gion A l’ancienne tradition, e t du patriarche, ancêtre des Arabes, e t de sa célèbre
p ie rre noire.
Au vu* s iè c le , la trib u de Thaqy é ta it encore id o lâ tre , d’autres tribus
é ta ien t sabéennes, adorant le soleil comme les Hémyarites, la lu n e , comme la
tribu de Kenârieh, les plan è tes, comme celles de Lakham, de Djédam e t des
Assadites, les étoiles fixes, comme les Beny-Mysam, les Tays e t les Beny-Qays;
enfin d’au tre s, mais en plus pe tit n om b re , professaient soit le christianisme,
soit le judaïsme, comme les B eny-Nadyr e t les Beny-Khaybar.
Mahomet, réunissant tous ces rites dans u n seul faisceau et embellissant
cet ensemble de sa brillante imagination, si riche, si chaude, si lu x u rian te , les
raconta avec son rhythme sonore (le Qorân est, on le sait, é crit dans le dialecte
le plus p u r de tous les dialectes a r a b e s )® - il promit à des tribus brûlées p a r le
soleil les bains odorants, les beaux vergers, les fraîches cascades ; à des hommes
vivant d’une poignée de riz , à des tempéraments de feu, il fit e spérer des tables
somptueuses e t des légions de houris comme ia te rre n ’en porte pas; puis il
parsema son oeuvre d’hymnes graves, recueillis, sublimes, intelligibles à tous,
simples e t cadencés, nobles e t p én é tran ts; aucune langue, aucun culte n ’a de
p riè re s plus belles à la Divinité ; le génie arabe y est tout e n tie r, avec ses
formes brusques, ses phrases h e u rté e s, ses pensées sentencieuses, courtes et
jetées sans liaison comme des apophthegmes ; il s’y reflète plein de métaphores,
d’exagérations, de redondances avec son étrange c o lo ris , en un mot prodiguant
tous ses défauts e t toutes ses qualités.
Ce poème conçu, Mahomet se mit à p rê ch er sa doctrine et il eu t bien vite
fanatisé u n groupe de catéchumènes : aussi son succès lu i a t t i r a - t - i l des
h a in e s , même dans sa propre trib u et il fut chassé de la Mekke p a r les
Koreyschites.
Réfugié à Médine, il décréta une nouvelle ère , qu’il nomma Hégire, du mot
arabe Hedjerah (fuite). Ce fut le vendredi 16 juillet 622 de Jésus-Christ.
Rentré dans la Mekke aux cris d’une foule enthousiaste, il fut reconnu chef
p a r to u t l’Hedjâz, conquit l ’Yémen, enfin menaça la Perse e t la Syrie avec une
poignée de braves ; il commençait ainsi la grande conquête, lorsqu’il mourut
l’an 11 de l’hégire (632 de l’ère chrétienne),, empoisonné à Médine p a r une de
ses femmes, une juive, dans la soixante-troisième année de son âge.
A la m ort du prophète, son beau-père Abou-Beker lui succéda e t p rit le
titre de lieutenant de l ’apôtre de Dieu (Khalifeh-Recoul-Aliah); c’était constater
une supériorité hiérarchique e t maintenir le chef de l ’islamisme dans cette
sphère idéale qui commandait une obéissance sans contrôle.
Le peuple lui donna un au tre surnom, il l ’appela El-Sadyq (le ju s te ). Son
règne fut court, mais il affermit glorieusement les conquêtes du chef de la
religion; ses armées entamèrent le te rrito ire persan, en trè re n t dans le coeur
de la Syrie et plantèrent l ’étendard du Croissant su r les murs de Gazzah.
Omar, fils de Kittab, monta su r le trône à la mort d ’Abou-Beker; il p rit le nom
plus humble encore de lieutenant du lieutenant du Prophète (khalifeh-khalifeh-
Recoul-Àllah), suivant en ce point la politique déjà tracée par son prédécesseur ;
mais ses soldats remplacèrent celte p ériphrase par la qualification de prince des
fidèles (Emyr-eL-Moumenyl), qui fut depuis affectée aux khalifes.
Sous ce khalife, l ’antique famille des Sassanides d isp aru t du trône persan.
La Syrie jusqu’à la mer fut soumise à son to u r; Jérusalem, la sainte, abandonnée
par Héraclius, ouvrit ses portes au vainqueur e t l’église de la Résurrection
devint une mosquée.
Les plaines de l’Égypte é taient là verdoyantes à deux pas de légions
enthousiasmées : Omar les leu r indiqua; conduites p a r Àmr-ben-el-Aas, elles
se précipitèrent su r ce sol privilégié e t su r les tré so rs , bien plus précieux
encore, des arts accumulés depuis ta n t de siècles, dans ces régions merveilleuses
que le glaive des Césars avait lui-même épargnées, lors du pillage
réglementé de l’univers.
Le prestige de ce colosse antique était tel qu’il fit h é siter u n in s tan t le
maître d’Amr; l’armée s’était mise en marche. Omar la fit suivre p a r un
messager : Amr, lorsqu’il re çu t l ’envoyé e t la le ttre dont il était porteur,
était déjà parvenu à l’entrée du d é se rt; craignant un contre-ordre, il feignit
par respect vouloir attendre au lendemain l’heure sacrée de la p riè re de
l’a u ro re ; puis, dans l ’intervalle, il fit marcher ses troupes toute la nuit. Son
armée atteignit enfin El-Aryeh, le p rem ie r village du te rrito ire égyptien, au
lever du soleil; Amr alors, baisant le pli e t le p o rtan t à son front, ouvrit la le ttre
d’Omar, elle était conçue en ces termes : .
« Au nom du Dieu clément e t miséricordieux! De la p a rt du khalife
Omar-ben-Kittab à Amr-ben-el-Aas, que le salut et la b énédiction du Très-Haut
soient sur lui !
« Lorsque cet écrit te parviendra, si tu te trouves encore su r les terres
de la Syrie, ne poursuis pas ta marche vers l’Egypte; s’il ne te parvient au
contraire que lorsque tu auras atteint les frontières de l ’Égypte continue d ’aller
en avant à la grâce de Dieu. »
Où sommes-nous, d it Amr? — A El-Aryeh qui fait partie de l ’Égypte, répondiren
t tous les chefs musulmans. — En avant donc, à la grâce de Dieu, dit