Rien n ’est mieux conçu que la distribution de ces okkels où chaque m a rchand
a ses magasins et son appartement séparés, le tout sous une même clef
e t confié à la garde d’un p o rtier. Sur les quatre côtés de la cour, règne une
galerie-péristyle donnant entrée aux divers magasins; au-dessus de chacun de
ces magasins, sont deux étages d ’appartements avec u n grand balcon to u t autour.
Il existe de ces okkels p our les marchands de tous les pays.
C’e st d u mot arabe Okhaleh (lieu de dépôt ou de confiance), mot qui s e rt à
désigner en Egypte des édifices fermés et divisés en chambre et en magasins
où l’on reçoit des marchands, que les Francs ont fait celui d'Okhel généralement
adopté p o u r désigner ces établissements.
Les marchands étrangers e t les voyageurs trouvent à y louer des locaux
où l’on ne voit que les quatre murs, mais la simplicité du mobilier arabe p ermet
de les meubler e t de les habiter en quelques instants. Un tapis et des coussins
su r lesquels on je tte une couverture p o u r coucher, les ustensiles de cuisine les
plus indispensables.pour p rép a re r u n modeste repas, suffisent à des gens qui se
contentent de peu.
Les magasins et les boutiques occupent le rez-de-chaussée ; les boutiques,
généralement sans aucun luxe, sont closes exactement comme elles 1 é taient au
vie siècle, dans plusieurs de nos provinces : deux grands volets horizontaux fe rment
to u te la surface ouverte de la boutique, le volet supérieur se relève e t forme
u n auvent su r lequel on h t souvent une pieuse sentence qui sert en quelque
sorte d’enseigne; le volet in fé rieu r s’abat pour servir de comptoir ou de divan,
selon le commerce.
Plusieurs soultans ont fait bâ tir au Kaire des okkels avec une magnificence
remarquable ; celui qui a été élevé par ordre de Qaytbay, dans le q u a rtie r d El-
Gouryeh, est l’un des plus beaux. Tous les okkels de l ’Égypte sont à peu près
distribués de la même man iè re ; la simplicité des plans e t de la d istribution ne
n u it pas à la régularité. On n ’y trouve pas le désordre e t l ’irrégularité qui
existent dans les plans des maisons modernes de l’Egypte.
Les khans étaient souvent construits avec luxe. El-Daher Beybars, fit bâtir,
en 661 (1262), u n khan auquel il donna pour entrée une porte d’un palais désignée
sous le nom de Bab-el-Id3 la porte de la fête.
Enfin le mot Caravansérail (de Kirwan3 marchand, e t Saraï3 palais ou habitation)
est employé, en Turquie e t en Perse, pour désigner des édifices du
même genre que les précédents, mais généralement situés en dehors des villes.
La mosquée sépulcrale du soultan Barqouq contenait, près de 1 entrée, u n
abreuvoir e t un caravansérail où les voyageurs trouvaient un asile p our les
bêtes de somme e t les chameaux. Le plus beau caravansérail qui existait aux
environs du Kaire se trouve près du lac des Pèlerins, su r la route de Suez.
BAINS PU B L IC S .
Nous dirons quelques mots des bains publics, Hammam.t qui, é tant de première
nécessité en Égypte, y sont d’une élégance et d ’un confort particuliers.
Jadis les soultans e t les princes, tels qu ’Ahmed-ibn-Touloun, Beybars, etc.,
faisaient bâ tir un c ertain nombre de bains publics; mais, depuis la domination
ottomane, ces bains sont construits p a r de simples
particuliers qui en tiren t des moyens d ’existence,
e t très-peu de ces établissements sont rem a rquables.
On cite p articulièrement : Hammam Qeyçoun,
Hammam El-Djedid (le nouveau) ,iHammam El-
Cambaleh qui e st très-grand è itrè s -b e a u , Ham-
mam-Yesbak qui e st aussi fort gran d , e t une
quantité d ’autres assez remarquables. Nous devons
aussi mentionner Hammam El-Moyed, attenant à
la mosquée d ’El-Moyed e t dû au prince portant
ce nom ; nous donnons (fig. 16) le plan de cet
édifice.
Les bains publics d’Égypte passent pour les
plus b e a u x , les plus commodes et les mieux disposés
de tout l’Orient. Abd-el-Latif, dans sa des- ' Fig- l0*
cription de l ’Égypte, en fait un grand éloge; il affirme que l ’on avait coutume,
pour conserver la chaleur, de verser su r le foyer une grande quantité de sel,
procédé qui ne paraît plus en usage aujourd’hui.
PAiLAIS e t m a i s o n s d e p l a i s a n c e .
Chaque soultan faisait bâ tir un palais à son usage, ou du moins le faisait
a rra n g e r à sa guise et lu i donnait u n nouveau nom, d’après ses titres ou d’après
quelque événement important de sa vie.
Le soultan Qalaoûn en fit élever un, avec u n Thayarah3 espèce de belvédère,
d ’où le reg a rd allait au loin chercher les limites du Kaire.
Sous le soultan Beybars, en 672 de l ’hégire, le siège du soultanat, à la