tée ici : « Quand un é ta t se compose de Bedavoi, dit Ebn-Khaldoun, il a besoin de
gens d’autre s pays pour construire. >i Et c’est ainsi qu’il advint que El-Walid,
fils d’Abd-el-Melek, envoya auprès du roi des Grecs l ’empereur de Coristanti-
nople, afin de lui demander assistance pour b â tir la mosquée de Jérusalem, la
propre mosquée à Damas e t deux lieux sacrés en Arabie ; il d emandait donc des
ouvriers e t des mosaïques1.
L’historien de Médine, El-Samhoodée, donne la relation suivante de ¡cette
reconstruction de la mosquée du Prophète : « Quand El-Walid se proposa de re b
â tir la mosquée, il écrivit au ro i des Grecs pour l’informer de son intention
et de son besoin d’ouvriers et de matériaux pour les mosaïques. Là-dessus le
roi lui envoya des charges de ces matériaux et environ vingt ou tren te ouvriers,
quelques-uns disent dix e t d’autres quarante grecs e t quarante coptes2. Quand
El-Walid vint en pèlerinage à Médine e t qu ’il vit la mosquée, il s’écria : « Quelle
différence en tre notre mosquée e t la vôtre ! » Abou répondit : «Nous avons bâti
à la façon des mosquées e t vous avez b âti à la façon des églises. » Le contraste
en tre l’édifice bâti p a r El-Walid en Syrie e t la m osquée bâtie à Médine démontre
que les coptes et les grecs y construisirent u n édifice très-différent de la construction
byzantine d’El-Walid à Damas, e t signale le commencement de l’adapr
talion de matériaux étrangers p o u r former u n nouveau style. En même temps
nous avons la p reuve, p a r la mention des mosaïques8, qu’on suivait à u n certain
degré le style de décoration byzantin et que les ouvriers apportaient, dans le
principe, leu r a rt étranger.
Les conquérants musulmans de l’Égypte arrivaient dans; un pays rempli
d’églises e t d e . co u v e rts , qui pouvaient ê tre convertis en mosquées, et
4. Fsefysa, ■qui s’écrit aussi Fesfesa, signifie.suivant les Lexicographes la môme, chp^è ..que Kharaz,
'c'est-à-dire des petits morceaux de pierre et de vèiTè ’ cbloré,1 réunis et places sur la siirfacê des murs'de
manière à ressembler à de la peinture, fabriqués; ou employés par les habitants de la Syrie,'(Voyez Quatre-
môro : Notices ot e x tra its, p. 439 et,632, et son Histoire des Mamlouks; du Sultan, vol. 2, partie Ire,
page 266.) C’est sans aucun doute la mosaïque de verre si bien connue des Byzantins. Les Fsefysa fprent
employés en Arabie peu de iemps.avant l’époque d’Él-Walid, !déjà cité; Abraham, roi usurpateur de l’Yémeri,
en obtint de Conslantinople pour une magnifique église qu’il bâtit dans la capitale.Sana. (537-570 de l’ère chrér
tienne). Ce fait et la mention du navire portant du marbre .dans la relation.de la reconstruction do la Kàabah,
par Kusé, prouvent à quelle source les anciens Arabes puisèrent leur architecture, et démontrent combien fut
lente la formation- d’un style national avant là conquête des musulmans.
2. Ces chiffres sont empruntés à différents ouvragés, c’est un des caractères de l’esprit sémitique d’altérer
les chiffres et lés dates.
3. Cet emploi de mosaïques byzantines est deux fois, ptentionné-par Ebn-Khaldoun et plusieurs-fois par
El-Sumoudy, ¡qui dit aussi que, vers la môme époque, |^mipsquéç-;4^ Koufrli fui rebâtie et décorée de inènie
par les gouverneurs de Médine sous El-Walid. ,
qui allaient bien certainement leu r offrir des modèles d’a rch ite ctu re à
imiter.
Après la défaite des Coptes p a r El-Mâmoun, vers l’an 216 de l’hégire, les
musulmans convertirent u n grand nombre d ’églises chrétiennes en,mosquées,
en faisant du portail la niche p our la d irection de la prière. Dans la première
moitié du ix° siècle, nous voyons Makrizy énumérer 125 églises e t 83 couvents,
y compris ceux de l ’Oasis et du désert o rien ta l; autant dans Masr-el-A.tiqah et
dans la contrée supérieure, outre u n grand nombre en ruine . Il p a ra ît, d ’après
lé récit de l’historien, qu ’anciennement les fondations chrétiennes, en Egypte,
étaient très-nombreuses e t florissantes, mais que, dans u n temps, grâce aux
sévères persécutions des musulmans, elles étaient tombées dans une trè s-triste
condition et qu ’un grand nombre avaient même péri. L’état actuel de ces édifices
forme un sujet curieux d ’investigation, qui donnerait sans doute d’in té ressants
résultats archéologiques e t historiques.
Il n’a pas dû manquer de constructeurs et d ’a rtisans coptes e t les musulmans
n ’ont pu éviter le transfert de nombreux tra its de l ’a rt chrétien su r leurs
propres édifices. L’influencé des Coptes su r les Égyptiens est visible de b ien des
manières: ils emploient le calendrier copte comme le leu r, et les mois e t les
saisons coptes le u r sont familiers; ils célèbrent plusieurs des fêtes des Coptes
et leu r charme habituel contre les mauvais génies, dans les salles de bain,
q u ’on suppose toujours hantées p a r eux, est le signe de la croix, placé à l’entrée.
Si les Arabes ont emprunté le u r a rt aux Byzantins, aux Perses ou aux
T artares, ils ont emprunté également celui des Coptes. Celte hypothèse
expliquera e t fera comprendre bien des traits difficiles de le u r a rt ; il est
d’autant plus certain que la main-d’oeuvre soignée des Coptes a été mise en
réquisition p a r leurs conquérants, que les Arabes n ’ont jamais b rillé p a r le soin
e t la fidélité de leu r travail.
L’influence de Byzance su r l ’a rt des Arabes ne s au rait ê tre mis en doute.
Elle se traduisit d ’abord p a r l ’emploi d ire c t des ouvriers byzantins et, plus
tard, p a r l’adaptation graduelle dé .certaines parties de le u r architecture à un
nouveau style. Mais, d ’où les Grecs de l’empire d ’Orient tirèren t-ils certains traits
de leu r a rt, e t spécialement ceux adoptés p a r les Arabes? Celte question ju sq u ’à
présent n’est pas encore résolue. Il est probable que l’influence de la Perse a
agi su r eux avant d ’agir su r les Arabes, e t que les caractères précités étaient
d’origine persane* de même que cette influence a agi plus ta rd plus puissamment
su r les Arabes. Les seules personnes au Kaire qui puissent aujourd’hui
exécuter le travail d’enroulement des anciennes arabesques, sont des tailleurs
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