de la Kiblah, et le reste de l ’enceinte, qui est à peu près carrée
(59 mètres su r 56)., forme une vaste cour. En résumé, l ’ensemble a plutôt
l ’aspect, aujourd’hui, d ’un caravansérail que d ’une mosquée.
La principale porte d’entrée est ouverte dans un massif c arré qui supportait,
croyons-nous, l’unique minaret de1 ce remarquable édifice.
La mosquée de Daher1 fut bâtie, dit Makrizy, dans le quartier appelé
El-Houceinyeh, su r le te rra in du.Meydan de Qarâqouch, champ de courses et
manège où le soultan El-Melek-el-Daher Rokn-el-Din Beybars El-Bondoqdary
allait souvent, avec ses émirs, se liv re r au jeu de la paume à cheval. L’emplacement
de la mosquée ayant été délimité, le reste de ce vaste terrain fut destiné
1. Nous pensons qu’elle a été appelée, à l’origine, Djama-el-Afieh.
aux ouaqfs nécessaires à l’entretien de cet édifice. Le soultan décida que la p orte
p rincipale s erait semblable à celle d u médresseh Daheryeh, collège qu’il venait
de faire construire entre les deux palais, e t qu’il y aura it au-dessus du mihrab
u ne coupole semblable à celle de l’iman Chafey. On expédia des ordres dans
toutes les provinces p our faire venir des colonnes, des dalles de ma rbre e t des
bois pour la construction des portes e t des plafonds. La p lu p a rt de ces matériaux
furent dus à la destruction du château de Jaffa. La mosquée fut entièrement
terminée en 667 (126S|V; d’autres historiens disent en 668.
Le dessin publié dans le grand ouvrage de l’expédition française est très-
inexact e t donne une idée fort incomplète de ce beau monument. Il y avait à
l’est six nefs] forméés, en partie, p a r des piliers carrés, ornés de colonnettes
aux angles e t en partie p a r des colonnes de m a rb re ; les arcades portées p a r ces
dernières é taient plus minces. A l’ouest, il y avait deux nefs dont le premier
rang d’arcades é ta it supporté, p a r des p ilie rs ; le second, dont on ne voit
plus que les attaches, était probablement soutenu p a r des colonnes, puisqu’il
avait des arcades plus minces. Il y avait certainement, au nord et au sud, de
chaque côté de la cour, une galerie ou u n e a rc atu re soutenue p a r des p ilie rs ou
des colonnes, afin que l ’in té rieu r p résentât une c ertaine symétrie. On en
a retrouvé e t l ’on en retrouve encore des indices incontestables qui légitimera
ien t la restauration du plan dans ce sens r en effet, les nombreuses colonnes
qui soutenaient ces arcades ont été retrouvées dans la cour, e t enlevées pour
o rn e r Qasr-el-Nil.
La pa rtie médiane (le maqsourah), qu’on rema rque dans le mousallâ, était
composée de h u it gros piliers ornés aux angles de colonnes de ma rbre blanc;
le c arré qu’ils délimitaient formait u n espace vide, car on ne voit aucune
retombée d’arcade; cet espace devait ê tre recouvert d’une coupole, celle que
le soultan avait ordonné de faire d’après le dôme d e l ’iman Chafey.
Le vestibule qui précédait ce sanctuaire avait des arcades soutenues par
des piliers ou des colonnes ; quant au mihrab, il ne reste presque plus rien de
sa décoration, excepté toutefois une frise sculptée, fort dé té rio ré e , de bois de
sycomore.
Toutes les fenêtres sont en ogives, fermées jadis, tant à l’in té rieu r qu ’à
l’extérieur, p a r des claires-voies de plâ tre p résentant alternativement des entrelacs
géométriques e t des arabesques; cependant les fenêtres du mousallâ
avaient, à l ’intérieur, un large bandeau formé d’une inscription koufique,
courant autour de chaque fenêtre et venant se poser su r une frise d ’arabesques
qui régnait seulement dans toute, cette partie de la mosquée.